Exposition « Estampes » Hugo Villaspasa et Jonathan Paul

Hugo Villaspasa

Hugo Villaspasa vit en hautes couleurs. Il nous invite à pénétrer un univers singulier, où la répétition devient rituel, et la forme, une empreinte sensible. À la manière de Claude Viallat, son œuvre se bâtit lentement, patiemment, à partir de matrices qui impulsent, orientent, laissent surgir la perspective insufflée par l’artiste.

Dans cette mécanique de la répétition, l’image revient, inlassablement. Mais loin d’une redite, chaque reprise révèle une émotion neuve, un déplacement subtil de la pensée ou du geste.

Après avoir travaillé plusieurs années la couleur noire, celle-ci s’efface définitivement de ses peintures et de ses estampes, pour laisser place à une nouvelle symbiose.

Jonathan Paul

Construire, détruire et reconstruire, tel est le processus créatif que Jonathan adopte au cœur de sa recherche artistique, notamment dans ses travaux picturaux et d’estampes. À travers une interprétation ludique de sa pensée, son œuvre se retrouve sur le papier, millimétrée, décuplée et retravaillée.

Au-delà de la symbolique créée par le travail, c’est la récurrence des patterns qui fascine l’artiste. Tout l’intérêt de l’œuvre se trouve dans la proposition d’une image nouvelle, développée par d’autres images existantes. Elle permet ainsi à une expression de venir à elle, tout comme au spectateur, dans le but d’être réinterprétée à l’infini.

La forme, dans le travail de Jonathan, prend son sens dans l’existence de la contre-forme. Tout est jeu et la place du hasard a tout son rôle à jouer dans le contrôle absolu. L’écriture est spontanée mais réfléchie, le trait est léger mais raisonné, l’œuvre est gestuelle et chronométrée.

L’exposition : « ESTAMPES »

« On écrit pas avec des lettres, on écrit avec des formes ».

C’est au sein de l’atelier « Les Animals » de Joël Ramos que se retrouvent Hugo et Jonathan pour la première fois. Ce lieu réunit des amis autour d’un travail artistique, en partie né entre ses murs. La mise en abîme d’une création voulue, faite et réalisée ensemble. Les estampes présentées, médium de prédilection des deux artistes s’offrent à nous dans un univers intime et sensible.

Autour de cette idée, s’entrelacent les œuvres d’Hugo et Jonathan, deux artistes liés par une amitié profonde et une envie sincère de créer ensemble. Leur complicité artistique prend racine aux Beaux-Arts, et s’épanouit en 2015 entre Paris et Lille, au fil des lettres échangées, de dessins partagés. Laissant à l’autre le soin de prolonger le geste, de répondre par la forme plutôt que par les mots. Chacun reprenait le fil de l’autre, dans un échange sensible, où le dialogue perdure. C’est ce petit livre qui est exposé aux côtés de leurs œuvres.

Leur travail en duo est un jeu à deux voix où la palette devient terrain d’exploration et d’improvisation. Ensemble, mais séparément ils bâtissent un univers sensible, du même point de départ : avoir une matrice et reproduire la même forme.

Chaque forme, chaque couleur est le fruit d’un échange vivant. Leur art est ludique, non pas dans la légèreté, mais dans le plaisir sincère de faire surgir quelque chose à deux.

Comprendre leur filiation, c’est reconnaître l’histoire d’une collaboration authentique, chacun s’inspirant de l’autre, où les gestes se répondent dans une même énergie créatrice. Ce n’est pas seulement un lieu, des œuvres partagées : c’est une amitié créatrice rendue visible par la peinture.

– Alice Clisson