Ta balade du week-end : À la découverte de Mazargues !

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Ta balade du week-end : À la découverte de Mazargues !

Cette semaine, nous vous emmenons à la découverte d’un quartier reculé de Marseille : le quartier de Mazargues. Pour vous y rendre, il vous faudra dépasser le stade Vélodrome, la cité radieuse et vous rendre aux portes des Calanques ! Avec ses allures de petit village, ce quartier peut vous sembler bien calme au premier abord mais il cache pourtant plein de secrets ! L’entrée du quartier est marquée par un monument tout droit sorti des manuels d’architecture égyptienne, son cimetière abrite les tombes de soldats du monde entier décédés pendant les deux guerres mondiales, son église a sauvé les habitants de la Peste en 1387 et c’est dans les entrailles de la colline de ce quartier, sous les fondations d’une chapelle que les Allemands ont dissimulé tout un attirail militaire pendant l’occupation. Comme quoi, il ne faut pas se fier aux apparences !

Petite présentation du quartier de Mazargues

Situé tout au bout de Marseille, juste avant le massif des calanques, le quartier de Mazargues fait partie du 9e arrondissement de la ville. Il n’y a aucun vestige qui nous permet d’affirmer que ce quartier existait déjà à l’époque antique. Les actes les plus anciens concernant le quartier de Mazargues datent de 1096 et 1113. Ils proviennent de l’abbaye de Saint-Victor. À cette époque, Mazargues est bien loin d’une agglomération ! C’est un simple territoire qui dépend du quartier de Saint-Giniez. Au début du XIVe siècle, Mazargues devient peu à peu une seigneurie. Une seigneurie est une institution médiévale composée de l’ensemble des terres appartenant à un seigneur, lequel assure l’encadrement judiciaire et économique des habitants qui vivent sur ses terres.

Pendant longtemps, ce quartier était peuplé de pêcheurs. Ceux-ci pêchaient dans les calanques (Sormiou et Morgiou notamment). Ils utilisaient des ânes pour transporter le poisson à travers le massif jusqu’à la ville où ils vendaient leurs poissons. 

Mazargues aurait commencé à se développer de 1387 à 1389 lorsqu’une épidémie de Peste ravage Marseille. Une chapelle est alors édifiée en l’honneur de Saint-Roch (patron des pestiférés) et amène les Marseillais des alentours à s’installer dans le quartier.

Il existait jadis un château seigneurial à Mazargues mais il a été incendié à l’époque révolutionnaire.

Dans les années 1950-1960, le quartier de Mazargues est devenu le quartier de prédilection des maraîchers.

Mazargues est aujourd’hui un quartier aux allures de petit village. Pour y accéder, il suffit de remonter tout le boulevard Michelet. Le quartier s’organise autour de la rue Emile Zola, la rue principale du village sur laquelle se trouve de nombreux commerces.

L’obélisque de Mazargues

Notre balade débute sur le rond-point de Mazargues au bout du boulevard Michelet. C’est sur ce rond-point que se trouve l’obélisque. Cette obélisque marque le point d’entrée du quartier de Mazargues. Un obélisque est un monument monolithique. Cela signifie qu’il est constitué d’un seul bloc. Ces monuments relativement hauts étaient construits au temps de l’Egypte Antique. Ils avaient une place importante dans l’architecture sacrée et est l’une des premières représentations du dieu Atoum-Rê. Bâti près des temples, l’obélisque se compose de trois parties : 

  • le piédestal qui assure l’équilibre de l’ensemble architectural et souvent décoré par des babouins cynocéphales : des singes connus pour accueillir les rayons du soleil avec des cris perçants (pas mal comme réveil matin !).
  • le corps de l’obélisque : il est quadrangulaire et s’amincit vers le sommet. Il est décoré de symboles et de textes en hommage aux divinités.
  • le pyramidion qui est une petit pyramide placée au sommet de l’obélisque qui est décoré avec des scènes religieuses et des hommages au pharaon qui a fait construire l’obélisque. 

L’obélisque de Mazargues reprend les schémas des constructions égyptiennes. Il s’inspire d’ailleurs de l’obélisque de la Concorde de Paris qui avait été offert par le vice-roi et sultan d’Egypte au roi Charles X en 1831. 

L’obélisque de Mazargues est érigé en 1811 par l’architecte François Michaud. A l’époque de sa construction, Napoléon Ier revient en France après une campagne en Egypte et y installe une mode des obélisques !

À la naissance du fils de Napoléon Ier, le roi de Rome, le maire de Marseille propose d’ériger un obélisque pour rendre hommage à ce prince héritier de l’Empire de France. Un texte en son hommage est voté et gravé dans la pierre. À l’origine, l’obélisque est installé place Castellane.

L’obélisque de Mazargues a ensuite été dédié à plusieurs autres personnages : le Duc de Bordeaux ou encore au comte d’Artois. Les différentes inscriptions sont ensuite maquillées lors de la visite de Napoléon III à Marseille en 1860.

À la fin des années 1900, l’obélisque a bien failli être détruit ! En effet, le marbrier Jules Cantini convoite depuis longtemps le rond-point de la place Castellane. En 1908, il propose au maire de Marseille de réaliser à ses frais une fontaine monumentale taillée en marbre de Carrare. Initialement l’obélisque devait donc être détruit mais Jules Cantini n’a pas voulu “supporter les frais de démolition du monument actuel”. Ainsi, l’obélisque est déménagé en un seul morceau en 1911 à Mazargues.

Dans une délibération réalisée par la ville à cette époque on peut lire : A cet endroit, l’obélisque serait un point de repère indispensable pour parfaire l’esthétique de la plus belle et de la plus grande avenue de Marseille. Car sans certains monuments placés de loin en loin, les longues voies ne sont que des échappées uniformes, monotones et basses. En partant des portes d’Aix, le promeneur après avoir reposé son regard sur le monument de Castellane, le reporterait avant de l’égarer vers les lointaines collines du Redon, sur la colonne du rond-point de Mazargues. Ainsi comprise, cette avenue présenterait une splendide perspective.”

Le cimetière militaire allié

Depuis l’obélisque, engagez-vous sur le boulevard de la Concorde puis tournez à gauche sur la rue Ernest Rouvier. Au numéro 50, vous arriverez à l’entrée du cimetière de Mazargues. Engagez-vous à l’intérieur et traversez-le jusqu’à la porte qui communique avec le cimetière allié de Mazargues.

Pendant la Première Guerre Mondiale, Marseille a servi de base à des soldats indiens. Des soldats de la Royal Navy (les troupes maritimes de l’armée britannique), la marine marchande ou encore de l’unité des travailleurs ont travaillé ou sont passés par le port de Marseille pendant toute la durée de la guerre. 4 cimetières civils de la ville sont utilisés pour offrir des sépultures à des officiers et des soldats membres du Commonwealth qui moururent à Marseille pendant la guerre. Le Commonwealth est une organisation intergouvernementale où sont fédérés tous les anciens territoires britanniques. Ainsi, les corps des soldats indiens sont par exemple incinérés dans le cimetière de Saint-Pierre tandis que l’ancien et le nouveau cimetière du Canet accueillent les sépultures de travailleurs Indiens, Chinois et Égyptiens. Le cimetière de Mazargues est également utilisé mais il n’a pas beaucoup servi pendant la guerre. En revanche, dès l’Armistice, une extension de ce cimetière est créée. C’est dans cette extension que le cimetière allié de Mazargues voit le jour. Très vite, les corps et les cendres reposant dans les autres cimetières de Marseille y sont déplacés ainsi que les restes des soldats du cimetière communal de Port Saint-Louis du Rhône.

Ce cimetière accueille également les restes des aviateurs du Royaume-Uni et du Commonwealth décédés dans le sud de la France pendant la Seconde Guerre Mondiale.

D’une surface de 9021 m2, le cimetière militaire allié de Mazargues accueille et commémore les victimes de 1487 victimes de la Première Guerre Mondiale et 267 victimes de la Seconde Guerre Mondiale.

Contrairement aux autres cimetières militaires de France, celui-ci est particulièrement accueillant. Ce cimetière est pensé comme un véritable jardin de mémoire. 

À l’intérieur, tout est très symétrique et harmonieux. Le cimetière est tapissé d’un beau gazon à l’anglaise et fleuri à certains endroits. Il n’est entretenu que par un seul jardinier d’origine écossaise mandaté par le Commonwealth. Gérant du cimetière, il est également chargé de faire des recherches sur les disparus pour aiguiller les familles qui viennent au cimetière et sont souvent originaires de l’autre bout de la planète. A l’entrée du cimetière se dresse une immense croix avec à son pied un bassin d’eau qui diffuse un filet d’eau le long d’un canal central. 

Les tombes sont toutes réalisées de la même manière. La seule différence réside dans les variations de blancs de leur peinture en raison des différentes époques.

L’église Saint-Roch

Depuis le cimetière allié de Mazargues, reprenez le boulevard Charles Paul et tournez à gauche sur la rue Ernest Rouvier. Continuez tout droit sur la rue Henri Tomassi puis tournez à gauche sur la rue de la Gendarmerie. Au croisement avec la rue Raoux, vous tournerez à droite pour arriver devant l’église Saint-Roch.

L’église Saint-Roch, plus communément nommée “église de Mazargues” n’est pas le premier édifice religieux du quartier. Il existait à l’origine une chapelle fondée au XIVe siècle par les seigneurs de Mazargues pour conjurer l’épidémie de Peste de 1387. Cette chapelle est tout naturellement placée sous le vocable de Saint-Roch, le patron des pestiférés.

Au cours de l’année 1616, l’église de Mazargues est placée sous la gestion des Trinitaires, un ordre religieux rédempteur : ils se donnent pour objectif de libérer les chrétiens en captivité lors des croisades. Les Trinitaires constituent la plus ancienne institution officielle de l’Église catholique œuvrant pour la rédemption sans armes à la main. Les Trinitaires sont remplacés en 1644 à la tête de l’église de Mazargues par les pères Carmes qui y célèbrent le culte jusqu’à la Révolution Française. Les pères Carmes appartiennent à l’ordre religieux du Carmel fondé par des ermites sur le mont Carmel en Palestine à la fin du XIIème siècle. Ils sont particulièrement connus pour leurs enseignements sur l’oraison (une forme de prière silencieuse). 

L’église de Mazargues est ouverte en 1803. Quelque temps plus tard, le curé Carbonel s’adresse à l’architecte Pascal Coste, un des architectes les plus en vue à l’époque pour agrandir l’église. En effet, la population du quartier de Mazargues ne cesse de croître et il n’y a plus assez de place dans l’édifice actuel.  L’église est terminée en 1851 et consacrée par l’évêque Eugène de Mazenod.

À l’extérieur, l’église de Mazargues se compose d’une nef centrale encadrée par deux bas-côtés délimités par une série de piliers. Le portail central est couronné d’un arc en plein cintre soutenu par deux piliers. L’intérieur de l’église est décoré de différentes œuvres. 

La seconde travée du collatéral est décorée par une fresque d’un artiste anonyme représentant le décès de Saint-Joseph soutenu par la Vierge et le Christ. Une nuée d’anges lui montre le chemin vers le paradis. Le bas côté gauche est orné d’un tableau du peintre Michel Serre représentant l’apothéose de Saint-Roch. Le chœur est décoré par une sculpture contemporaine réalisée par André Gence.

Le parc de la colline Saint-Joseph

Depuis l’église de Mazargues, faites le chemin inverse pour revenir sur la rue de la Gendarmerie puis sur la rue Henri Tomassi que vous remonterez sur la droite. Tournez à droite sur l’avenue du Maréchal de Lattre de Tassigny puis engagez-vous sur le chemin Jean Roubin. Prenez ensuite à gauche sur le boulevard du Redon. Vous arriverez bientôt à hauteur de la colline Saint-Joseph.

La colline Saint-Joseph est acquise par la ville en 1977 (à l’exception de la chapelle qui s’y trouve). Cette colline se compose d’une vaste étendue boisée traversée par de nombreux cheminements piétons qui font le bonheur des habitants du quartier et de tous ceux qui cherchent un peu de calme. Cette colline culmine à 152 mètres d’altitude.

Au XIXe siècle, l’auberge qui s’y trouvait permettait aux voyageurs de s’arrêter pour faire des provisions ou pour passer la nuit avant d’emprunter la route des gorges de Luminy qui mène à Cassis. Au sommet il y avait d’abord un oratoire (un petit édifice consacré à la prière) qui a été transformé en chapelle à partir de 1869. Elle est édifiée par la famille Rey Baillet, propriétaire de la colline à cette époque. La chapelle est encore visible de nos jours.

Jusqu’à l’occupation allemande, cette chapelle constitue un lieu de pèlerinage. L’armée du 3e Reich fait creuser un tunnel sous la chapelle pour y entreposer des munitions, le lieu a ensuite été interdit d’accès jusqu’à la fin de la guerre.

En 1960, la colline est ravagée par un incendie parti du chemin de la colline Saint-Joseph et qui s’est propagé à cause du mistral.

La ville de Marseille acquiert la colline en 1977. La chapelle et les trois villas qui l’entourent appartiennent à la congrégation des Soeurs de Notre-Dame de Charité du Bon Pasteur. 

La ville y réalise plusieurs aménagements. La création de chemins piétons, la mise en place d’un système d’arrosage ( qui a d’ailleurs permis de maîtriser deux départs d’incendies durant les étés 1980 et 2000), des espaces de jeux pour enfants, des tables de pique-nique, ainsi qu’un parcours sportif.

Depuis le sommet de la colline, on dispose d’une vue panoramique sur tout Marseille. Ce parc est ouvert tous les jours 24h/24. Il fait probablement partie des parcs les plus secrets de Marseille mais ce n’est pas pour autant qu’il ne mérite pas qu’on y jette un coup d’œil.


Les lieux par lesquels vous allez passer

L’Obelisque de Mazargues


Érigé en 1811 en l'honneur de la naissance du Roi de Rome, fils de Napoléon Ier, puis déplacé en 1911 au Tond-Point de Mazargues, l'Obélisque de Mazargues est aujourd'hui un point de repère et un lieu de rendez-vous prisé des marseillais. Ce monument a certes perdu de sa majesté mais il reste un lieu phare de Marseille avec ses paniers fleuris disposés tout autour.
Adresse lieu : Rond-Point de Mazargues
13009 Marseille

Parc de la colline Saint Joseph

- Du 01 Janvier au 31 Décembre Lundi : de 08h00 à 17h30 Mardi : de 08h00 à 17h30 Mercredi : de 08h00 à 17h30 Jeudi : de 08h00 à 17h30 Vendredi : de 08h00 à 17h30 Samedi : de 08h00 à 17h30 Dimanche : de 08h00 à 17h30
Le parc Acquise par la Ville en 1977, à l'exception de la chapelle et de ses abords immédiats, la colline Saint-Joseph est un vaste espace de nature bien boisé, riche en cheminements piétonniers et très apprécié des habitants des grands ensembles résidentiels qui l'entourent. Aménagée en espace vert, la colline a été dotée de jeux d'enfants. Au XIXe siècle, l’auberge qui s’y trouvait permettait aux voyageurs de s’arrêter pour faire des ...
Adresse lieu : 267D Bd du Redon
13009 Marseille
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