L’immeuble à trois fenêtres aussi appelé « immeuble Marseillais » est un immeuble avec un style architectural typique de la Ville de Marseille. Ce type d’immeuble apparaît au XVIIe siècle et se répand dans toute la ville. Même aujourd’hui, c’est l’une des constructions les plus présentes dans le centre-ville ! Nous vous racontons l’histoire de ces immeubles qui accueillent encore aujourd’hui le logement de nombreux Marseillais !
Quelles sont les caractéristiques d’un immeuble à trois fenêtres ?
Comme son nom l’indique, un immeuble à trois fenêtres est un immeuble dont les façades se composent de trois fenêtres sur chaque étage. De manière générale, la façade de ces immeubles mesure 7 mètres de large contre 14 mètres de profondeur.
C’est Victor Leroy qui formalise ce modèle de construction. Victor Leroy était un architecte. En 1847, il publie une notice sur les constructions à Marseille. Il évoque l’immeuble à trois Fenêtres dans cet ouvrage. Il y évoque différents aspects de la construction comme le plan ou encore les matériaux utilisés.
Au XIXe siècle, il y avait de nombreuses carrières de pierre dans la région Marseillaise (les communes d’Arles, de La Couronne ou encore de Cassis disposaient de carrières). La pierre servait donc beaucoup pour les constructions. Contrairement à la pierre, le bois était relativement rare dans les alentours de la cité phocéenne. Il était donc utilisé le moins possible. Dans la plupart des cas, on utilisait du sapin pour les planchers et la charpente. Les constructeurs le faisait importer du Var ou encore de Corse. À l’extérieur, les immeubles trois fenêtres disposent de persiennes. Elles permettent d’éviter les surchauffes dans les appartements l’été dans une ville où il fait particulièrement chaud comme Marseille. Les murs en pierre étaient également une barrière contre la chaleur puisque la pierre stocke la chaleur et l’empêche ainsi de rentrer à l’intérieur des logements.
Les raisons de l’apparition de l’immeuble à trois fenêtres
Au XIXe siècle, Marseille est en pleine expansion. Le commerce du port de la ville se développe très rapidement. Forcément, cela attire de nombreuses personnes dans la cité phocéenne car il y a beaucoup d’opportunités d’emplois. Tous ces nouveaux arrivants, il faut bien les loger. La ville doit donc construire de nouveaux logements. À cette époque, Marseille commence alors à s’étendre au-delà des remparts construits par Louis XIV car les quartiers intra-muros ne peuvent pas assurer l’accueil de ces nouveaux logements.
Les nouveaux quartiers qui se développent en dehors des remparts n’ont rien à voir avec les quartiers historiques. Ce sont des espaces très standardisés. Les nouvelles rues sont percées selon un schéma orthogonal et les constructeurs commencent à travailler sur un nouveau modèle architectural unique pour l’utiliser dans ces quartiers afin d’offrir une certaine harmonie à la ville. Ce modèle architectural c’est celui de l’immeuble Trois Fenêtres. Chaque niveau comprend trois ouvertures et les appartements de ces immeubles sont conçus selon un plan traversant.
Pour la classe moyenne, la création de ces immeubles à trois fenêtres représente un nouveau confort de vie ! En effet, grâce à ces immeubles, les classes moyennes accèdent à des logements beaucoup plus intimistes. Puisque les appartements sont traversants, il n’y a dans ces immeubles qu’un seul logement par pallier ce qui confère beaucoup plus d’intimité aux habitants que dans des lotissements par exemple. Les classes moyennes accèdent donc à un confort de vie plus proche de celui de la bourgeoisie lorsque ces immeubles se développent.
Au fil du temps, des commerces s’installent au rez-de-chaussée de ces immeubles ce qui permet de développer une vraie vie de quartier !
Les évolutions
Aujourd’hui, les immeubles à trois fenêtres représentent 20 % du bâti du centre-ville, vous pouvez toujours en admirer dans de nombreuses rues de Marseille. Le boulevard Longchamp par exemple est parsemé d’immeubles à trois fenêtres tout comme le quartier du Camas (dans le 5e arrondissement) et notamment le boulevard Chave. Certains immeubles disposent de six fenêtres, ce qui signifie que le module à trois fenêtres a été doublé.
Si les immeubles à trois fenêtres sont encore très présents dans le centre-ville de Marseille, les usages et l’architecture ont quelque peu évolué au fil du temps.
Les évolutions en fonction du mode d’habitat
Le mode d’habitat s’est adapté à chaque époque en fonction des contraintes de l’environnement de l’immeuble. Par exemple : la cuisine et la pièce à vivre étaient à l’origine deux pièces bien distinctes alors qu’aujourd’hui les habitants ont tendance à supprimer les cloisons entre ces deux pièces.
Il n’est pas rare que le plan traditionnel avec un seul appartement par pallier se transforme en deux appartements. Ceci pour répondre à la demande en petits logements beaucoup plus forte aujourd’hui qu’à l’époque. Enfin, que l’appartement se divise ou non en deux petits appartements, le nombre d’habitants par logement se révèle bien inférieur à celui du siècle passé : le modèle familial le plus fréquent et celui d’un couple avec un seul enfant. Il n’y a donc plus besoin d’autant d’espace qu’à l’époque et c’est la raison pour laquelle les surfaces des logements se réduisent que ce soit dans les immeubles à trois fenêtres ou dans d’autres logements par ailleurs.
Les évolutions architecturales
Côté architecture et surfaces extérieures, les immeubles à trois fenêtres ont également évolué au fil du temps. Au départ, ces immeubles conçus pour standardiser les rues de la ville ne sont pas très décorés. De nombreux détracteurs ont qualifié ces immeubles de « monotones ». Cependant, à partir des années 1950, le développement des ornements de façades devient de plus en plus important. C’est un intérêt qui touche toutes les catégories sociales même les plus modestes. Des ornements apparaissent au-dessus des portes et dans l’encadrement des fenêtres. Ils sont plus ou moins nombreux et imposants en fonction de la richesse et des envies du commanditaire de l’immeuble.