L’histoire de la grotte Cosquer

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Ce samedi 4 juin a lieu l’ouverture officielle de la réplique de la Grotte Cosquer installée au sein de la Villa Méditerranée. C’est l’occasion pour vous de venir découvrir les incroyables richesses de ce site préhistorique unique au monde découvert il y a 30 ans dans le Parc National des Calanques ! A l’occasion de l’inauguration de ce nouveau site culturel, nous revenons sur l’histoire de la grotte Cosquer.

Qu’est-ce que la grotte Cosquer ?

La grotte Cosquer est une grotte préhistorique située  près du Cap Morgiou dans la calanque de la Triperie, au sein du  parc National des Calanques. D’après les datations des peintures qui s’y trouvent, il semble que les hommes préhistoriques ont fréquenté la grotte Cosquer entre 33 000 et 19 000 ans avant notre ère. C’est l’époque du Paléolithique supérieur. Cette période de la Préhistoire se développe en Europe avec l’arrivée des premiers homo sapiens. Le climat est froid. La faune et la flore s’adaptent à ces températures très basses. Pendant cette époque, les homo sapiens développent différents outils, des techniques de chasse et des formes d’habitat qui s’adaptent à cet environnement glacial. Le réchauffement climatique il y a 10 000 ans environ marque la fin du Paléolithique.

L’art de la grotte Cosquer

D’après le style des peintures qui tapissent les murs de la grotte, il semble que celle-ci ait été fréquentée à deux périodes bien distinctes : 

  • Il y a 33 000 ans à l’époque du Gravettien. Le Gravettien est une culture majeure du Paléolithique supérieur Européen. Cette culture se caractérise par son industrie lithique (ensemble d’objets en pierres taillées ou pierres polies transformées intentionnellement par les humains. L’art de cette culture est très spécifique. Le Gravettien met à l’honneur les figurines de Vénus : des représentations féminines sculptées en ivoire et en calcaire. Niveau peinture, c’est l’époque des mains négatives. La grotte Cosquer compte 65 mains négatives réalisées soit avec de la peinture noire soit de la peinture rouge grâce à la technique du pochoir.
  • Une phase plus récente datant d’il y a 19 000 ans. Pendant cette période, l’Épigravettien prend la suite du Gravettien. Pendant cette période, l’art continue à se caractériser par la réalisation de statuettes féminines. Les peintures et les gravures sont essentiellement des figures animales. Sur les parois de la grotte Cosquer, ce sont les chevaux qui sont les plus représentés : On en compte 63. On trouve également des bouquetins, des cervidés ou encore des bisons ainsi que quelques animaux plus originaux : des phoques, des pingouins ou encore des méduses. Au total, 117 animaux sont recensés par les scientifiques. On trouve également différents signes ainsi que huit représentations sexuelles datant de cette seconde période.
Des fresques de chevaux sur les parois de la grotte. Crédit photo : KleberRossillon&Région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur Sources 3D MC

Pourquoi ces peintures ?

Il est impossible de savoir avec certitude quelles étaient les motivations des hommes préhistoriques dans la réalisation de ces peintures au sein de la Grotte Cosquer. Peut-être la grotte constituait-elle un sanctuaire ? On ne peut qu’émettre des hypothèses. 

En tout cas, il semble clair que les hommes n’ont jamais habité la grotte. Les fouilles réalisées n’ont pas permis de retrouver des ossements ou des outils. Les scientifiques ne trouvent aucun indice prouvant la réalisation d’activités quotidiennes. Les humains occupaient sûrement la grotte de manière provisoire pour la réalisation de dessins et éventuellement de cérémonies.

Le phénomène de montée des eaux

A l’époque de la fréquentation de la grotte Cosquer, la mer se situait à plusieurs kilomètres. Pourtant c’est aujourd’hui une grotte entièrement sous-marine. Ce sont les changements climatiques qui ont provoqué la montée des eaux. Cela fait près de 9000 ans que la Grotte Cosquer est inaccessible à pied. Son entrée se situe aujourd’hui à 37 mètres sous le niveau de la mer. On y accède par un tunnel long de 175 mètres. Il s’agit de la seule grotte ornée au monde dont l’entrée s’ouvre sous la mer !

La découverte de la grotte par Henri Cosquer 

C’est Henri Cosquer, un scaphandrier professionnel originaire de Cassis qui découvre la grotte Cosquer en 1985. Cela fait plus de 20 000 ans qu’aucun humain ne s’est rendu au sein de la grotte Cosquer. 

La découverte de la grotte se fait dans le plus grand secret. Henri Cosquer, intrigué par ce goulot qu’il repère alors qu’il explore les fonds marins de la calanque de Morgiou décide d’explorer la cavité. Après plusieurs tentatives, il finit par réussir à trouver l’issue du long tunnel de 175 mètres et arrive au sein de la grotte Cosquer.

Le faisceau de sa lampe lui permet de découvrir le dessin d’une main. Henri Cosquer prend alors avec son appareil photo des photos à l’aveugle des parois de la grotte. Quelques jours plus tard, lorsqu’il développe les photos, différentes peintures dont des pingouins, des phoques et des poissons apparaissent. Henri Cosquer se rend à plusieurs reprises dans la grotte pour en effectuer la visite. Il effectue des prélèvements afin de s’assurer de l’authenticité des peintures avant que sa découverte ne s’ébruite. Toutefois, trois plongeurs trouveront la mort à l’intérieur du boyau d’entrée. Cela précipite l’annonce de la découverte de la grotte.

Henri Cosquer dans la grotte Cosquer. Crédit photo : A. Chéné, Fonds DRASSM-CCJ-CNRS.

Le 3 septembre 1991, Henri Cosquer déclare la grotte Cosquer aux quartiers des affaires maritimes. Le dossier est transmis à la Direction des Recherches Archéologiques Sous-Marine (DRASM) puis au service régional de l’archéologie qui dépend du ministère de la culture. Une première expertise est alors menée, conduite par le préhistorien Jean Courtin, plongeur confirmé et Jean Clottes, un spécialiste de l’art pariétal. Cette expertise permet de confirmer l’authenticité des gravures. A partir de prélèvements réalisés au charbon de bois, les chercheurs peuvent proposer une première datation de la grotte. Il s’agit bien d’un site paléolithique.

L’annonce de la découverte avait pourtant fait émerger plusieurs doutes au sein de la communauté scientifique. Brigitte et Gilles Delluc ou encore Denis Vialou, des préhistoriens ont émis des réserves quant à l’authenticité des peintures.

Les études scientifiques

La grotte n’est pas ouverte au public. Afin de préserver le site et d’éviter les accidents, de gros blocs de béton se trouvent à l’entrée. En juin 1992, une nouvelle excursion dans la grotte est organisée pour le tournage du film Le secret de la grotte Cosquer. En septembre 1992, la grotte Cosquer est classée au titre des Monuments historiques

Cinq opérations de recherches archéologiques sont ensuite organisées sous la direction de Luc Vanrell de 2001 à 2005 puis cinq autres de 2010 à 2015 sous la même direction.

Ces recherches permettent d’établir une topographie générale de la grotte et de réaliser l’inventaire complet des gravures et des peintures réalisées dans la cavité. Actuellement, on recense dans cette grotte près de 500 représentations peintes ou gravées. Près de la moitié de ces œuvres sont des représentations animales. Contrairement à ce que l’on peut observer en visitant la grotte de Lascaux ou la grotte Chauvet, les animaux de Cosquer sont représentés dans des positions figées. 

Des études informatiques ont permis d’attester que la plupart des mains négatives sont des empreintes féminines. Certaines de ces empreintes semblent avoir été volontairement effacées par incision ou grattage.

Vers une ouverture au monde de la grotte Cosquer 

La genèse du projet de réplique

Durant toutes ces années, la grotte Cosquer n’a jamais été accessible au public. Seuls des scientifiques s’y sont rendus afin de l’étudier et de retracer son histoire. Pourtant, je vous l’ai dit plus haut, cette grotte est unique au monde. Il n’existe pas d’autre grotte préhistorique entièrement immergée. Par conséquent, il est regrettable que peu de personnes connaissent son histoire, sa localisation et son art ! Comme il n’est pas possible (pour des raisons de sécurité évidente) d’organiser des visites au sein de cette grotte, l’idée d’en construire une reproduction quelque part commence à émerger. 

En 2019, la région PACA annonce choisir la société Kléber Rossillon pour la conception et la construction de la réplique ainsi que pour son exploitation pour une durée de 25 ans. La région PACA annonce que le projet s’installera dans la villa Méditerranée, située en face du MuCEM.

La villa Méditérannée vue depuis le MuCEM.

Pendant plus de deux ans, différentes sociétés se partagent les travaux de la Villa Méditerranée. Les travaux aujourd’hui terminés ont complètement transformé la Villa qui se prépare à accueillir les premiers visiteurs de Cosquer Méditerranée à partir du 4 juin !

Avec ce projet, la région souhaite bien entendu faire connaître la grotte et son histoire au grand public mais aussi éveiller les consciences sur les conséquences du changement climatique et de la montée des eaux. En effet, la grotte Cosquer est aujourd’hui menacée de disparition. A l’intérieur de la grotte, ⅕ de la surface reste aujourd’hui non immergée; Cependant, cela ne va probablement pas durer longtemps en raison du réchauffement climatique. Il faut s’attendre à un nouvel épisode de montée des eaux. Actuellement, la mer progresse d’environ 3 mm par an. Les jambes d’un cheval proche de l’eau commencent déjà à disparaître et laissent imaginer le destin des autres fresques si l’eau continue sa montée…

“C’est le site en France pour lequel on sait qu’on ne pourra pas sauver grand chose. Tous les jours, on y perd quelque chose, c’est pourquoi le fouiller est devenu une urgence” a notamment déclaré Geneviève Pinçon, directrice du Centre National de Préhistoire.

Que voir en visitant cette exposition ?

Cet article vous a convaincu de visiter la grotte ? Voici entre autres ce que vous pourrez retrouver dans l’exposition. L’exposition prévoit de vous immerger entièrement dans l’environnement de cette grotte préhistorique. La réplique de la grotte s’installe dans le sous-sol de la villa Méditerranée. La visite démarre au-dessus du niveau de l’eau. Il faut emprunter une passerelle sinueuse installée à l’extérieur de la villa Méditerranée pour découvrir le club de plongée d’Henri Cosquer restitué dans le même esprit que celui des années 1980.

L’extérieur de la Villa Méditérannée avec la passerelle. Crédit photo : Kleber Rossillon.

Le public prend ensuite place dans des modules d’exploration pour se rendre dans la grotte Cosquer. Il faut ensuite passer par l’amphithéâtre de la villa pour visionner un documentaire inédit retraçant l’histoire de la découverte de la grotte Cosquer. Le troisième étage de l’exposition vous permettra d’en apprendre plus sur l’époque du Paléolithique avec des reproductions des espèces animales qui se trouvaient dans les calanques à cette époque, ainsi qu’une projection sur le sujet du climat et de la montée des eaux.

Auteur de l'article :
Emma Antosik
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