Véritable tradition régionale depuis le XIVème siècle, le savon de Marseille est un type de savon résultant de la saponification – cuisson qui produit une réaction entre le corps gras et une base minérale – d’huiles végétales, essentiellement d’huile d’olive, par la soude pour le savon solide et la potasse pour le savon liquide. Fabriqué de façon industrielle ou artisanale, le savon de Marseille traditionnel garantie une teneur de 72 % en masse d’acide gras et sa formule a été réglementée au XVIIème siècle sous le roi Louis XIV.
L’essor des détergents de synthèse fut à l’origine du déclin du savon de Marseille au XIXème et la région qui comptait auparavant 90 savonneries n’en compte aujourd’hui plus que quatre fabriquants encore leurs savons de manière traditionnelle : Marius Fabre, Fer à Cheval, Savonnerie du Midi et Le Sérail.
En effet, faute d’appellation d’origine contrôlée ou protégée – AOC ou AOP, réservées aux produits alimentaires – et donc de réelle protection du nom « savon de Marseille », les fraudeurs sont nombreux et ne risquent rien face à la législation. Les industriels Dove ou Le Petit Marseillais totalisent ainsi 50% des ventes en grande surface bien qu’ils n’utilisent que très peu l’huile d’olive dans les processus de fabrication.
Dans leur combat pour la protection de ce savoir-faire, les quatre savonneries se sont regroupées dans l’Union des Professionnels du savon de Marseille (UPSM) depuis septembre 2011 et ont édicté un cahier des charges stricte et un web-documentaire avec le soutien du Crédit Agricole pour défendre leurs intérêts et les enjeux de cette bataille.
Pourquoi la protection du savon de Marseille est-elle tant importante ?
Le savon de Marseille ce n’est pas un produit réservé aux touristes étrangers ! C’est avant tout un produit aux nombreuses vertus dermatologiques. Doux et hypoallergénique il désinfecte, soigne les plaies et réduit le risque d’irritations, d’allergies et même d’eczéma.
Ce produit naturel composé essentiellement d’huile d’olive et de soude, garanti sans parfum, colorants, conservateurs ni produits de synthèse, est entièrement biodégradable et écologique, contrairement aux gels douche du marché. De plus, utilisé quotidiennement, il dure quasiment deux fois plus qu’un savon traditionnel !
Où se procurer du véritable savon de Marseille ?
On estime à 90% le pourcentage de « faux » savons en circulation dans le monde, qui n’ont donc ni les composants naturels ni les caractéristiques écologiques des formules traditionnelles et ne sont pour la plupart pas « made in France » mais fabriqués en Chine ou encore en Turquie. Produits industriellement, ces contrefaçons contiennent des additifs qui peuvent assécher la peau.
Afin de se procurer du véritable savon de Marseille, il faut se rendre à l’une des quatre savonneries appartenant à la UPSM ou sur leur boutique en ligne où il est possible de commander divers produits à des prix très raisonnables.
Ces savonneries respectent l’ensemble des critères des labels bio Ecocert et Cosmebio et fabriquent leur savon de manière traditionnelle dans des chaudrons avec des produits sans OGM ni additifs.
Un long processus
Bien que la loi pour la mise en place du cahier des charges pour la fabrication du savon de Marseille soit passée à l’assemblée, il faut à présent attendre la mise en place du décret censé « traduire » la loi et qui est négocié et renégocié, pas encore tout à fait au goût des professionnels. Le dernier en date explique que c’est aux savonniers eux mêmes de contrôler le label c’est à dire d’établir un cahier des charges de leur IG qui sera validé à l’INPI et de sanctionner le non respect du cahier des charges fixés une fois les contrôles effectuées par des organismes indépendants. Or il est difficile d’être juge et partie !
Les négociations sont en cours et les savonniers ont bon espoir que le décret aboutisse dans les mois à venir..