Cette semaine, partez à la découverte des secrets de Saint-Barnabé, petit village Marseillais situé dans le 12e arrondissement.
Petit topo sur le village de Saint-Barnabé
Saint-Barnabé est l’un des nombreux quartier-village de Marseille situé à 100 mètres d’altitude sur un plateau à l’est de la ville. La présence humaine est très ancienne sur le site de Saint-Barnabé. Les historiens supposent que le lieu était déjà peuplé au moment de la fondation de Marseille : en 600 avant Jésus-Christ par une tribu ligure. Des vestiges d’une occupation ligure ont été retrouvés à Saint-Julien, un quartier attenant à celui de Saint-Barnabé. Si rien n’est sûr concernant cette tribu ligure, des fouilles organisées en 1860 attestent d’une présence dans l’Antiquité romaine. Des tombes en briques ont été retrouvées dans une ancienne propriété. Des fouilles auraient également permis de découvrir des pièces de monnaie en bronze datant de l’empereur Commode.
C’est au cours du Moyen-Âge que le village de Saint-Barnabé commence réellement à se développer. C’est avant tout un quartier paysan. Avant l’arrivée du canal de Marseille, Saint-Barnabé est un haut lieu de l’agriculture sèche. C’est un lieu encore très rural où s’étalent les champs de vignes et les oliviers. Les riches familles marseillaises y possédaient des dépendances et appréciaient de s’y rendre pour fuir la ville lors des épidémies de choléra.
On retrouve encore aujourd’hui de nombreuses bastides sur le territoire de Saint-Barnabé qui témoignent de son passé bourgeois. Dans le centre du village, la plupart des petites maisons datent du XIXe siècle.
Notre balade débute à la sortie de la station de métro Saint-Barnabé. Construite en 2010 par le cabinet d’architecte Aveyrous et Simay, elle permet aux habitants de rejoindre le Vieux-Port en seulement 10 minutes. Déjà très prisé pour son cadre de vie, le village n’en devient que plus populaire. La station de métro se situe sur la place principale du village : la place Caire.
L’église de Saint-Barnabé
L’édifice religieux actuel date du XIXe siècle mais l’église est en réalité beaucoup plus ancienne et son histoire est étroitement liée à celle du village. Au XVe siècle, Barnabé Capelle, un riche notaire qui exerce à Marseille achète une terre où se trouve une petite chapelle. Il fait alors don d’un retable : une construction verticale décorée avec des sculptures ou des peintures que l’on place derrière l’autel dans les églises. Le retable a été perdu au moment de la destruction de la chapelle en 1666 mais en guise de reconnaissance, les habitants du hameau décident d’honorer Barnabé Capelle en consacrant la chapelle à Saint Barnabé. Un acte qui donnera par extension son nom au village. Une église sera construite à la place de la chapelle.
La construction de l’église actuelle de Saint-Barnabé débute en 1845 sur les plans du célèbre architecte Pascal Coste à qui les Marseillais doivent également le Palais de la Bourse. L’église est construite dans une architecture mélangeant les styles néo-classique et néo-roman.
L’église est achevée en 1846 mais sans le clocher. Le clocher date de 1892. Il est financé par deux mécènes : les frères Pierre et Jules Caire. Ils possédaient une propriété non loin de l’église et ont décidé d’apporter les fonds nécessaires pour la construction d’un clocher qu’ils pourraient voir depuis chez eux, ce qui explique que celui-ci soit particulièrement haut. Les travaux ont duré plus de trois ans. Sur la façade de l’église ont été apposées les statues de Saint-Barnabé mais aussi de Saint-Jules et Saint-Pierre en hommage aux deux frères Caire.
La petite chapelle Notre-Dame située juste à côté de l’église abrite le presbytère.
La Brasserie du Terminus
Ouverte depuis 1890, la Brasserie du Terminus était autrefois un bar. C’était un véritable lieu de communication qui se situait sur le passage de la ligne de tramway qui allait au village des Caillols et du trolleybus qui se situaient place Caire. Encore aujourd’hui, la brasserie reste l’un des principaux lieux de vie du quartier : la terrasse y est souvent pleine en été comme en hiver et des soirées à thèmes y sont régulièrement organisées.
Le château de Saint-Barnabé
Engagez-vous dans la rue Montaigne, la rue principale du village. Après quelques mètres sur la gauche vous tomberez sur le château de Saint-Barnabé. Cette bastide fut construite au XVIIIe siècle probablement sur l’initiative d’Antoine de Perrache de Pierrerue, un riche bourgeois. À sa mort, le château changera de propriétaire pas moins de 10 fois avant de devenir en 1906 la propriété du célèbre marbrier Jules Cantini. Il la transforme alors en maison de retraite. Lorsqu’il décède en 1916, la bastide est léguée à son épouse puis à la Ville de Marseille.
Peu de temps après la maison de retraite est fermée et le château est racheté par des restaurateurs lyonnais. Il se transforme alors en un hôtel-restaurant luxueux. Le lieu était très réputé et les familles aisées de Marseille appréciaient de venir y déjeuner le dimanche. Il n’était pas rare d’y croiser des joueurs de l’Olympique de Marseille qui venaient se détendre avant un match. D’autres personnages illustres sont venus y séjourner : Alphonse de Lamartine, Auguste Chabaud ou encore Joseph d’Arbaud.
Lorsque l’hôtel finit par fermer ses portes en 1964, le château est malheureusement laissé à l’abandon pendant plus de 20 ans à tel point que l’on en oubliera même son prestigieux passé. Les habitants de Saint-Barnabé finissent par créer une association pour la sauvegarde de ce lieu de peur de voir ce vestige du village détruit par les promoteurs immobiliers. Depuis 2011, le château de Saint-Barnabé accueille une crèche.
La rue Montaigne
Descendez la rue Montaigne. Cette rue représente le cœur animé du village : on y trouve l’essentiel de l’activité commerciale. Saint-Barnabé a l’avantage d’être un village où l’on trouve la plupart des objets du quotidien : des commerces de bouche, des vêtements, des objets déco, des fleurs etc. sans avoir besoin de descendre en centre-ville. Nombreux sont les commerces réputés qui sont installés dans la rue et certains sont déjà là depuis plusieurs générations : à l’image du magasin Jean-Philippe, ouvert en 1966 et qui était à l’époque le premier magasin de prêt-à-porter de Saint-Barnabé ou des coquillages Henry, une institution du quartier depuis 1957.
Vous arriverez bientôt au croisement de la rue Montaigne avec l’avenue Saint-Julien. L’endroit est symboliquement baptisé La Croix en référence au calvaire qui y était installé. C’est une croix qui commémore la Passion du Christ.
Le calvaire est aujourd’hui dissimulé derrière un monument aux morts en hommage aux victimes des deux guerres mondiales et inauguré en 1961.
L’allée De la Compassion
À partir du lieu-dit la Croix, commencez à descendre l’avenue de Saint Barnabé puis tournez à gauche après la pharmacie Decaroli pour prendre la rue Cadolive. Engagez-vous sur l’allée de la Compassion. Elle est facilement reconnaissable grâce à son entrée symbolisée par un portail en pierre. Ce portail délimitait autrefois l’entrée du domaine de la famille Blancarde et l’allée se nommait Chemin de la Blancarde. L’allée devient Allée de la Compassion en 1880 lorsque la congrégation religieuse qui se trouve au fond gagne en notoriété.
Avancez jusqu’au bout de l’allée. Tout au long de la promenade, vous découvrirez de part et d’autres de l’allée de splendides bastides bourgeoises. Vous déboucherez bientôt sur un portail en pierre qui symbolise l’entrée du domaine de la congrégation des sœurs de Notre-Dame de la Compassion. Une communauté de sœurs fondée le 16 juin 1843 par le père jésuite Jean-François Barthès sous l’impulsion de Monseigneur Mazenod (évêque de Marseille). Les religieuses de cette communauté étaient autrefois institutrices dans les différentes écoles de la région. En 1905, la loi promulguant la séparation de l’Eglise et de l’Etat met fin à leur activité. Elles suivent alors une formation d’aide-soignante. En 1945, elles achètent cette propriété de 3 hectares où elles pouvaient accueillir les orphelins, les dames âgées ainsi que les jeunes femmes qui quittaient la campagne pour venir travailler comme domestiques.
La spiritualité de cette communauté est dédiée à la Compassion de la Vierge Marie. Une spiritualité symbolisée par la sculpture du haut du portail représentant la Vierge Marie tenant dans ses bras Jésus au pied de la croix.
Aujourd’hui encore la congrégation accueille des dames âgées. 32 résidentes y vivent à l’année. Outre ce domaine, les religieuses possèdent également une résidence rue Saint Savournin à Marseille où elles accueillent 45 étudiantes et deux maisons d’accueil en Italie, à Rome et Naples.
Les sœurs cultivent des fruits dans leur jardin avec lesquelles elles réalisent des confitures. Les bénéfices récoltés sont reversées à Madagascar où les religieuses s’occupent des enfants d’un dispensaire. Il est possible de visiter le domaine à certaines périodes de l’année, notamment au moment des journées du patrimoine en septembre.
Le Château de Bois Luzy
Revenez sur vos pas le long de l’allée de la Compassion pour retomber sur l’avenue de Saint-Barnabé. Remontez-la vers le centre de Saint-Barnabé et tournez sur le boulevard Garoutte juste avant l’enseigne des Coquillages Henry. Continuez tout droit sur le Boulevard Garoutte. À un moment, le boulevard change de nom et devient boulevard Gavoty. Tournez à droite sur le boulevard Capus puis à gauche sur le boulevard Henri Fabre qui devient ensuite boulevard Moïse. Au rond-point, suivez l’avenue de Bois Luzy jusqu’au bout. Cette petite ballade d’une vingtaine de minutes vous permettra de découvrir de belles maisons ainsi que le quartier de Bois Luzy, un quartier attenant à celui de Saint-Barnabé.
Bois Luzy était autrefois un véritable domaine composé de bois, de vergers, de vignes et d’une ferme. Au XVIIe siècle, le château existait déjà et appartenait à la célèbre famille de Ruffi qui possédait tout le domaine de Bois Luzy. Il resta dans la famille pendant 6 générations. En 1724, l’historien Louis Antoine de Ruffi décède et le château connaît divers propriétaires avant que la propriété ne soit acquise par Charles Guillaume Bazin : un célèbre armateur d’origine suisse. C’est lui qui donne son nom au château, Luzy étant le surnom de son épouse. Le château de Bois Luzy reviendra ensuite au Comte de Saint Alary, négociant et propriétaire de canne à sucre en Guadeloupe. Il agrandit le domaine et c’est à lui que l’on doit la forme actuelle du château, de style Second-Empire.
Lorsque la famille de Saint Alary s’en sépare, le château finit par devenir la propriété de la Ville. Divers occupants se sont alors succédés. En 1939, le château était une maison de repos pour la Police. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, il a été réquisitionné par l’armée allemande. Aujourd’hui le château est devenu une auberge de jeunesse. On ne peut pas y accéder mais on peut le contempler de très près. Il suffit de traverser le parc de la Molline.
Depuis le bas du château, vous bénéficierez d’une vue sur Marseille, la mer et Notre-Dame de la Garde.
Les terres du domaine de Bois Luzy ont au fil du temps était remplacées par un quartier résidentiel peuplé de villas et de petites maisons où il fait bon vivre.