Telle une estrangère digne de porter ce sobriquet, il me faut avouer avoir consacré de longues journées estivales à la recherche du spot idéal pour ne plus paraître toute blanquinas. C’est ainsi que je me suis retrouvée dans l’archipel du Frioul, à arpenter les îles de Pomègues et Ratonneau, armée de mon masque de plongée, d’un tuba et de palmes.
Alors que la navette accoste, j’observe avec curiosité la lignée de bâtiments colorés qui me fait face. Ratonneau serait-elle une île habitée ? Ma foi, je n’y avais jamais songé. Je range l’idée dans mon palais mental, pour ma future retraite (qui sait, peut-être un jour…), et décide de ne pas suivre la foule ni les panneaux moules/frites. Je compte bien me rendre à la plage mais d’abord, un peu d’exploration.
Tandis que je déambule le long du port de plaisance, dont les pensionnaires semblent aussi disciplinés qu’un bataillon, j’observe les paysages lunaires qui s’offrent à moi avec une certaine fascination. Un gabian qui passe par là m’explique alors qu’au 19ème siècle, les îles ont souffert d’une déforestation en raison de la construction d’un chantier naval sur Marseille. Difficile aujourd’hui, d’imaginer ce grilladou boisé…
Je poursuis ma route dans les hauteurs, et me retrouve coincée par le vide. On dirait que j’ai raté l’embranchement qui mène à la plage Ste Estève. Ça m’apprendra à me prendre pour Dora. Un second gabian me souffle que je devrais plutôt aller faire un tour du côté de « l’Hôpital du Vent ».
Je suis ses indications et, après avoir croisé le Fort de Ratonneau et ses airs de vieux cimetière indien, me retrouve face à un ensemble de bâtiments absolument incroyables. Je n’ai pas le droit d’y pénétrer car l’Hôpital Caroline ne se visite qu’en de rares occasions -comme lors des journées du patrimoine- mais heureusement, Gabin le gabian me sert d’yeux. Il me raconte les différents pavillons qui s’articulent autour des deux cours et de la chapelle centrale, ainsi qu’un peu d’histoire. Imaginé au 19ème siècle par l’architecte Penchaud, le lieu avait pour objectif de permettre une circulation optimale de l’air, afin d’éliminer l’air corrompu par les maladies. Pas étonnant que Gabin l’affectionne autant. Avec tous ces courants d’air, c’est un peu son skatepark à lui.
« Dommage qu’il n’ait jamais vraiment servi aux souffrants, me dit-il avant de me glisser à l’oreille un secret. Il paraît que dans les années trente, on pouvait y croiser en escale quelques adeptes du naturisme. Parole. »*
Aussi épatée par le savoir de mon compagnon que par la beauté de cette architecture, je médite ces informations quelques instants avant de me remettre en route. J’en oublie même la plage. Ma découverte me pousse à aller explorer Pomègues, qui recèle peut-être elle aussi de trésors.
De retour au port de Ratonneau, je croise l’immense hangar désaffecté qui le borde. Je m’interroge sur la possibilité d’y tourner un film d’horreur quand surgit devant moi Barnabé (le vieil oncle de Gabin), me filant une frousse terrible :
– Hé petiote, encore perdue ?
– Non, mon humble ami. L’aventure m’appelant, j’ai simplement changé de cap.**
– Ah jeunesse ! Allez vé, suis-moi. Je vais tout t’espliquer !
À suivre…
*Gabin ne mentait pas : http://lazaret-caroline.fr/annees-30-une-escale-naturiste-sur-le-site-caroline/
**Ok, c’est pour le style. Je ne parle pas vraiment comme ça dans la vie.
Crédit photo : Laure PRIGNET et Mathias PUJADE
Tu me fais découvrir, par tes articles, des îles que je ne connais pas. Il va falloir que je remédie à ces lacunes. Bravo ma chérie. Ta groupie inconditionnelle
Oh petiote, comme tu causes bien.
J’adore ton article !! Un grand bravo !
Une admiratrice secrète qui te suit depuis plus de 25 ans !
Merci à mon admiratrice secrète 😉
je suis comme on dit aujourd’hui » scotché » par les photos d’abord et par l’originalité de la conception du texte – alors continue tu as de belles idées dans ton palais mental
ton tonton le papé claude
d’ores et déjà je t’embauche pour mettre ADImin en ordre sur Facebook
Merci pour ce gentil message, mon tonton !