Rencontre avec Ileana Diéguez Caballero • Cuerpos sin duelo

VENDREDI 12 OCTOBRE 2018 • 20h
RENCONTRE AVEC ILEANA DIEGUEZ CABALLERO
Conférence – débat

La chercheuse et essayiste cubaine Ileana Diéguez Caballero est une référence incontournable dans les études de théâtrologie latino-américaine. Elle vit désormais au Mexique où elle est Professeur d’université au Département des sciences humaines de UAM-Cuajimalpa, à Mexico. Commissaire de nombreuses expositions visuelles et projets, conférencière reconnue, elle est l’auteur d’une œuvre importante. Ses recherches et publications abordent des thématiques liées à la représentation dans l’art contemporain et le théâtre, à travers les marges, la mémoire et la douleur. Son livre Escenarios liminales. Teatralidades, performances y política (2007) qui sonde la lisière entre la vie et l’art, l’éthique et l’esthétique, est considéré comme l’un des meilleurs ouvrages sur les pratiques théâtrales contemporaines en Amérique latine.

Dans le cadre de Mea Cuba, 3èmes journées de diffusion de la culture cubaine, elle nous fera l’honneur de sa venue, vendredi 12 octobre 2018, pour un entretien à L’Arca delle lingue autour de son dernier ouvrage, Cuerpos sin duelo et de son rapport à Cuba, une île qu’elle a quittée il y a vingt-quatre ans, pour s’installer définitivement au Mexique.

Cuerpos sin duelo est le résultat d’un travail intense de six ans, une plongée dans les affres de la violence et du deuil. Une recherche qui a poussé l’auteure à élargir le spectre du domaine théâtral à l’art contemporain : à travers les interventions urbaines, les installations, les performances ou le body-art, Ileana explore la mise en abyme de la douleur que provoque l’absence de corps dans le processus de deuil. Cartographie complexe des massacres contemporains au Mexique, en Colombie et au Pérou, le livre est un témoignage indispensable sur la dialectique entre douleur et création artistique. « Affronter l’horreur de cette manière, c’est à dire à travers la parole et l’image, en réfléchissant sur la douleur et la cruauté, implique un effort émotionnel que peu de personnes sont disposées à réaliser », explique Elsa Blair, dans la quatrième de couverture.

Au cours d’un entretien avec la chercheuse brésilienne Evelise Mendes, elle nous parlera de cette recherche, qui s’inscrit en filigrane comme une réflexion intime sur le deuil et la cubanité, une « croix » qu’elle porte encore aujourd’hui à Mexico. Pointant son illégitimité pour contribuer à montrer la pensée des cubains depuis une perspective insulaire, elle déclare vivre « comme une mexicaine à Mexico ».  » J’ai un passeport mexicain et ma relation avec Cuba est celle des affections et de la douleur. Il s’agit pour moi d’un monde perdu, perdu pour toujours ».

Modération : Evelise Mendes
Traduction : Renaud Boukh