Au cours du mois d’octobre dernier, le cabinet Deloitte : cabinet de conseil et d’audit a réalisé un état des finances de la ville. Celui-ci a été commandé à la demande du Printemps Marseillais et est le premier audit d’une série de trois. C’est mardi matin, à l’occasion d’une conférence de presse de rentrée que le nouveau maire de Marseille prends la parole pour évoquer l’état des finances de la ville. Bien-sûr, on se doute bien que le résultat de cette étude ne serait pas folichon !
Depuis plusieurs années déjà, Marseille est plombée par une dette si lourde qu’elle vient considérablement diminuer sa capacité d’investissement. Benoît Payan s’engage à ce que les conclusions de ces audits soient rendues publiques contrairement à ce que faisaient ses prédécesseurs.
Au début de son discours, le nouveau maire fait vœu de transparence et affirme que les bilans autrefois publiés par la mairie étaient faussés et n’alertaient ni sur les investissements mal gérés ni sur l’abandon des services publics. En réalité, la Chambre régionale des comptes qui s’occupait jusque là des finances de la ville avait déjà rendu public ses différents audits. Vous pouvez notamment retrouver celui de l’année 2019 ici qui alertait déjà sur la mauvaise organisation des dépenses et un mauvais entretien des bâtiments publics notamment les écoles.
Une ville endettée pour les mauvaises raisons
Dans son discours, Benoit Payan explique que Marseille est lourdement endettée. Mais il ajoute qu’il aurait bien voulu assumer cet endettement si celui-ci avait été bien investi. Or ce n’est pas le cas et le maire se désole « les équipements ont été laissés à l’abandon » et Marseille manque cruellement d’infrastructure publiques.
Mais alors, si la ville n’investit pas pour se moderniser pourquoi se retrouve-elle face à une dette d’ 1,54 milliard d’euros ? Selon Benoit Payan, c’est à cause de toutes les dépenses « superflues », « bling-bling » que la ville a payé ces dernières années. Et des exemples à ce sujet, Benoit Payan en donne à la pelle. Une patinoire qui aurait coûté près de 50 millions d’euros là où celle de Strasbourg de même superficie à coûté 20 millions d’euros, l’accueil de l’édition Miss France 2020 au Dôme pour laquelle la ville aurait déboursé 150 000 euros pour Endemol ( groupe de production de l’émission) et 48 000 euros pour dédommager l’annulation du concert initialement prévu le jour de l’évènement.
Tout cela alors que les écoles du centre-ville et des quartiers nord doivent être rénovées, qu’il faut en construire de nouvelles pour pouvoir accueillir tous les enfants dans de bonnes conditions, que les piscines tombent en désuétude et que de nombreux immeubles marseillais ont cruellement besoin d’être rénovés. Et c’est ce qui fait la colère de Benoît Payan : l’argent dépensé ne profite pas directement aux marseillais et n’est pas destiné à améliorer leur quotidien.
Quelles solutions ?
L’objectif de cette étude est de permettre au maire et à ses élus de savoir de quels fonds ils disposent concrètement et ainsi de déterminer quelles actions peuvent et doivent être mises en place en priorité !
Benoît Payan souhaite dorénavant que les dépenses de la ville profitent d’avantage aux marseillais. D’ailleurs c’est ce que le Printemps Marseillais affirme depuis la campagne électorale en annonçant qu’ils feraient des écoles et de l’entretien des équipements collectifs une priorité. « Désormais, chaque euro utilisé sera un euro utile. » assure le maire. Et pour aller dans cette direction, il annonce notamment que la municipalité a modifié l’organisation des épreuves de voiles des JO 2024. Le budget prévu devait s’élever à 45 millions d’euros au total. Le maire exige que la ville paie moins de 10 millions d’euros pour cet évènement. Enfin, Benoît Payan n’exclue pas la solution d’augmenter les impôts des marseillais.
Lundi 8 février, la municipalité devra définir ses premières préoccupations budgétaires, moment où l’on verra réellement si les élus concentrent leur efforts sur les infrastructures publiques comme ils l’assurent. C’est de bonne guerre lorsqu’on arrive au pouvoir de remettre la faute sur ses prédécesseurs, espérons toutefois que ce ne sera pas un prétexte à l’inaction !