Cette semaine, partez à la découverte du plus ancien quartier de Marseille qui conserve son allure d’antan et son esprit de petit village provençal !
Quelques mots sur le Panier
Avant de débuter notre balade, revenons quelques instants sur l’histoire du Panier. On parle de lui comme le plus vieux quartier de Marseille car il est le site d’implantation historique des grecs lorsqu’ils ont fondé Marseille en 600 avant Jésus-Christ. En effet, ce lieu en hauteur et face à la mer représentait une position idéale en matière de défense.
Les ruelles étroites qui débouchent sur des petites places aux allures villageoises témoignent de l’histoire très ancienne du Panier qui semble hors du temps dans la grande ville qu’est devenue Marseille. Pourtant le Panier n’a pas toujours été paisible. Au XIXe et XXe siècle, le Panier est un lieu insalubre qui a mauvaise réputation, connu pour sa prostitution et son banditisme.
Pendant la Seconde Guerre Mondiale, le quartier devient un refuge pour les résistants. Les allemands décident de raser le quartier. En 1943, plus de 30 000 personnes furent expulsés. 1500 immeubles ont été détruits au niveau de la partie basse du quartier allant jusqu’au Vieux-Port. Seul l’hôtel de ville a été conservé. A la fin du XXe siècle, d’importantes opérations de construction sont réalisées pour réaménager cette partie du quartier dévastée. Cela explique le contraste saisissant entre les immeubles modernes des rues juste derrière le Vieux-Port et les petites maisons colorées du reste du quartier.
Ce quartier à l’ambiance conviviale est aussi un lieu d’art en tout genre ! N’hésitez-pas à vous perdre dans ses petites rues pour trouver des œuvres de street-art toutes plus belles les unes que les autres !
L’hôtel Dieu
Nous commençons notre balade au bas du Panier. En montant les marches de la place Villeneuve-Bargemon, vous pourrez admirer les immeubles du XXe siècle qui ont succédé aux destructions de la Seconde Guerre Mondiale. Vous arriverez face au majestueux bâtiment de l’hôtel Intercontinental.
Le bâtiment n’a pas toujours été un hôtel. Le premier hôpital de Marseille, l’hôpital du Saint-Esprit était installé en ces lieux depuis le XIII e siècle. On y soignait les malades et les enfants abandonnés.
C’est en 1593 qu’est réalisé le majestueux ensemble architectural que l’on peut encore contempler aujourd’hui grâce aux dons récupérés auprès de nombreux bienfaiteurs. Il prend alors le nom d’hôtel Dieu, un terme très utilisé au Moyen-Age pour désigner l’hôpital le plus important d’une ville.
Sous l’Ancien Régime, l’hôpital se différencie des autres hôpitaux français car le personnel qui y exerce est exclusivement laïc. L’hôpital fermera ses portes en 1720 au moment de la Grande Peste et rouvrira en 1722. Il a été agrandi à de nombreuses reprises car le personnel finissait toujours par manquer de place face à la croissance importante de la population Marseillaise.
En 1993, l’hôpital accueille ses derniers malades et devient ensuite un hôpital universitaire. On y enseignait les professions de sage-femme, d’infirmier, d’anesthésiste ou encore d’auxiliaire de puériculture. Cette activité perdure jusqu’en 2006. En 2007, le groupe AXA Real Estate investit 120 millions d’euro pour faire de ce bâtiment un hôtel de luxe. Celui-ci sera inauguré en 2013 après 3 ans de travaux.
L’hôtel Daviel
Juste en face de l’hôtel Intercontinental, vous pourrez contempler le bâtiment de l’hôtel Daviel. Construit entre 1743 et 1747 par les frères Gérard, l’hôtel Daviel est ainsi nommé en référence à Jacques Daviel, chirurgien et ophtalmologue français qui s’était porté volontaire parmi de nombreux autres chirurgien pour porter secours à Marseille au moment de l’épidémie de Peste. Cet hôtel abrite le premier palais de Justice de Marseille. Son entrée est d’ailleurs surplombée d’un balcon en fer où la justice était rendue en public selon les coutumes de la Révolution. En 1862, les locaux de l’hôtel Daviel sont jugés trop petits et le palais de justice est déplacé à son emplacement actuel, place Monthyon.
l’église Notre-Dame des Accoules
Quelques mètres après le pavillon Daviel, vous découvrirez sur votre droite l’église Notre-Dame des Accoules.C’est une des plus anciennes églises de Marseille puisqu’elle existe depuis le XI e siècle. Elle a toutefois subi de nombreux changements. En effet, l’église fut reconstruite une première fois au XIIIe siècle avant d’être rasée en 1794 ! A cette époque, l’église accueillait les assemblées de fédéralistes qui se soulevaient contre la Convention, un régime politique qui gouverne la France au moment de la Révolution Française. Après la défaite des fédéralistes, le département des Bouches du Rhône ordonne de détruire tous les bâtiments qui ont servi de repaire aux révolutionnaires. Notre-Dame-des-Accoules comme plusieurs autres églises Marseillaises sera alors rasée. Curieusement, seul le clocher de l’église sera épargné. C’est probablement son horloge qui l’a sauvé car en sonnant toutes les heures, elle permettait de donner l’heure à tous les ouvriers du port ! L’église actuelle fut construite au XIXe siècle.
La montée des Accoules
Engagez-vous le long de la rue Caisserie, puis tournez à droite pour gravir les marches de la Montée des Accoules. Elle était autrefois appelée « montée de l’Observatoire » en référence au numéro 28 où des jésuites avaient installé en 1702 un observatoire. Le bâtiment appelé « maison de Sainte Croix » faisait aussi office de collège où l’on enseignait les langues orientales. En 1749, les jésuites sont expulsés de la maison de sainte Croix et l’observatoire devient l’Observatoire royal de la Marine. Il resta en activité jusqu’à son transfert à Longchamp en 1863. Le bâtiment est toujours visible mais il est malheureusement laissé à l’abandon.
La rue du Panier
Au sommet de la montée des Accoules, tournez à droite sur la rue du Refuge et remontez la jusqu’à la rue du Panier. C’est la rue principale du quartier. Elle le traverse du levant au couchant. Peuplée de petits commerces d’artisanat et de quelques restaurants, la rue du Panier abritait jadis le logis du Panier, une auberge populaire qui aurait donné son nom à la rue puis au quartier.
La Vieille Charité
C’est probablement le monument le plus célèbre de ce quartier ! La Vieille Charité est construite en 1640 à la suite d’un édit royal ordonnant que les pauvres et les mendiants soient « enfermés ». C’est l’architecte Pierre Puget qui en réalise alors les plans. La Vieille Charité constituera d’ailleurs l’une des ses plus grandes réalisations. Pendant plus d’un siècle, le bâtiment fait office de refuge pour les indigents et de la ville. Pendant la Première Guerre Mondiale, la Vieille Charité est transformée en caserne militaire. Après le Seconde Guerre Mondiale, la Vieille Charité est convertie en logement social pour les familles du quartier qui ont vu leur logement détruit par les bombardements allemands. C’est sous l’impulsion de l’architecte Le Corbusier qui trouvait impensable que ce bâtiment soit peu à peu laissé l’abandon que la Vieille Charité est classée monument historique en 1961. Elle sera alors entièrement réhabilitée et restaurée.
Aujourd’hui la Vieille Charité est devenue un centre culturel et muséographique. Deux musées y sont installés : le musée d’archéologie méditerranéenne situé au premier étage et le musée d’arts africains, océaniens et amérindiens situé au deuxième étage. Des institutions de recherche telles que le centre Norbert Elias sont également implantées à la Vieille Charité ainsi que le centre internationale de poésie de Marseille.
La chapelle érigée au centre du lieu avec sa coupole ovoïde est remarquable pour son architecture caractéristique du style baroque italien.
La place des 13 Cantons
Depuis la Vieille Charité, emprunter la rue du Petit Puits pour arriver sur la place des 13 cantons. C’est une très jolie place aux devantures colorées. Elle tient son nom d’une ancienne auberge appelée les 13 cantons, fondée par un suisse au XVIIe siècle, époque où la suisse était elle-même divisée en 13 cantons.
Cette place a été rendue célèbre par le feuilleton Plus Belle la Vie. Selon les croyances populaires, c’est le bar des 13 coins qui aurait inspiré le décor du Mistral, le bar fictif dans lequel se retrouvent tous les protagonistes de la série.
La place de Lenche
Empruntez les escaliers près du bar des 13 coins pour quitter la place, remontez la rue de l’êvéché sur votre gauche pour arriver jusqu’à la place de Lenche. La place de Lenche se situe sur l’emplacement de l’ancienne agora grecque, ce qui fait d’elle la plus ancienne place de la ville.
Dans la Grèce antique, l’agora est une grande place publique. C’est un lieu de rassemblement social et politique. À Marseille, les grecs avait choisi comme agora l’emplacement actuel de la place de Lenche car ils pouvaient facilement surveiller les activités du port depuis cette place.
La place de Lenche tient son nom d’une famille corse installée à Marseille qui y fit construire un hôtel particulier au XVIe siècle. Elle est aujourd’hui peuplée de nombreux bars et restaurants où les Marseillais apprécient de se retrouver en terrasse dès le retour des beaux jours. Là encore le contraste est saisissant entre les grands immeubles de béton du XXe siècle situés en bas de la place et les petites façades colorées des rues avoisinantes. La place offre une jolie vu sur Notre-Dame de la Garde.