Quelques chiffres à propos de Notre-dame de la Garde
La basilique Notre-Dame de la Garde est érigée sur la plus haute colline située à proximité du Vieux-Port. Elle culmine à 150 mètres d’altitude.
Le clocher de Notre-Dame de la Garde culmine, lui, à 41 mètres de hauteur. La statue de la Vierge dorée située au sommet du clocher mesure 11,20 mètres et pèse 9,796 kilos.
La construction de la basilique à necéssité plus de 40 ans de travaux.
A l’intérieur de la basilique, la mosaïque occupe 1 200 m2 de surface. Plus de 12 millions de tesselles ont été utilisées pour la réalisation des différentes mosaïques.
Environ 2 millions de visiteurs se rendent chaque année à Notre-dame de la Garde.
Aux origines de la basilique de Notre-dame de la Garde
L’histoire de Notre-dame de la Garde débute en 1214. C’est Maître Pierre, un curé de Marseille qui a l’idée de construire au sommet de la colline de la Garde une petite chapelle dédiée à la Vierge Marie. À cette époque, la colline appartient à l’abbaye de Saint-Victor. Maître Pierre demande alors à l’abbé l’autorisation de pouvoir y bâtir une chapelle. L’abbé l’autorise à y construire une chapelle, à y planter des vignes et à y cultiver un jardin.
En 1218, la chapelle est inaugurée. Lorsque maître Pierre décède en 1256, Notre-Dame de la Garde est constituée en prieuré. Un prieuré désigne la dépendance d’une abbaye. C’est une maison ou un couvent où vivent un petit groupe de moines placé sous l’autorité d’un prieur lui-même dépendant de l’autorité d’un abbé. Le prieuré de la Garde dépendait de Saint-Victor.
Plusieurs chapelles se succèdent ensuite sur la colline de la Garde pendant les périodes du Moyen-Âge et de la Renaissance. La colline de la Garde devient alors un lieu de culte assez important. Le roi François Ier s’y rend le 22 janvier 1516. Au cours de cette visite, le roi constate que Marseille est mal défendue. Quelques années plus tard, en 1524, le renforcement des défenses de la ville semble encore plus indiscutable lorsque le connétable Charles III de Bourbon assiège la ville.
François Ier prend alors la décision de faire construire deux forts : le premier au large de Marseille sur l’île d’If et le second sur la colline de la Garde qui englobe la chapelle déjà existante. La construction du fort de la Garde est achevée en 1536. Ce fort est de forme triangulaire avec deux côtés de 75 mètres et un troisième côté de 35 mètres. Il prend le nom de Notre-Dame de la Garde. De ce fort, il ne subsiste aujourd’hui plus que l’éperon royal, visible à l’ouest de la basilique actuelle.
A partir du moment où le fort est ouvert, la chapelle aurait dû être interdite d’accès au public comme c’est le cas pour les autres forts où les chapelles étaient exclusivement réservées aux garnisons qui occupent le fort. Francois Ier décide toutefois d’autoriser les fidèles à se rendre à la chapelle de la garde en temps de paix et demande aux soldats de laisser le pont-levis baissé pendant la journée. Le fort reste en activité pendant plus de 4 siècles. Il sera démilitarisé en 1934.
La construction de la basilique actuelle
A partir du XVIe siècle, de nombreux marins commencent à venir à la chapelle de Notre-dame de la Garde. Avant cela, ils avaient pour habitude de prier autour de la statue de Notre-dame de la mer située au sein de l’église Saint-Etienne, qui se trouvait où se trouve l’actuelle église Notre-dame du Mont. Seulement, cette église est détruite en 1588. Les marins prennent alors l’habitude de monter à Notre-dame de la Garde pour prier et y déposent des ex-voto. Un ex-voto est un remerciement. Ce sont des objets (un tableau ou une maquette) que les fidèles apportent en guise de reconnaissance à la Vierge pour les avoir sauvés d’un naufrage ou d’une tempête.
En 1793, pendant la Révolution Française, le culte catholique est toutefois interdit en France. L’Etat s’empare de tous les édifices religieux et la chapelle de la colline de la Garde est dépourvue de tous ses objets religieux : les ex-voto, les cloches, les hôtels etc.
Le culte catholique reprend à la chapelle de la Garde en 1807. Les marins continuent de s’y rendre tout comme les fidèles, qui sont de plus en plus nombreux. La chapelle devient très vite beaucoup trop petite pour accueillir correctement tout le monde. Elle est agrandie une première fois en 1833. Le clocher est ensuite reconstruit en 1843 pour accueillir un nouveau bourdon car la cloche qui s’y trouvait auparavant est jugée trop petite. Un bourdon est une grosse cloche qui pèse généralement plusieurs tonnes.
En 1851, Monseigneur Mazenod, évêque de Marseille à l’époque, décide alors d’y construire une grande basilique. Or, la chapelle est installée à l’intérieur du fort militaire et le fort n’appartient pas à l’Eglise mais à l’Etat français et plus précisément au Ministre de la Guerre. En 1851, les administrateurs de la chapelle écrivent alors au ministre de la Guerre et demandent l’autorisation de démolir la petite chapelle et de la remplacer par un plus grand sanctuaire avec un clocher. Celui-ci donne son accord en février 1852.
Plusieurs architectes sont alors engagés pour réaliser les plans du nouveau sanctuaire. Il a fallu choisir entre plusieurs projets. La plupart des projets proposent une église de style néo-gothique Le projet retenu est le seul projet de style néo-roman qui est proposé par l’architecte Léon Vaudroyer actuellement en charge du chantier de la Major. C’est l’élève de Léon Vaudroyer, Henri-Jacques Espérandieu qui est nommé architecte en chef. La première pierre de la future basilique est posée le 11 septembre 1853 par Monseigneur de Mazenod. Malgré de nombreux dons de la part des fidèles, le manque de financement a plusieurs fois entraîné l’arrêt des travaux. De plus, les travaux sont compliqués car il faut établir les fondations dans une roche très dure.
Le chantier sera entièrement stoppé pendant deux ans entre 1859 et 1861, année où décède Monseigneur de Mazenod. A ce moment-là, la crypte est entièrement creusée mais de la future église, il y a simplement les murs latéraux et la base du clocher qui sont édifiés.
Le nouvel évêque de Marseille, Patrice Cruice relance les travaux à la fin de l’année 1861.
La basilique est consacrée le 4 juin 1864 par le cardinal Villecourt, membre de la curie romaine en présence de 41 évêques. Le clocher n’est pas encore terminé à cette époque.
La construction de la statue monumentale de la Vierge en or
En 1866, le bourdon est installé dans le nouveau clocher. Les ouvriers débutent alors la construction d’un piédestal pour y installer la future statue monumentale de la Vierge. Le financement de cette statue est pris en charge par la Ville de Marseille. Les esquisses de la statues sont faites par trois architectes parisiens : Eugène-Louis Lequesne, Aimé Millet et Charles Guméry. Les plans sont présentés devant un jury composé de l’architecte Henri-Jacques Espérandieu, du maire Antoine Théodore Bernex, de Philippe-Auguste Jeanron, directeur de l’école des Beaux-Arts de Marseille et de Luce, administrateur du sanctuaire de Notre-Dame de la Garde. C’est le projet d’Eugène-Louis Lequesne qui sera retenu.
Pour des raisons liées au poids et au financement de la statue, la matière retenue pour sa réalisation est le cuivre. La statue a été réalisée selon un procédé innovant pour l’époque : la galvanoplastie. Des moules en latex des 4 tronçons de la statue ont été réalisés. Les 4 moules ont ensuite été plongés dans un bain de sulfate de cuivre. Par ce procédé, quelques millimètres de cuivre vont se poser sur chaque moule. L’emploi du cuivre galvanique permet à la statue d’obtenir une solidité à tout épreuve et d’être protégée de l’oxydation. Les 4 tronçons ont été fabriqués à Paris et arrivent à Marseille par le train en décembre 1869. Ils sont ensuite dorés à la feuille d’or. Environ 500 grammes d’or ont été utilisés. La statue a ensuite été redorée tous les 25 ans environ : en 1897, 1936, 1963 et 1989. En 1870, les 4 tronçons de la statue sont fixés à la carcasse métallique qui avait été mise en place en haut du clocher. En effet, Espérandieu à installé une flèche en fer pour fixer la statue. Autour de cette flèche est installé un escalier à vis permettant de relier la base de la statue à sa tête. Cet escalier permet de faciliter son entretien !
Les finitions intérieures de la basilique
Une fois la statue installée, il ne restait plus que les ornements intérieurs de la basilique à réaliser. C’est l’architecte aixois Henri Antoine Révoil qui est chargé des décors intérieurs. L’autel majeur et les mosaïques du chœur sont posés en 1882. Toutefois, l’autel et les mosaïques seront détruits par un incendie survenu en 1884. Ces éléments seront restaurés par Révoil et consacrés par le cardinal Lavigerie, archevêque d’Alger et jeune évêque de Nancy en avril 1886. Le cardinal Lavigerie était très connu sur le site car il y passait à chaque aller ou retour de ses voyages à Alger.
Entre 1890 et 1892, le reste des mosaïques est posé à l’intérieur de la grande coupole et dans les trois coupoles qui forment la voûte de la nef. Seuls les murs latéraux de la basilique ne sont pas recouverts de mosaïques. La construction de la basilique s’achève en 1897 par la pose des lourdes portes en bronze.
L’époque du funiculaire
Pour faciliter l’accès des fidèles au site de Notre-dame de la Garde, plusieurs ingénieurs proposent de construire un funiculaire. Le projet n’aboutit pas tout de suite car, au départ, la législation sur un équipement de ce type est assez floue et le maire ne sait pas vraiment s’il est en droit d’autoriser un tel projet ou si c’est au préfet de le faire.
En 1889, l’ingénieur Emile Maslin propose un projet qui s’inspire directement des ascenseurs de la Tour Eiffel. Il eut l’idée de concevoir un ascenseur qui monte quasiment verticalement le long de la paroi d’une ancienne carrière. Jean-Elie Dussaud, le propriétaire du terrain où devait se situer la gare de départ donne son accord. C’est un projet privé et le funiculaire peut donc être construit sans qu’il y ait besoin de demander l’autorisation des autorités publiques.
Le funiculaire est mis en service en 1892. Il fonctionne jusqu’en 1967 car il n’est plus rentable et est détruit en 1974. Pendant ses 75 années de service, il aura transporté pas moins de 20 millions de passagers !
L’évêché de Marseille devient seul propriétaire de la colline de la Garde
Au cours de la Première Guerre Mondiale, des tanks et des avions sont utilisés pour la première fois dans les combats. Ainsi, au lendemain de la guerre, l’État Major estime que les anciens forts construits entre le XVe et XVIIIe siècle sont désormais inutiles. Ils cessent donc leur entretien.
Les représentants du diocèse de Marseille et l’Armée organisent alors une rencontre durant laquelle ils décident d’un échange. L’Armée cède à l’évêché tout le haut de la colline de la Garde à condition que l’évêché lui cède une maison située en centre-ville. Le dossier juridique met beaucoup de temps à être traité mais en mai 1934, le président de la République signe le décret de démilitarisation du fort. L’échange des deux propriétés sera toutefois effectif quelques années plus tard : en 1941 car la Seconde Guerre Mondiale étant arrivée entre-temps, l’affaire avait été mise de côté.
Notre-dame de la Garde pendant la Seconde Guerre Mondiale
Lorsque les Allemands envahissent Marseille en 1942, les soldats français viennent de quitter totalement le fort de Notre-dame de la Garde. Celui-ci ne sert plus depuis 10 ans. Les Allemands prennent rapidement place sur la colline de la Garde et dans les anciens forts militaires. En effet, de là, ils avaient la mainmise sur toute la ville et avaient pour habitude d’utiliser ce point de vue pour bombarder le centre-ville de Marseille.
Le 25 août 1944, le sanctuaire est libéré de l’occupation allemande par une garnison de la 1ere compagnie du 7e régiment des tirailleurs algériens. Les deux jours suivants, les Allemands, qui sont toujours présents à Marseille, bombardent la basilique. L’édifice est atteint à sa base par des obus et le clocher a même failli s’écrouler. Si vous regardez bien, vous pouvez toujours voir quelques impacts laissés par les obus sur les murs extérieurs de la basilique.
Des anciens bâtiments militaires il ne reste aujourd’hui pas grand chose. Les murs du fort construit par François Ier sont toujours en place mais dissimulés par les bâtiments qui ont ensuite été construits par le diocèse de part et d’autre. Le pont-levis qui avait été installé par l’Armée en 1879 pour remplacer l’ancien pont-levis est également toujours en place.