Le 26 novembre 1977, le maire de Marseille de l’époque, Gaston Defferre inaugurait la première ligne de métro de la ville. Cela fait déjà de nombreuses années que la construction d’un métro à Marseille est en projet. Celui-ci a toutefois du mal à sortir de terre car il se retrouve confronté à de nombreux problèmes : la mise en concurrence avec le tramway, les difficultés financières de la ville ou encore la nature de ses sols. À l’occasion de l’anniversaire de la mise en service du métro, nous vous dévoilons les coulisses d’un projet semé d’embuches !
Les origines du projet
Dès les premières années du XXe siècle, la Ville de Marseille souhaite suivre les traces de Paris et se doter d’un réseau de transport métropolitain. La ville de Paris a inauguré le sien en juillet 1900 et Marseille compte bien suivre son exemple. Pourtant, Marseille inaugure sa première ligne de métro le 26 novembre 1977 soit près d’un siècle après la mise en service du métro parisien et les premiers projets de métro Marseillais.
Le premier projet de métro sérieux réalisé par la Compagnie d’électricité de Marseille est présenté en 1918 aux élus Marseillais par la Société pour l’étude du chemin de fer métropolitain de Marseille. Le projet n’aboutira pas car il est totalement indépendant du réseau de tramway de la ville déjà en circulation depuis 1876. La compagnie générale française de tramway (CGFT) chargée de la gestion du tramway voit d’un mauvais œil l’arrivée du métro jugé comme un concurrent potentiel. Pour mettre toutes les chances de son côté et faire que les élus n’acceptent pas le nouveau projet de métro, la CFGT propose un plan de modernisation du réseau de tramway avec une grande nouveauté : la mise en souterrain d’une partie des lignes. Pendant près de 20 ans, les deux compagnies se livrent une guerre sans merci pour proposer le meilleur projet. Cela alimente beaucoup de débats parmi les élus de la ville et les habitants.
En 1937, la Société pour l’étude du chemin de fer métropolitain de Marseille se voit refuser un ultime projet jugé trop onéreux. La mairie de Marseille préfère donner la priorité à la CFGT pour la modernisation du tramway. La CFGT met alors en place le projet de construction de deux tunnels : le premier censé relier la Joliette aux Chartreux en passant par la gare Saint-Charles, le second reliant la Joliette et Castellane. Nous sommes en 1943 à l’aube de la Seconde Guerre Mondiale. Le conflit empêchera la réalisation de ce projet qui ne voit jamais le jour.
À la fin de la guerre, Marseille donne encore une fois la priorité au réseau de tramway. Celui-ci a été fortement dégradé par les conflits et le manque d’entretien. Il est impératif de le rénover. Le projet de construction d’un métro n’est plus à l’ordre du jour.
En 1964, la construction d’un métro revient sur le devant de la scène. Le centre-ville de Marseille est de plus en plus engorgé par le trafic automobile. La Régie Autonome des Transports de la Ville de Marseille se met à étudier la construction d’une ligne de métro pour remplacer les lignes de bus les plus fréquentées. Le projet d’une ligne de métro s’étendant sur 7,4 kilomètres et reliant les Chartreux au rond-point du Prado en passant par la gare Saint-Charles est alors proposé et suscite un grand intérêt auprès de la mairie. Une étude est commandée auprès de la SOMICA (Société Communale Mixte d’Aménagements et d’Équipements). Cette étude confirme la viabilité socio-économique et technique du projet. La SOMICA propose la construction de deux lignes s’étalant sur 25 km et avec 26 stations. La première ligne dite bleue relie la Rose à la Blancarde et la seconde dite rouge s’étend de la gare d’Arenc à Mazargues. Deux croisements entre les lignes s’effectuent aux stations Saint-Charles et Castellane.
La construction du métro actuel
Faute d’un financement garanti par l’État, les travaux ne commencent qu’en 1973. Le projet de la SOMICA est restreint à une première portion de la ligne bleue qui s’étend de la Rose à Castellane. Les tunnels sont construits par forage. Plusieurs puits d’accès sont creusés à partir desquels des galeries ont été creusées pour former un tunnel. Une section en viaducs entre les stations Frais-Vallon et la Rose est également construite. Les premières rames de métro sont livrées en 1976.
L’inauguration du métro Marseillais
Début 1977, après quatres années de travail, les travaux touchent à leur fin. En février, deux journées portes ouvertes sont organisées pour permettre aux Marseillais de tester le métro sur un court trajet entre La Rose et Malpassé. Cet événement rassemblera plus de 7000 personnes.
Le 26 novembre 1977, le premier tronçon de ligne entre La Rose et Saint-Charles est inauguré en grande pompe en présence du maire Gaston Defferre très enthousiaste qui déclarait « j’espère qu’à l’avenir, tous les jours à toutes les heures, il y aura autant de monde dans le métro qu’aujourd’hui et que tous ceux qui y seront, seront aussi contents que je peux l’être aujourd’hui ! ». Ce week-end-là, plusieurs dizaines de milliers de Marseillais empruntèrent la ligne pour découvrir leur nouveau mode de transport. La totalité de la ligne, jusqu’à Castellane est mise en service en mars 1978.
La construction de la seconde ligne de métro
Pendant ce temps, le projet de seconde ligne avance à grands pas. L’étude de la construction d’une seconde ligne reprenant comme genèse le projet de la SOMICA débute en 1975. Le trajet définitif est validé en 1978. L’État français s’engage à financer 30 % du coût total de ce projet mais la longueur du temps de versement de cette subvention oblige la division de la ligne en plusieurs étapes de construction. Les premiers travaux débutent en octobre 1980. Ils sont destinés à réaliser un premier tronçon entre les stations Joliette et Castellane. Ils sont réalisés selon les mêmes caractéristiques techniques que la ligne 1. Le premier tronçon est inauguré en mars 1984. Ensuite suivent les travaux de la section nord (entre Bougainville et Saint-Charles) et sud (entre Castellane et Sainte-Marguerite Dromel). Le 14 février 1987, la totalité de la ligne entre en service.
Pourquoi n’y a-t-il que deux lignes de métro à Marseille ?
Cela a mis beaucoup de temps, mais Marseille a finalement réussi à mettre sur pied les deux lignes de métro imaginées par la SOMICA avec quelques modifications. Mais alors, après des débuts difficiles, pourquoi la ville s’est-elle arrêtée sur sa lancée et n’a-t-elle pas tenté d’étendre son métro ? Hormis le prolongement de la ligne 1 entre Castellane et la Timone en 1992, il faut attendre 2010 pour que 4 nouvelles stations soient inaugurées entre la Timone et la Fourragère puis 2019 pour l’ouverture de la station Capitaine Gèze sur la ligne 2. La construction d’une nouvelle ligne n’a jamais été à l’étude. Pourtant, après Paris, Marseille est la deuxième plus grande ville de France en matière d’habitants. En termes de superficie, Marseille est même 2,5 fois plus grande que Paris !
Il y a plusieurs raisons à ce retard. Tout d’abord, il faut prendre en compte la présence du littoral qui représente un obstacle. Il faut également prendre garde à la vallée de l’Huveaune. Dans le reste de la ville, les sols sont montagneux et donc difficilement praticables. Il est ainsi difficile de creuser un tunnel…
À ces contraintes géologiques s’ajoutent des problèmes financiers. À la fin du XXe siècle, la priorité des grandes métropoles françaises c’est le métro. À Marseille, à cette époque, la situation économique n’est pas au beau fixe. Or, la construction d’une ligne de métro coûte extrêmement cher. Cela explique pourquoi Marseille démarre très tard la construction de son métro et ne la poursuit pas ensuite. La ville manque de moyens et ne fait pas de son réseau de transport en commun une priorité.
Enfin, notez que depuis toutes ces années, Marseille donne sa priorité à l’automobile. Dans les villes du sud, les gens sont très attachés à leur voiture et l’utilisent au quotidien pour à peu près tout. C’est un fait culturel. Les grands débats sur l’écologie et le développement durable qui émergent ces dernières années forcent les politiques Marseillais à réétudier la place de la voiture notamment dans le centre-ville mais avant cela, la construction d’un réseau de transport en commun n’était vraiment pas une priorité.
Quelles seront les futures avancées ?
S’il n’est pour le moment pas prévu que le métro Marseillais se dote d’une nouvelle ligne dans les prochaines années, d’autres avancées sont à prévoir : les rames actuellement en service qui circulent depuis l’inauguration du métro en 1977 vont progressivement être remplacées. À partir de 2023, des nouvelles rames toutes neuves avec un design beaucoup plus moderne et accueillant seront mises en circulation. Il y aura une innovation technologique majeure puisqu’elles seront entièrement automatiques. Il n’y aura plus de conducteurs. La climatisation ainsi que le WI-FI devraient également y être installés.
Si vous avez envie de rire 5 minutes, vous pouvez (re)découvrir notre article au sujet des transports en commun à Marseille :
hallucinant qu’à Marseille il n’y a rien dans les quartiers sud. Le métro marseillais aurait pu se doter sans problème particuliers d’un tracé Dromel ou Prado / Mazargues / La Soude / Roy D’Espagne / Bonneveine / Borely sans que ça pose le moindre problème à réaliser : dire qu »il y a 50 ans ils ont pu faire des lignes en moins de cinq ans, et avec les nouvelles technologies on doit se contenter de tramway qu’ils mettent tout autant de temps à construire ? ça désenclaverait les quartiers sud qui bouchonnent entre Mazargues et la L2
A Toulouse, la 3e ligne va couter plus de 2,5 Milliards d’Euros !!!
On comprends aisément que la donne ne soit pas simple pour Marseille avec une situation économique et géologique bien moins favorable.
Et, comme premier conducteur du Métro de Marseille, mon copain Gilbert Gonzales !
il a été inauguré dans la station Reformé par gaston deferre ,il ni avait pas encore les rails ,c’etait la 1er ligne