Marco Decorpeliada, l’homme aux schizomètres
26
AVRI2019
18h00

Marco Decorpeliada, l’homme aux schizomètres

Terminé !

Le MuCEM (musée des Civilisations de l'Europe et de la Méditerranée)

7 Promenade Robert Laffont 13002 Marseille

Conférence-performance

Avec Marcel Bénabou (historien, écrivain et membre de l’OuLiPo), Baptiste Brun (maître de conférences en histoire de l’art), Dominique de Liège (psychanalyste), Yan Pélissier (psychanalyste), Olivier Vidal (maître de conférences en sciences de gestion)
Modérateur : Jean-Luc Deschamps
 Schizomètre est le nom d’une révolte, celle de Marco Decorpeliada (1947-2006) contre les diagnostics. Épinglé par ceux du DSM (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux), bible de la psychiatrie moderne, il découvre que « 20.2 Schizophrénie, type catatonique continue », correspond à « 20.2 Crevettes entières roses cuites » dans le catalogue Surgelés Picard ! Soulagé par cette découverte, il va inscrire son entreprise de réplique sur des mètres et il va répertorier les manques de la classification DSM sur des portes de congélateurs. Dégivrant avec art une psychiatrie surgelée, il montre aussi les limites de tout systématisme.

S’il est très vite épinglé du côté de l’Art Brut, ses créations s’y dérobent pourtant et, pas moins qu’en psychiatrie, mettent sens dessus dessous les catégories en usage dans le champ de l’art. Alors, les schizomètres, outils pour déclassifier, voire pour clarifier ? Pour répondre à cette question, les meilleurs spécialistes de la vie et de l’œuvre de Marco Decorpeliada débattront de ce génie méconnu et de son impact sur la pensée contemporaine.

Marco Decorpeliada

Marco Decorpeliada est né en 1947 à Tanger au Maroc. Son père, fils d’émigrés italiens et géomètre de formation, y avait repris l’entreprise familiale de travaux publics. En 1975, à la mort du père, Marco Decorpeliada suit sa mère et ses deux sœurs en France, chez les grands-parents maternels à Ozoir-la-Ferrière en Seine-et-Marne. Après quelques années, il tente de reprendre des études de médecine entamées au Maroc, puis il les interrompt brusquement pour voyager. Pendant presque dix ans il va sillonner le monde. On sait qu’il est passé à Belém au Brésil, à Quito et aux Galápagos. On le retrouve à Pontianak (Bornéo), à Singapour, puis dans le sud des Maldives. Toujours plus à l’ouest, il franchit la frontière éthiopo-somalienne à Beled Weyne, continue vers Mongalia au sud du Soudan, puis Bangui et Port Harcourt. Revenu en France en 1995, il apprend le décès de sa mère. Commence alors une période d’errance, pendant laquelle il est hospitalisé dans plusieurs grands hôpitaux psychiatriques, la Timone à Marseille, le Vinatier à Lyon et Maison-Blanche en région parisienne. Il cherchera chaque fois avec acharnement à obtenir les diagnostics dont il a été l’objet.
Début 2004, il rencontre le Dr Sven Legrand qui l’encourage dans ses premiers bricolages, tout en le poussant à fréquenter des expositions, d’art brut en particulier. Il s’engage alors dans la production d’une série d’œuvres singulières. En novembre 2006 il disparaît près de Leticia, en Amazonie colombienne, lors d’un accident d’avion.

Jean-Luc Deschamps

Jean-Luc Deschamps est enseignant d’anglais à l’université Paris Diderot. Il est responsable d’un cycle de conférences en milieu carcéral. Il se forme comme comédien et metteur en scène au conservatoire de Vincennes. Après avoir découvert l’exposition « Schizomètres » avec Jean-Michel Ribes, il a cédé à sa demande de réunir les personnes les plus à même de présenter le travail de Marco Decorpeliada dans toutes ses dimensions : poétique, comique, scientifique, polémique et politique. Pour monter la conférence-performance Marco Decorpeliada, l’homme aux schizomètres, il s’est alors entouré des personnes suivantes.

Marcel Bénabou

Marcel Bénabou, écrivain et historien de l’Antiquité, est depuis près de cinquante ans le secrétaire définitivement provisoire et provisoirement définitif de l’OuLiPo. Archiviste de l’infini, comme un ouvrage l’a récemment défini, c’est en assumant que la littérature est un art d’accommoder les restes qu’il a écrit les meilleurs de ses livres, aux titres délicieusement parodiques et retors, comme Pourquoi je n’ai écrit aucun de mes livres ou Jette ce livre avant qu’il soit trop tard. Le hasard a voulu que son cousin ait été hospitalisé dans le même service psychiatrique que Marco Decorpeliada.

Baptiste Brun

Baptiste Brun est maître de conférences en histoire de l’art à l’université Rennes 2. Ses recherches portent sur l’Art Brut, et les liens qu’il partage avec l’art contemporain. À la croisée des masques papous, des urinoirs, des cornes gravées par des bergers de Camargue, des boîtes de soupe et des broderies réalisées tant par des fous que par des personnes dites « saines », il cherche à mieux comprendre les processus de catégorisations à l’œuvre dans les mondes de l’art. Il a découvert le travail de Marco Decorpeliada en visitant « Schizomètres » à la Maison rouge. Cette œuvre a bouleversé sa pratique d’historien de l’art.

Dominique de Liège

Dominique de Liège est psychanalyste. Avec Vocalise chez Gallimard, puis avec des nouvelles qui font la part belle au mensonge, 18 histoires d’une menteuse, et Autopsie d’un mensonge, Dominique de Liège reste toujours la même, une brodeuse de mots. Broder, c’est d’ailleurs ce qu’elle a fait avec les textes à contrainte de Perec, mis en œuvres au point de croix selon un code couleurs. Elle affectionne particulièrement une maxime de Hans Bellmer : « Ce qui n’est pas confirmé par le hasard n’a aucune validité. » Le hasard a voulu qu’elle soit au lycée avec la sœur de Marco Decorpeliada.

Yan Pélissier

Yan Pélissier est psychanalyste. Avec Marcel Bénabou, Laurent Cornaz et Dominique de Liège, il a collecté et mis en liste 789 néologismes de Jacques Lacan. Auteur de plusieurs articles sur Raymond Roussel et Louis Wolfson, il a contribué à faire jouer une adaptation de ce dernier, Ma mère musicienne est morte… avec Marcial Di Fonzo Bo à Paris et à Cordoba en Argentine. Il travaillait avec le Dr Sven Legrand, le psychiatre de Marco Decorpeliada, quand celui-ci lui a présenté les objets de ce dernier. Cette découverte a bouleversé sa pratique de psychanalyste.

Olivier Vidal

Olivier Vidal est maître de conférences en sciences de gestion au CNAM. Ses travaux portent sur les limites de l’information comptable et leur manipulation, ce que certains appellent la « comptabilité créative ». La découverte du travail de Marco Decorpeliada, lors de l’exposition à la Maison rouge, lui inspire une réflexion sur les similitudes entre le processus de création des normes comptables et celui des classifications des troubles psychiatriques. Perpétuant le geste de Marco Decorpeliada, il construit une table des correspondances entre le DSM et le Plan comptable général qui met en lumière de troublantes révélations.

Le descriptif est fourni par l'organisateur de l'événement. Il n'a pas été rédigé par le Tarpin Bien.
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