Le théâtre de l’Odéon est l’une des plus anciennes salles de spectacle Marseillaises. Installé sur la Canebière depuis 1923, il a toujours été un haut lieu de la culture à Marseille. Cinéma, représentations de music hall, opérettes marseillaises, pièces de théâtre, etc. Beaucoup de disciplines culturelles et d’artistes se sont succédés sur les planches de l’Odéon. Le théâtre a même permis à certains artistes Marseillais de renom de débuter leur carrière.
L’histoire du théâtre de l’Odéon
Les débuts de l’Odéon en tant que cinéma
En 1923, d’anciennes écuries situées aux allées Meilhan sont fermées pour être transformées en salle de spectacle. Les allées Meilhan constituent la troisième partie de l’actuelle Canebière située entre le boulevard Dugommier et les Réformés Canebière. À l’époque, ce secteur est réputé pour ses salles de spectacles et de cinéma.
Au départ, le théâtre de l’Odéon est une salle de cinéma de 1600 places réparties sur 3 niveaux. À l’époque, le cinéma de l’Odéon est intégré au circuit de la Paramount, l’une des plus grandes sociétés de production cinématographique. L’Odéon diffuse alors de nombreux films de cette société notamment les films tournés au studio de Saint-Maurice dans le Val-de-Marne par la Paramount Française. L’Odéon projette ainsi des films comme Dédé, une comédie musicale réalisée par René Guissart, Topaze de Louis Gasnier ou encore Il est charmant de Louis Mercanton.
En 1933, la société rencontre des difficultés financières. Elle est alors contrainte de vendre les studios de Saint-Maurice et de céder les cinémas qu’elle comptait dans son circuit, hormis le Paramount Opéra de Paris qu’elle conserve.
L’Odéon devient peu à peu un lieu de représentation
Ce n’est pas pour autant la fin de l’Odéon. En 1934, le cinéma est rénové par l’architecte Eugène Chirié. Entre les années 1930 et 1940, la salle programme de nombreuses opérettes Marseillaises. L’odéon reste très attaché à ses opérettes Marseillaises qui ont contribué à sa renommée. Nous vous parlerons des opérettes Marseillaises en détail un peu plus bas. À partir des années 1940, il est également possible d’assister à des représentations de music-hall.
Au début de la Seconde Guerre Mondiale, les films américains sont interdits dans toutes les zones occupées. Marseille n’est occupée par les Allemands qu’à partir de 1943. Jusque-là l’Odéon intègre dans sa projection de grands films américains exclusifs.
Dans les années 1960, l’influence théâtrale du cinéma disparaît peu à peu. On y vient désormais pour voir de grosses productions sur un écran incurvé de 70 MM telles que Spartacus, La mélodie du bonheur ou encore Paris brûle-t-il ? Les films restent en salle durant de nombreuses semaines. Une seconde salle de 300 fauteuils est même ouverte dans l’enceinte de l’Odéon. Elle se nomme le Capri.
Au début des années 70, c’est le début d’une période difficile pour le cinéma de l’Odéon. La télévision se développe progressivement et les gens désertent le cinéma. L’Odéon ferme ses portes en 1987. Pendant un temps, l’édifice accueille la Maison Méditerranéenne de l’Image. La Ville de Marseille rachète l’Odéon en 1996 pour le transformer en théâtre.
Les différents artistes qui ont débuté leur carrière au théâtre de l’Odéon
Durant de nombreuses années, l’Odéon était avant tout une salle consacrée au cinéma mais à l’époque de l’ouverture de ce lieu, au cinéma il y a une entracte. L’entracte était un moyen de couper en deux un film trop long, de permettre aux gens de se dégourdir les jambes et/ou d’aller acheter des confiseries. Souvent, les salles de cinéma faisaient appel à des chanteurs pour faire l’animation durant les entractes. C’est comme cela que l’Odéon a vu passer sur ses planches les plus grands artistes de l’époque : Joséphine Baker, Edith Piaf ou encore Maurice Chevalier. L’Odéon finit par devenir, avec la salle de l’Alcazar, un véritable temple du music-hall.
Fernandel
Certains artistes ont même vu leur carrière décoller à l’Odéon. C’est le cas de Fernandel par exemple. Issu d’une famille piémontaise, il naît à Marseille en 1903. Ses parents sont tous les deux comédiens amateurs et remarquent rapidement le talent artistique du jeune Fernandel. Celui-ci suit son père lors de ses différentes représentations en banlieue de Marseille et monte lui aussi sur les planches en tant que chanteur amateur. En 1926, l’Odéon fait encore partie du circuit de la Paramount, le directeur de l’Odéon engage Fernandel pour remplacer un comédien parisien pour une représentation. Pour son premier rôle, il incarne un comique troupier : Le Tourlourou. Jean Faraud, directeur de la Paramount était présent dans la salle pour l’une des représentations du spectacle et engage Fernandel pour faire l’animation dans les différents cinémas de la Paramount pendant les entractes.
Yves Montand
Yves Montand passe également par l’Odéon de Marseille au début de sa carrière. Originaire d’Italie, Yves Montand (Ivo Livi de son vrai nom) fuit l’Italie fasciste avec sa famille au début des années 1920 et s’installe à Marseille. Yves Montand se passionne pour le cinéma et les comédies musicales américaines. Il tente d’en faire son métier et débute sur les planches des cabarets Marseillais. Sa première grande représentation est à l’Alcazar. Il y joue sa toute première chanson originale : “Dans les plaines du Far-West”. Le célèbre producteur Emile Audiffred le remarque.
Au printemps 1941, c’est la consécration pour Yves Montand à l’Odéon qui sollicite son passage. Yves Montand n’a pas encore un répertoire de chanson très étoffé mais il impressionne le public par sa façon de se mettre en scène. Le journal Le Petit Provençal lui consacre un article et le qualifie de “Révélation de la saison”. Il remonte plusieurs fois sur la scène de l’Odéon ensuite avant de se produire à Paris.
Un lieu de développement pour les opérettes
Qu’est-ce qu’une opérette ?
Si l’Odéon a vu naître la carrière de grands artistes comme Fernandel et Yves Montand, c’est également un des lieux principaux de diffusion pour les opérettes Marseillaises. L’opérette Marseillaise, c’est un genre musical qui naît dans les années 1930. Cela fait de Marseille la seule ville en France à avoir donné son nom à un style musical.
Le parolier René Sarvil et le musicien Vincent Scotto s’associent pour créer l’opérette Marseillaise. Tout comme l’opérette classique, l’opérette Marseillaise est un spectacle qui mêle comédie, chant et danse. L’opérette naît dans un contexte bien précis. A l’époque, le public commence à bouder l’opéra jugé trop long et trop pompeux. L’opérette est un moyen d’attirer à nouveau le public dans les salles en proposant un spectacle plus léger, avec une dimension humoristique. Les opérettes Marseillaises dépeignent avec humour les mœurs et les coutumes provençales. Elles sont lancées en 1930 après le succès retentissant de Marcel Pagnol et sa pièce de théâtre “Marius” à Paris.
Vincent Scotto et Henri Sarvil se rencontrent grâce à Henri Alibert (beau-fils de Vincent Scotto). Alibert possède déjà une petite notoriété dans la chanson en France. Il leur propose alors de créer l’opérette “La revue Marseillaise” dont il sera la vedette principale. De cette opérette, on garde encore deux chansons très connues encore dans le sud aujourd’hui : “La chanson du cabanon” et “Zou ! un peu d’aïoli”.
Quelques opérettes célèbres
Après le succès de la Revue Marseillaise, les opérettes s’enchaînent La chanteuse Marseillaise Mireille Ponsard est également à l’affiche de plusieurs opérettes. Parmi les plus célèbres, on retrouve : Au Pays du soleil sortie en 1932, Un de la Canebière en 1935 ou encore Ça c’est Marseille. Le genre plaît beaucoup à Paris.
A Marseille, les représentations des opérettes se jouent à l’Alcazar et à l’Odéon. Elles sont également très appréciées. Il faut dire que les Marseillais sont fiers de ces pièces qui parlent d’eux et rencontrent un succès en France. Par la suite, le producteur Emile Audiffred, produit également plusieurs opérettes Marseillaises. Nombreuses sont celles qui ont été montées et écrites à l’Odéon de Marseille : Voilà Marseille en 1940, Port du soleil en 1942, L’escale du bonheur en 1940 etc. En 1945, Alibert, Vincent Scotto et Henri Sarvil collaborent une dernière fois sur une opérette Marseillaise : Les gauchos de Marseille. Cette opérette est montée à Lyon le 18 mai 1945 puis à l’Odéon en octobre 1946. Ce sera leur dernier succès. Les gens se désintéressent ensuite peu à peu de l’opérette Marseillaise.
Pour plus d’informations sur les opérettes Marseillaises vous pouvez consulter l’article de Jean-Pierre Pasqualini sur le site web de la SACEM.
Que devient l’Odéon ?
L’Odéon est toujours un théâtre aujourd’hui. En 2014, l’Odéon s’associe à l’Opéra de Marseille. Si l’Opéra est consacré aux ballets et aux opéras classiques, l’Odéon est resté très attaché à sa réputation de music-hall et de salle populaire. Le théâtre n’oublie pas ceux qui ont fait sa réputation au siècle dernier et programme encore des opérettes aujourd’hui ! Vous y retrouverez également des représentations de théâtre et des spectacles d’humoristes.