L’édifice bâti à la fin des années 40 par le fantasque Le Corbusier, sur le boulevard Michelet (8e) cache un resto gastronomique bluffant : le Ventre de l’Architecte.
Ce restaurant gastronomique, niché au cœur de l’Hotel Le Corbusier, est, pour reprendre le vocabulaire des « archis », un sacré…bon plan ! Au-delà de son nom étrange, qui aurait très bien pu être le titre d’un film complètement barré de Tim Burton, le lieu est carrément vintage, mais un vintage chic, aux lignes épurées, sans fioritures, qui une fois assis sur une chaise scandinave, à la lumière tamisée d’une lampe « Laroche » ou « Pipistrelle » vous donne le sentiment d’être dans un film d’espionnage d’après-guerre. On s’imagine posé là, contemplant le coucher du soleil sur les plages du Prado, un verre de whisky en main, en attendant la visite d’un indic et de sa valise « secret défense ». On peut aussi s’y rêver en personnage d’un tableau d’Edward Hopper, au choix.
Ce serait presque oublier qu’on est ici pour bien manger !
Le chef Jérôme Caprin soigne le scénario, avec à l’affiche, des amuses-bouches (dont une datte farcie aux cèpes à tomber par terre), une religieuse foie gras-figue-chèvre-lard fumé, un maigre (gros morceau de poisson comme son nom ne l’indique pas) avec caviar d’aubergine et variante d’artichauts, une déclinaison de cailles roties et pour le générique de fin, une farandole de pommes, en chips, en glace… Le tout arrosé d’un bon Côteau d’Aix, Domaine de Vauclaire pour les connaisseurs.
La cuisine du chef Caprin colle parfaitement au lieu, à la fois intimiste et audacieuse, elle sait être surprenante (comme ces dattes aux cèpes dont on ne se remet pas ou cette religieuse à se damner) tout en étant sobre et classieuse. Comme un bon film d’époque habilement revisité… Mais sans braquage au moment de passer à la caisse !