Alors que l’été approche, (si, si, en février on est déjà dans les starting-blocks) il est temps de faire un passage en revue des boissons bien de chez nous. Si certaines sont connues comme étant de purs produits phocéens, vous verrez que pour d’autres, la filiation avec Marseille (ou la Provence) est plus étonnante.
Le Pastaga
Commençons tout de suite par la plus évidente. Si vous demandez à n’importe qui de vous citer une boisson de Marseille, il y a 120 % de chance pour qu’il vous réponde « le pastis ». À l’origine, c’est pour remplacer l’absinthe que Paul Ricard invente le pastis. La « fée verte » est accusée de rendre les gens fous, à cause des plantes et non des 70 degrés d’alcool qu’elle contient. Allez comprendre. Toujours est-il que le succès de cette boisson anisée est fulgurant, devenant le symbole de l’apéritif à la française dans le monde entier. Paul Ricard donne son nom à la boisson et invente le mot « Pastis », de « pastisson » (mélange) en provençal.
Le Pacific
Si vous cherchez une alternative sans alcool au pastis, c’est simple : commandez un Pacific. Simple ? Pas tant que ça. En commandant un Pacific, vous risquez de « marquer mal », comme on dit chez nous. Un peu comme un vegan qui demande un steak de soja lors d’un barbecue. Dans le dernier cas, il vaut mieux se contenter de manger les légumes et les chips et faire profil bas. C’est pareil au bar, commandez un sirop si vous ne voulez pas vous faire remarquer. Maintenant si vous vous demandez : quel goût cet ersatz de Pastis peut-il bien avoir ? Imaginez le goût du pastis, mais sans alcool, et voilà. C’est en fait assez bon (si vous aimez l’anis bien sûr) mais ne répétez à personne que c’est moi qui vous l’ai dit.
Le rosé
Bien évidemment, le rosé n’est pas de Marseille à proprement parler mais on en boit tellement l’été qu’on a fini par croire que nous l’avions inventé. Cela dit, la production reste très méridionale, le rosé étant particulièrement populaire dans le sud-est où il est consommé bien bien frais dans un ballon en présence de soleil, de pins et de cigales. Vous aurez noté que j’emploie bien le terme « rosé » et non « vin rosé ». Faites de même si vous voulez éviter de passer pour un touriste.
Le Pac à l’eau
En parlant de touriste, si vous souhaitez vous soustraire au sobriquet d’Estranger (voire de Parisien), ne demandez pas non plus de « sirop de citron ». Là encore, ce sont les termes qui importent. Préférez plutôt demander un « Pac à l’eau » ou à la limite un « Pac citron ». Pac étant une marque de sirop provençale qui remonte aux années soixante. Au niveau gustatif, ne vous attendez pas à une révolution papillaire. Ça ressemble à du sirop de citron, ça sent le sirop de citron ça se consomme comme du sirop de citron et ça a finalement pas mal le goût de sirop de citron.
Le Gambetta-limonade
Le Gambetta est un sirop originaire d’Aubagne, produit aujourd’hui dans le Vaucluse. C’est un breuvage obtenu à partir de la macération de plantes, de fruits et d’écorces de plantes. Ça c’est pour la version officielle. Si vous demandez à quelqu’un d’ici il vous répondra « c’est une sorte de sirop de figue ». Si le titre du paragraphe est « le Gambetta-limonade » c’est car cette déclinaison est, avec le demi-Gambetta -allongé à la bière-, la seule acceptable du Gambetta. Et à mon avis le banger des boissons sans alcool de l’été. À tester absolument si ce n’est déjà fait.
Le Picon
QUOI ??? Le Picon-bière, LA boisson du nord de la France, de Marseille ? Mais qu’est-ce que c’est que ce pastis ?
Si vous en doutez, je vous laisse avec cet article du Tarpin Bien qui raconte les origines marseillaises du Picon. Tremble Dany Boon.
Les bières marseillaises
Et puisque l’on parle de bière, vous n’êtes pas sans savoir que la gentrification a amené dans les milieux urbains son lot de bières locales et Marseille n’y fait pas exception. Vous trouverez la plus célèbre d’entre elles, « La Cagole » un peu partout, mais les autres brasseries locales ne sont pas en reste. Vous pourrez faire votre choix entre la Brasserie des Maltfaiteurs, Zoumaï, la Brasserie de la Plaine, la Minotte et bien d’autres !
Le Fada Cola
Dans la veine de toutes les alternatives au Coca qui ont fleuri dans les années 2000, Marseille a aussi eu son cola provençal. Produit par la brasserie La Cagole et assez difficile à trouver , il n’a pas eu le succès de son cousin breton, le célèbre Breizh Cola. Discret, il a eu l’élégance de ne pas faire de vagues comme le Mecca-Cola. Est-ce meilleur que le Coca ? Je ne peux pas vous dire, je ne fais pas partie des élus qui ont pu y goûter mais si c’est votre cas, partagez-nous votre expérience dans les commentaires.
Le Chibre Bleu
Ça a l’air d’être une blague, et quelque part c’en est une mais cette boisson existe bel et bien. Issu d’un délire d’étudiants, ce soda au nom et à la couleur baroques a eu son petit succès et est trouvable dans les soirées étudiantes ainsi que dans certains supermarchés du coin. Pour ma part, j’ai eu l’occasion d’y goûter et je reconnais que c’est pas mal pour qui aime les sodas. L’intérêt réside principalement dans le fait de faire son petit effet en débarquant dans une soirée avec cette bouteille insolite.
Orangina
Bon c’est un peu tiré par les cheveux mais il se trouve que Léon Beton découvre « Naranjina », une boisson à base d’orange créée par un pharmacien espagnol à la foire de Marseille en 1935. C’est ensuite depuis l’Algérie qu’il crée le fameux soda et qu’il le commercialise. En 1956, il crée la Société Rhône Orangina à Marseille, ce qui sera le début de l’épopée Orangina telle qu’on la connaît avec les pubs, la lambada, etc. Aujourd’hui la marque appartient à un groupe japonais.
Quebec
Vous souvenez-vous du Quebec ? Créé vers 1954 à Aix-en-Provence, ce soda a connu ses heures de gloire dans les années 90 avant de disparaître peu à peu des radars. Certains l’appelaient alors « le coca algérien » car il a un temps appartenu au groupe algérien « Selecto », avant de changer de main à plusieurs reprises. Il est en fait assez difficile de remonter aux origines de cette boisson même si elle est avant tout présente dans le quart sud-est. Si vous êtes nostalgique, sachez que vous pouvez à nouveau en trouver depuis 2020 sous le nom « Québec l’original ». Les actuels détenteurs la marque, qui ont relancé la boisson tout en gardant la recette, insistent dans leur communication sur les origines provençales du breuvage. Oui, même si ça s’appelle « Quebec » et que l’emblème est un ours.
La Bastragouelle
Écrasez quelques feuilles de menthe au fond d’un verre et ajoutez-y 2 fleurs de lavande. Versez ensuite 4cl de liqueur de thym au fond du verre et laissez reposer 5 heures au congélateur. Allongez le tout avec 20cl de limonade, ajoutez quelques gouttes de fleur d’oranger et une pincée de piment d’Espelette. C’est prêt.
Comment je sais que c’est de Marseille ? Eh, parce que je viens de l’inventer pardi !
Alors mèfi ! Ne buvez pas n’importe quoi et si vous voulez boire un rafraîchissement typiquement provençal cet été, faites votre sélection dans la liste précédente. Pour ma part ce sera un Gambetta-limonade. Longo mai !