Monument emblématique du centre-ville de Marseille, l’opéra de Marseille a même donné son nom au quartier qui l’entoure. Avec son architecture pour le moins remarquable l’opéra n’a pas fini d’émerveiller ceux qui passent devant au détour d’une promenade urbaine ! Nous vous proposons aujourd’hui de remonter le temps pour découvrir son histoire qui débute en 1685.
Les prémices de l’opéra à Marseille
Le premier théâtre d’opéra de Marseille a été inauguré en 1685 à l’initiative du compositeur Pierre Gaultier. Celui-ci obtient du compositeur Lully l’autorisation de posséder un théâtre. Marseille est la première ville de province à posséder un tel établissement. Cependant, l’ouverture de cet opéra contraignait Pierre Gaultier à verser une redevance excessivement chère qui le ruina.
La légende raconte cependant que certains grands artistes ont eu le temps de s’y produire comme l’actrice Mademoiselle de Maupin (de son vrai nom Julie d’Aubigny) qui s’y serait produit à la fin des années 1680.
Les années du Grand Théâtre
Dans les années 1780, la Ville de Marseille va à nouveau se doter d’un opéra. Elle devient ainsi la seconde ville de province après Bordeaux à disposer d’un véritable opéra. Le Grand Théâtre est construit à l’emplacement de l’opéra actuel (en plein centre-ville, non loin du Vieux-Port). Il a été construit entre 1786 et 1787 selon les plans de l’architecte Joachim Bénard. Cependant, c’est un chantier colossal que l’architecte ne peut pas réaliser tout seul. Il s’entoure de l’architecte Henri Ebrard et des sculpteurs Bourdelle, Sartorio et Etchaker.
Le bâtiment est inauguré le 31 octobre 1787. Le premier spectacle est donné par la troupe personnelle de l’intendant de Provence : Charles-Juste de Beauvau.
Très vite, l’opéra devient un élément important dans la culture populaire Marseillaise. En effet, les spectacles qui s’y jouent ne sont pas réservés aux élites de la société mais se veulent accessibles à tous. De plus, la situation géographique de la ville est également un bon point pour le développement de l’opéra à Marseille. La ville a été très marquée par les influences italiennes et certains spectacles tels que La Norma de Vincenzo Bellini et Le Trouvère de Giuseppe Verdi sont même joués à Marseille avant de se produire à Paris.
Le 13 novembre 1919, le Grand Théâtre est détruit par un incendie. Cet incendie se déclare pendant la répétition du spectacle « l’Africaine » de Giacomo Meyerbeer. La quasi-totalité du bâtiment est détruite à l’exception de la colonnade de la façade principale, de l’ancienne salle de spectacle et d’une grande frise d’Antoine Bourdelle qui encadre la scène.
L’opéra actuel : de sa reconstruction jusqu’à nos jours
En 1920, la ville de Marseille choisit de redonner à l’opéra ses lettres de noblesse. C’est l’architecte Gaston Castel qui prend la direction des travaux. Le nouvel opéra sera inauguré le 3 décembre 1924 par Siméon Flaissières, maire de Marseille à l’époque. Le spectacle proposé ce jour-là est Sigurd d’Ernest Reyer.
A partir de 1945, l’opéra de Marseille est géré par la ville de Marseille en association avec le théâtre de l’Odéon. C’est aujourd’hui un opéra traditionnel qui accueille des artistes et des spectacles du monde entier et dont la renommée est internationale. Chaque saison, l’opéra de Marseille présente une dizaine d’ouvrages et une quarantaine de représentations. L’audience de ces spectacles est très large et dépasse le public Marseillais. Certains viennent même de Paris pour assister à un spectacle ! Certains spectacles sont même obligés de refuser du monde car tous les sièges sont complets.
L’opéra de Marseille intègre à la fois des œuvres lyriques du grand répertoire et des œuvres peu connues voire même méconnues à sa programmation.
Les caractéristiques de l’opéra de Marseille
L’extérieur de l’opéra
L’ancien péristyle extérieur (une galerie de colonnes) qui est un des vestiges du Grand Théâtre est enchâssé dans la nouvelle façade. Cette façade est surplombée d’un attique (la partie supérieure d’un monument qui vient le couronner) où sont réalisés quatre bas-reliefs représentant Aphrodite, Apollon, Pallas et Dionysos. Ces bas reliefs sont l’œuvre d’Antoine Sartorio. Enfin, au sommet de la façade, on peut lire l’inscription : “L’Art reçoit la Beauté d’Aphrodite, le Rythme d’Apollon, l’Équilibre de Pallas et doit à Dionysos le mouvement et la vie. »
L’entrée de l’opéra est entourée de grilles noires sur lesquelles sont représentées des fruits, des étoiles de mer et d’autres formes variées évoquant le thème de la musique et de la danse.
L’intérieur de l’opéra
L’aspect intérieur du bâtiment a été construit dans un style art déco. La première salle où passe le public est un vestibule. Au centre se trouve la billetterie réalisée en chêne. De part et d’autre de la pièce sont installés deux escaliers qui donnent accès au Grand Foyer, une salle de réception décorée avec du marbre et de trois scènes peintes de la légende d’Orphée.
La Grande salle de spectacle est composée de 1823 places. Elle se compose d’un orchestre situé au niveau de la scène, de deux balcons (situés au premier et deuxième étage) et d’un immense amphithéâtre au troisième étage.
La scène est le seul élément empruntant à l’architecture classique de l’intérieur de l’opéra. Elle est construite à l’italienne donc légèrement inclinée vers le public. C’est l’une des dernières scènes d’opéra à avoir été construite de cette façon.