Nous souhaitons aujourd’hui un très joyeux anniversaire à Chill aka Akhenaton, en rappelant que c’est lui qui a contribué avec IAM à placer Marseille sur la carte du rap. Nous lui devons beaucoup de hits comme le Mia, Petit Frère, J’ai pas de face, etc. AKH a produit tellement de classiques que j’ai un peu changé la règle et pour une fois je vais vous présenter 5 morceaux méconnus d’Akhenaton (parfois en groupe avec IAM) que les fans les plus hardcore connaîtront sûrement mais qui seront je l’espère une belle découverte pour les autres ! Et vu que je m’affranchi des règles je vais pousser le bouchon encore plus loin et mettre non pas 5, mais 7 morceaux tel un punk ! Et sans avoir peur des conséquences.
Donne-moi le micro
En 1993, la même année que le Mia sort un EP d’IAM intitulé Donne-moi le Micro dont le premier morceau éponyme est assez représentatif de ce qui a fait le succès et la renommée d’IAM. AKH et Shurik’n s’évadent d’un hôpital psychiatrique pour chanter dans tous les micros qu’ils trouvent, le métro, un McDo, un jouet d’enfant et les studios de télévision. Ce morceau où ils interagissent en se donnant la parole l’un et l’autre en mettant l’accent sur l’humour d’une situation est typique des morceaux d’IAM tels que Harley Davidson ou Elle donne son corps avant son nom. Ils reste culte pour les fans de la première heure.
Je suis peut-être
Sorti sur le premier album solo d’AKH, Je suis peut-être reste dans l’humour et présente une forme particulière d’égotrip axée sur l’autodérision. AKH rassemble toutes les vannes qu’il reçoit sur son physique avant de conclure chaque couplet par « Mais putain qu’est-ce que je tue sur le micro ! ». C’est une forme que l’on retrouvera pas mal dans le rap ensuite, l’exemple le plus célèbre étant la finale d’Eminem dans 8 Mile. La boucle de guitare samplée sonne très « tzigane » même si elle est empruntée à Jorge Ben, un chanteur populaire brésilien. Le ton « acoustique » du morceau est quelque chose d’assez rare à l’époque dans le rap.
Le théorème d’Archimerde (version originale)
En 2001, les fans d’AKH ont découvert le morceau Le théorème d’Archimerde sur le maxi AKH.K. Or, la version originale de ce morceau avait été enregistrée en 1995 lors de l’enregistrement de l’album Métèque et Mat. Bien plus sérieux que les précédents cités, ce morceau recèle tout le talent d’AKH pour l’écriture, les rimes et les allitérations. Le flow et l’énergie sont bruts d’époque, si il était sorti sur Métèque et Mat, je pense qu’il serait aujourd’hui un classique de l’univers IAM.
Bad Boys version sauvage
Tout le monde connaît les Bad boys de Marseille qui fut l’un des plus gros hits d’Akhenaton et du rap dans les années 90. Cette version que tout le monde connaît est en fait la partie 2. La partie 1 étant la version qui était sur l’album Métèque et Mat. Mais sur le maxi Bad boys de Marseille sorti en 1996 figurait une version moins connue et pourtant excellente, la version « sauvage ». L’instru est étonnante, planante. Les membres de la FF sont toujours très bons et Bruizza rappe en anglais et lâche au milieu de ses punch « Drink a little pastis, smoke a lot of trees », ça nous fait plaisir. Mais on retiendra surtout les premier et dernier couplets d’Akhenaton qui sont magistraux ! D’ailleurs Akh les joue en concert sur l’instrumentale des Bad boys part 2.
Sale Argot
Sur La mixtape officielle d’IAM sortie en 2007 on trouve ce morceau à l’instru guerrière dont le but est de rendre hommage à l’argot et aux langages de la rue. Le morceau est bon mais c’est le troisième couplet que l’on retient : Akh a voulu faire « quelque chose pour les vrais, un truc terrible, un truc qui tue ». Et ce couplet est intégralement en louchebem, l’argot des bouchers. C’est d’ailleurs plus un langage crypté qu’un argot véritable qui permit aux bouchers parisiens du XIXe siècle de communiquer entre eux sans être compris des clients (pour mieux les plumer disent les mauvaises langues) comme l’argot des brigands dont le louchebem s’inspire permit aux détenus de communiquer sans être compris par les surveillants.
La construction du louchebem est relativement simple, il faut remplacer la première lettre du mot par un « l » puis mettre cette dernière lettre à la fin du mot en y rajoutant un suffixe comme « oc », « uche », « ic » ou « em » le plus souvent. Par exemple, « boucher » en louchebem devient « louchebem » 😊. Quelques mots de louchebem sont passés dans l’argot courant comme « loufoque » par exemple, « loucedé » ou « à loilpé ».
Cela donne ce couplet étonnant dans lequel on peut décrypter certains mots et dont vous trouverez facilement une traduction intégrale sur le net.
Le Style de la mouette
Lors de la tournée de L’école du Micro d’argent en 1997, IAM a joué quelques inédits composés spécialement pour la scène. C’est le cas du Style de la mouette qui n’a pas connu d’enregistrement studio mais que l’on retrouve sur le live aux pyramides de Gizeh. Pourtant le morceau est excellent, dans le plus pur style d’IAM, plein d’énergie et de métaphores. Akh dans le flow et le texte est au sommet de son art avec une série d’assonances bien senties et efficaces.
Le Marécage
Un peu de contexte : Bambi Cruz est d’abord un danseur qui a pas mal travaillé avec MC Solaar dans les années 90. Poussé par ce dernier, il se lance dans le rap avec un album nommé Ouvre les yeux dont le single éponyme a connu un petit succès. Souvenez-vous : « Je t’emmène en voyage sur un nuage, ouvre les yeux ». Ce n’était pas très bien écrit et pas très bien rappé non plus, très en retard sur ce qui se faisait et se préparait en rap à la fin des années 90. Toujours est-il que par copinage – et après tout l’amitié ne se discute pas – c’est Akhenaton qui produit cet album dans lequel on retrouve Le marécage, un morceau collégial avec Akhenaton, Shurik’n, Faf Larage, Freeman et Bambi Cruz donc. Si peu de gens connaissent le morceau c’est à mon avis parce que personne n’a dépassé le premier couplet, très moyen pour le dire gentiment de Bambi Cruz. Il contraste d’ailleurs très fort avec le deuxième, signé Shurik’n qui donne l’impression de passer instantanément du District à la Ligue des Champions. Le troisième couplet signé AKH est tranchant, énergique et efficace avec ce flow si caractéristique qui a contribué à son succès. Le titre est très réussi et il mérite d’être redécouvert aujourd’hui en passant ou en rigolant sur le 1er couplet de Bambi Cruz.