Ce week-end, nous vous emmenons au coeur du centre-ville de Marseille à la découverte de l’authentique quartier de Noailles ! C’est là-bas que vous découvrirez toute l’âme de Marseille, ville cosmopolite et populaire. Si l’on peut se permettre de vous donner un petit conseil avant de partir : Ne mangez pas trop !
Un petit topo sur Noailles
Le quartier de Noailles, situé dans le 1er arrondissement de Marseille en bordure de la Canebière doit son nom à la rue Noailles qui est créée en 1666, en même temps que la Canebière et aujourd’hui disparue.
Jusqu’au XVIIIe siècle, la rue de Noailles est une rue aristocratique. Elle est habitée par de grandes familles Marseillaises, abrite de nombreux hôtels : l’hôtel de Noailles, l’hôtel de Manse ou encore l’hôtel Mirabeau. Après la Révolution, la rue devient commerçante et accueille un certain nombre de magasins très chic. Lorsque la circulation automobile commence à se développer, les riches commerçants commencent à délaisser la rue Noailles et préfèrent s’installer rue Saint-Ferréol. La rue devient alors populaire et très encombrée et sera finalement détruite par la municipalité.
Le quartier de Noailles est aujourd’hui un quartier populaire. De nombreux émigrés arrivés à Marseille y ont élu domicile au fil des années. Le quartier est toujours un haut lieu de commerce. Les boutiques de luxe ont toutefois laissé la place aux commerces de bouche. Surnommée “le ventre de Marseille”, Noailles est aujourd’hui une véritable caverne d’Ali Baba pour tous les cuisiniers amateurs ! On y trouve bien entendu des produits régionaux et de saison mais également des produits beaucoup plus rares : les étals des magasins sont chargés d’épices en tous genre, de fruits exotiques, de spécialités maghrébines, africaines, de pâtisserie dont vous n’auriez jamais soupçonné l’existence. C’est bien simple en allant à Noailles, vous aurez un peu l’impression de partir en vacances et de vous rendre dans un souk marocain ! Noailles est un véritable temple de la gastronomie et même les chefs des restaurants les plus réputés de la ville ont pour habitude de se fournir dans ce quartier. Vous y trouverez également quelques boutiques d’artisanat et un bon nombre de monuments, témoins de l’histoire très ancienne de ce quartier ! Alors faites-vous plaisir et craquez pour un petit encas tout droit venu de l’autre bout du monde !
Maison Empereur
Nous commençons notre balade rue des Récolettes, devant la vitrine de Maison Empereur.
Maison Empereur est une véritable institution Marseillaise. Situé au bas de la rue d’Aubagne, le magasin Maison Empereur est reconnaissable à sa devanture vintage peinte en marron. C’est une quincaillerie créée en 1827 par François Empereur. A l’origine, le magasin est installé sur la place de la Bourse avant de déménager en 1845 à son emplacement actuel dans le quartier de Noailles.
Au fil des années, la boutique a toujours été dirigée par la même famille ! Chaque génération y apporte une nouveauté : coutellerie, serrurerie, matériel horticole, droguerie, jouets pour enfants… Tant et si bien que la boutique est aujourd’hui une véritable caserne d’Ali Baba où l’on y découvre des milliers d’objets.
La boutique s’étend sur 1200 mètres carrés. Il est possible d’y acheter des articles de quincaillerie (des boutons de porte, des outils, des carcasses d’abat-jour etc.) mais aussi de nombreux articles de cuisine (nous sommes à Noailles, ne l’oubliez pas !) comme des couteaux, des ustensiles de cuisine (torchons, tabliers, bocaux etc.) ou encore des pâtisseries et des bonbons ! Maison Empereur vous propose également de la vaisselle, des articles de décoration intérieure, des jouets et des vêtements pour enfants, des vêtements pour adultes, des coffrets cadeaux composés avec des produits artisanaux, des objets issus de la culture provençale ou encore des cosmétiques.
En 2017, la quincaillerie ouvre l’une des maisons d’hôtes les plus secrètes de la ville. Un petit appartement de 120 m2 au deuxième étage de la boutique. Composé d’un salon, d’une chambre, d’une cuisine, d’une salle de bain et d’un petit jardin d’hiver, cet appartement semble hors du temps. Il a été décoré dans l’esprit de la boutique : Tous les meubles, les objets et les accessoires y sont vintage !
C’est peut-être l’occasion pour vous de découvrir le petit musée que la quincaillerie a installé pour retracer l’histoire de la boutique et de la famille Empereur ou bien de boire une tasse de café accompagnée de pâtisseries traditionnelles dans le salon de thé de la boutique !
Vous l’aurez compris, plus qu’une boutique, Maison Empereur est réellement devenu un lieu de vie à part entière au fil du temps !
Le cours Saint-Louis
A quelques pas de la quincaillerie Maison Empereur se trouve le cours Saint-Louis. Engagez-vous sur la gauche de la rue des Récolettes et tournez sur votre gauche au niveau de la pharmacie du Cours Saint-Louis pour déboucher sur le cours Saint-Louis.
Le cours Saint-Louis se situe au croisement de Belsunce et de la Canebière.
Surnommé le “petit cours”, le cours Saint-Louis tient son nom de Louis d’Anjou fils de Charles II (roi de Naples) et de Marie de Hongrie et petit-fils de Louis IX (roi de France). En 1288, Louis d’Anjou est enfermé avec ses deux frères dans le château de Moncade près de Barcelone à la place de leur père. C’est cet épisode de prison qui lui vaudra d’être considéré comme le saint patron des prisonniers et otages. Libéré en 1295, il est nommé évêque de Toulouse. Gravement malade, il meurt en 1927. Le couvent des frères mineurs situé à Marseille est choisi pour abriter sa sépulture.
Sa réputation de sainteté est si grande que l’évêque de Marseille Durand de Trésémines sollicite un procès de canonisation.
Au XIXe siècle, le cours Saint-Louis est un lieu très animé du centre-ville. Différents marchés s’y tiennent et la traditionnelle foire aux santons y a même lieu une année en 1803. Le cours Saint-Louis était aussi réputé pour 18 petits pavillons en fonte qui ont été construits en 1847 sur les plans de l’architecte Pascal Coste. C’était le lieu de travail des bouquetières : des marchandes de fleurs. Leurs étals emplis de couleurs et différentes sortes de fleurs faisaient le bonheur des habitants du centre-ville.
Aujourd’hui, un de ses petits pavillons existe encore. Il est situé directement à l’angle de la Canebière et porte le nom de La Quique. Ce nom fait référence au sobriquet que la vedette de music-hall Marseillaise Gaby Deslys donne à l’une des bouquetières appelée Joséphine à qui elle passe un jour une commande de fleurs et qu’elle surnomme affectueusement la Quique. Elle charge Joséphine de vendre des fleurs le soir de sa représentation au Grand Casino. Depuis, pour les artistes qui vont se produire dans les salles à proximité, notamment à l’Alcazar, passer par la Quique pour y acheter des fleurs est un synonyme de porte-bonheur. Ils sont nombreux à y venir : Marcel Pagnol, Charles Trénet, Edith Piaf, Luis Mariano…
Se promener sur le cours Saint-Louis, c’est aussi l’occasion d’admirer la façade de l’hôtel Saint-Louis. Cet hôtel construit à la fin du XIXe siècle possède l’une des plus belles façades du quartier. Sa façade couleur saumon possède un fronton d’époque Empire, des balcons en fer forgé, des têtes de lion et des gargouilles. Les clients qui viennent y séjourner l’apprécient pour son atmosphère authentique. Petite particularité de l’hôtel : il possède son propre musée accessible seulement aux clients de l’hôtel et qui retrace les grandes époques de l’histoire de Marseille à travers des centaines de documents. L’hôtel possède également sa propre bibliothèque.
Pour la petite histoire, l’hôtel possédait à l’origine une salle de bal au deuxième étage de la Maison Empereur, sa voisine. La salle de bal n’existe plus aujourd’hui mais la quincaillerie a conservé le parquet de la salle de danse.
Le marché des Capucins
Depuis l’hôtel Saint-Louis remontez jusqu’à Maison Empereur et engagez-vous sur la rue du Musée. Au croisement avec la rue Longue des Capucins, tournez à gauche. Vous arriverez bientôt à hauteur de la place du marché des Capucins.
Le marché est installé à l’emplacement d’un ancien couvent : le couvent des religieux de l’ordre mendiant des capucins. En 1579, les religieux de l’ordre mendiant des capucins installent un couvent sur des terres achetées par Catherine de Médicis sur la place de l’actuel marché. La reine mère viendra elle-même à Marseille pour poser la première pierre du couvent en juin 1579. Les capucins constituent la plus grosse communauté religieuse d’hommes à Marseille. A la fin du XVIIIe siècle, le monastère comprend une fabrique de draps, une pharmacie, un jardin botanique, une collection d’histoire naturelle, un cabinet de médailles et s’étend jusqu’aux actuelles rue du Musée et rue de l’Académie.
En 1791, le couvent est déclaré bien national. Les religieux sont expulsés et les terrains sont vendus. Les bâtiments sont détruits et il ne reste aujourd’hui de ce couvent que le nom.
Le marché quant à lui est ouvert en 1956. C’est un marché qui compte environ une vingtaine d’exposants et qui est ouvert 6 jours sur 7. On y trouve principalement des fruits et des légumes de Provence. Mais le marché se prolonge aussi dans les commerces autour de la place et sur la rue Longue des Capucins où nous retrouvons des saveurs et des senteurs du monde entier : des épices, des herbes fraîches, des spécialités orientales, des piments, des pâtisseries, du thé etc. La place du marché des Capucins a bénéficié d’une rénovation totale de janvier à juin 2018.
Le grand Hôtel de Marseille
Le Grand Hôtel de Marseille se trouve sur la Canebière, juste en face de l’arrêt de métro Noailles. Il est facilement reconnaissable puisqu’il abrite aujourd’hui le commissariat de Noailles !
Le Grand Hôtel de Marseille est ouvert en 1863. C’est des plus célèbres et des plus luxueux palaces de la ville. Il a accueilli de nombreuses célébrités comme Gandhi en 1831 ou encore Charles Trénet qui a d’ailleurs fait ses débuts au sein du cabaret de l’établissement.
En 1956, le Grand Hôtel de Marseille est réuni sous la même direction que son voisin le Grand Hôtel Noailles-Métropole. Ils comptabilisent plus de 300 chambres.
Le Grand Hôtel possédait également dans son immeuble l’Agence de la Compagnie Internationale des Wagons Lits pour faciliter les démarches liées aux voyages de sa clientèle.
L’hôtel possédait également le Grand Café Glacier situé sur la Canebière en face du Palais de la Bourse.
L’hôtel ferme ses portes dans les années 1960. Le bâtiment est ensuite laissé à l’abandon jusqu’au début des années 2000. Il sera transformé en commissariat central en 2004. Au total 400 agents de police ont depuis investi les lieux.
Les restaurants du quartier
Nous ne pouvions pas vous présenter le ventre de Marseille sans vous parler un peu gastronomie ! Il faut savoir qu’à Noailles, il est possible de trouver de nombreux restaurants proposant différentes spécialités des quatres coins du globe. Parfois les devantures des établissements ne paient pas de mine et pourtant il est intéressant d’y entrer pour découvrir des saveurs très différentes de celles qu’on a l’habitude de manger dans nos restaurants traditionnels.
La gastronomie à Marseille, c’est quelque chose de très éclectique ! Il y a bien entendu des spécialités propres à la ville qui font sa renommée depuis des générations comme la bouillabaisse, la soupe de poisson ou encore les pieds paquets ! Il serait toutefois très réducteur de réduire la cuisine de Marseille à la bouillabaisse ! Au fil des vagues d’émigrés qu’elle a accueilli, la ville cosmopolite a ajouté de nouvelles spécialités à sa carte : Les Italiens y ont amené la pizza, les maghrébins le couscous, les libanais le houmous, le caviar d’aubergine ou encore les feuilles de vigne dans leur mezzés etc.
Autant de spécialités que l’on retrouve dans le quartier cosmopolite de Noailles !
Envie d’un couscous ? Le restaurant le Femina est l’un des restaurants les plus appréciés des Marseillais pour ce plat. Cette institution du quartier a fêté ses 100 ans en juillet 2021 ! Au menu : Couscous au Méchoui, couscous au poulet, couscous merguez et même un couscous au poisson !
Pour une cuisine un peu plus traditionnelle et provençale rendez-vous à la Mercerie. Située sur le cours Saint-Louis, cette ancienne mercerie a été transformée en restaurant de quartier il y a quelques années. Au menu : des produits locaux et de saison et des plats qui changent au gré des saisons !
Besoin de manger une part de pizza rapidement avant d’aller au boulot ? Rendez-vous chez Charly Pizza au bas de la place du marché des Capucins. Ouvert depuis 1962, cette petite pizzéria confectionne ses recettes avec les produits des primeurs et des boucheries du marché des Capucins !
Vous avez plutôt envie de manger un petit plat au calme chez vous, devant la TV ? Poussez la porte de la charcuterie du Grand Saint-Antoine située rue Papere. Cette boucherie qui fait également traiteur propose de nombreuses spécialités : ratatouille, paella, lasagnes etc. Vous pouvez commander en ligne toutes sortes de charcuterie : du pâté en croûte, de l’andouillette, des assortiments de saucisson ou encore du figatelli !
Une chose est sûre, à Noailles, vous trouverez toujours de quoi contenter vos estomacs !
J’aime énormément ce quartier et ne manque jamais d’aller y faire un tour quand je viens à Marseille.