Nous vous expliquions la semaine dernière qui était Patrice de Peretti, le supporter qui donna son nom au virage nord du stade Vélodrome. Si nous nous intéressions aujourd’hui à Nicolas Roze, l’homme qui donna son nom au virage sud ?
Le héros de la Peste
Plus connu sous le nom de « Chevalier Roze », Nicolas Roze est un nom connu des Marseillais puisqu’il donne aujourd’hui son nom à la fois au virage sud du Vélodrome, à une rue du centre-ville parallèle à la rue de la République et à une statue, située sur l’esplanade de la Tourette.
Son histoire, en revanche, est beaucoup moins connue. Nicolas Roze est issu d’une famille originaire de Solliès dans le Var et installée à Marseille depuis trois générations. Nicolas Roze est donc né à Marseille le 25 septembre 1675.
On ne connaît que très peu de choses de sa vie mais si son nom est resté gravé dans la mémoire collective des Marseillais c’est pour ses actions pendant l’épidémie de Peste qui frappe Marseille en 1720.
C’est sur l’esplanade de la Tourette que le chevalier Roze réalise son action la plus célèbre.
C’est sur cette esplanade qu’il commande une escouade de 150 hommes pour dégager plus de 1000 cadavres d’hommes et de femmes gisant sur la voie publique, tués par la Peste. À cette époque, il y avait à Marseille un gros problème d’évacuation des cadavres qui ont très vite encombré la ville.
Nicolas Roze était à cette époque commissaire général du quartier de Rive Neuve. Il est désigné avec trois échevins pour prendre la tête de quatre escouades chargées de débarrasser Marseille de ses cadavres. Chaque escouade est formée d’une centaine de soldats et de 40 forçats (des hommes condamnés aux travaux forcés).
L’esplanade de la Tourette est un endroit difficile d’accès pour les tombereaux. Or, depuis des semaines, un gigantesque amas de cadavres en décomposition y est installé afin de désengorger d’autres parties de la ville. C’est Nicolas Roze qui se portera volontaire pour dégager l’esplanade de ses cadavres avec son escouade. Pour cela, il va utiliser des cavités découvertes sous l’esplanade de la Tourette.
Bien entendu, aller déplacer des cadavres en décomposition et atteints par la Peste revenait à signer son arrêt de mort. La plupart des forçats à qui l’on avait promis la liberté en échange de ce service rendu à la ville moururent sans pouvoir en profiter. Le chevalier Roze lui-même fut atteint par la Peste mais il parvint à en guérir après une très longue convalescence. Cela relève pratiquement du miracle quand on sait que les chances de guérir de la Peste étaient estimées à une pour 10000 !
L’histoire retient également sa contribution au ravitaillement de la ville et sa décision de faire construire un hôpital dans une des corderies du quartier de Rive Neuve.
La reconnaissance postérieure de Marseille envers le chevalier Roze
La reconnaissance de la ville de Marseille envers les actions du chevalier Roze fut assez tardive. Après l’épidémie de Peste, la ville et ses habitants se remettent très rapidement sur pied : L’activité économique connaît un nouvel essor et la population se reconstitue très vite. Le souvenir de cette terrible maladie s’estompe peu à peu et l’on peut comprendre que les Marseillais n’aient pas véritablement envie de se rappeler cette période si douloureuse. Il faudra d’ailleurs attendre 80 ans pour que soit inauguré le premier monument commémoratif de cette période : la colonne de la Peste du sculpteur Barthélémy-François Chardigny encore visible aujourd’hui au Musée des Beaux-Arts.
C’est en 1820, alors que la ville célèbre le premier centenaire de la Peste, qu’est prononcé le premier discours en l’honneur du chevalier Roze. Ce discours a été prononcé par Paul Autran devant l’Académie de Marseille. Une statue en son honneur est également érigée sur la façade est de la Préfecture au moment de sa construction.
Les épidémies de choléra qui touchent la ville quelque temps plus tard ravivent le douloureux souvenir de la Peste. Un comité est alors créé par le Docteur Evariste Bertulus (un professeur de médecine très concerné par les épidémies) dans le but d’ériger un monument pour rendre hommage au chevalier Roze. Le sculpteur Marseillais Jean-Baptiste Hugues réalise un buste en bronze représentant le chevalier Roze. Il fut placé en 1885 sur l’esplanade de la Tourette, à l’endroit même où il s’était illustré des années plus tôt. La statue est toujours visible aujourd’hui en face de la passerelle du MuCEM.
Le fait que le nom d’une rue ainsi qu’une partie du stade Vélodrome lui soit dédié témoigne de la reconnaissance qu’éprouve encore aujourd’hui la ville de Marseille envers les actions réalisées par Nicolas Roze pour aider les Marseillais pendant l’épidémie de Peste.
Et vous, connaissiez-vous l’histoire du Chevalier Roze ? Restez connectés, d’autres histoires sur les tribunes du Vélodrome seront publiés prochainement. Vous avez manqué notre article sur Patrice de Peretti ? Voici le lien de l’article, n’hésitez pas à le consulter !