L’histoire des Docks de Marseille

DécouverteHistoire L’histoire des Docks de Marseille

Lieu de passage incontournable du quartier de la Joliette, l’architecture des Docks de Marseille fascine les passants que ce soit à l’extérieur ou à l’intérieur. Pourtant, les docks n’ont pas toujours ressemblé à cela. Avant d’abriter un centre commercial et des bureaux, les Docks de Marseille étaient un établissement nécessaire à l’activité commerciale du port de Marseille. C’est là qu’on y stockait les marchandises. Ce bâtiment est un véritable témoin du passé commercial et industriel de Marseille. Nous vous proposons aujourd’hui de découvrir son histoire.

Mais au fait, c’est quoi des docks ?

Le terme “dock” est un terme anglais entré dans la langue française qui désigne un entrepôt ou un hangar situé dans un port où a lieu l’échange des marchandises. Les personnes qui y travaillent sont appelées les dockers. Les docks sont donc des infrastructures nécessaires au bon fonctionnement du port. C’est dans ces entrepôts que sont stockées les marchandises qui sortent et entrent dans le port.

Le contexte de la construction des Docks

La décision de doter Marseille de grands docks est prise en 1856. À cette époque, la ville est en plein essor. Le XIXe siècle est une période de prospérité et d’expansion pour Marseille. La ville développe son commerce maritime et la calanque du Lacydon où est installé le Vieux-Port ne suffit plus pour accueillir les bateaux qui arrivent à Marseille en provenance du monde entier. Ainsi, la ville de Marseille prend la décision de construire un nouveau bassin portuaire au nord du Lacydon. C’est le bassin de la Joliette qui ouvre ses portes en 1853. La création de ce bassin marque le début d’une période de grands travaux pour doter Marseille d’un véritable port de commerce. La construction de plusieurs bassins portuaires est réalisée jusque dans les années 1970.

Ces travaux entraînent de nombreux changements dans le paysage urbain Marseillais. Maintenant que le port est sur pied, la ville doit se doter de plusieurs infrastructures nécessaires au bon transit des marchandises. Il devient primordial de construire un lieu où les marchandises pourront être stockées. C’est pour cette raison qu’en octobre 1856, l’Etat cède à la ville de Marseille un terrain de plus de 10 hectares. Sur ce terrain se trouvait jadis l’ancien Lazaret fermé depuis 1849. C’est sur ce terrain que doivent voir le jour les futurs Docks de Marseille. 

Pour financer la construction des docks, la municipalité se tourne vers l’entrepreneur Paulin Talabot, directeur de la Compagnie des Chemins de Fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée (PLM). Celui-ci crée alors une compagnie spécialement dédiée au financement des travaux liés à la construction des  docks (La Compagnie des Docks et Entrepôts). Paulin Talabot est le premier à comprendre qu’un port, pour être moderne, doit se construire en liaison avec le trafic ferroviaire. Ainsi, il souhaite que la voie ferrée entre directement au cœur des docks. 

Les Docks de Marseille ont été construits sur le modèle des docks anglais. Les travaux sont confiés à l’architecte Gustave Desplaces et se déroulent entre 1858 et 1864. C’est également à cet architecte que nous devons les plans de la gare Saint-Charles.

Les caractéristiques des Docks de Marseille

Le schéma architectural des docks comprend une particularité plutôt atypique. Les Docks de Marseille sont dotés de 4 entrepôts qui sont organisés autour de quatre cours qui représentent les 4 saisons. Le bâtiment comporte 52 portes qui symbolisent les 52 semaines de l’année. Enfin, il y a 7 niveaux qui correspondent aux 7 jours de la semaine. Le bâtiment fait 365 mètres de longueur en référence aux 365 jours d’une année.

Il est possible de stocker plus de 15 000 tonnes de marchandise dans les Docks de Marseille. Le bâtiment a une superficie de 80 000 m2 au moment de son inauguration. Ce chiffre fait des Docks de Marseille le plus grand ensemble de docks de l’Europe. Le coût de leur construction fait d’eux l’une des réalisations les plus chères effectuées à Marseille sous le Second Empire, derrière la cathédrale de la Major et la Préfecture.

Le premier bâtiment des docks donne sur la place de la Joliette. Il est réalisé en briques rouges et pierres blanches. Ses couleurs, son style Louis XIII et son balcon à balustres contraste considérablement avec le reste de l’ensemble architectural. Son fronton indique Hôtel de Direction. Il a été conçu pour abriter les bureaux de la Compagnie des Docks.

Les 4 bâtiments suivants ont une architecture plus industrielle. Ce sont des lieux de stockage aux murs particulièrement épais. Ils sont dotés de cours intérieures qui sont ouvertes sur le côté Ouest où se trouvent les quais du port grâce à des portes cochères et qui permettent aux charrettes puis aux camions de rentrer facilement dans le bâtiment. Les portes du côté Est donnent accès aux voies de chemin de fer qui relient les docks à la gare Saint-Charles. Ainsi, le transit des marchandises depuis le port vers l’intérieur du territoire français (et vice versa) était très simple.

Chaque bâtiment comporte des ascenseurs hydrauliques. C’est la première fois qu’un bâtiment Marseillais est doté de ce type de technologie, ce qui fait des docks un complexe particulièrement moderne pour l’époque. C’est également la première fois que le bois est totalement absent de la structure d’un bâtiment. Celui-ci est entièrement construit en pierre, en brique et en métal. L’objectif est de limiter les risques d’incendie.

Dès le début de leur exploitation, l’activité est très intense au sein des Docks de Marseille. Les manutentionnaires y travaillent par milliers de jour comme de nuit pour charger et décharger les bateaux du port de la Joliette. Ils évoluent au fur et à mesure de l’industrialisation des activités portuaires. Ainsi, des chambres réfrigérées y sont par exemple installées au XXe siècle pour permettre le stockage des produits frais.

Crédit photo : Facebook Vieux Marseille.

Les difficultés liées à la Seconde Guerre Mondiale

Pendant la Seconde Guerre Mondiale, le commerce maritime est en chute libre. Par conséquent, l’activité des docks baisse considérablement. A ces premières difficultés s’ajoutent les bombardements Allemands opérés sur le port en août 1944. Les grues et le quai fortement endommagés sont pratiquement inutilisables. Près de 200 bateaux ont été coulés dans le port et bouchent les bassins. Enfin les voies ferrées et les rues de la ville ont été endommagées et rendent difficile les échanges avec l’extérieur de la ville.

A la Libération, la reconstruction des infrastructures du port est lancée afin de relancer l’activité du port. Il faut attendre 1950 pour que le trafic du port retrouve le rythme qu’il avait trouvé avant la guerre. 

Cela ne se termine pas aussi bien pour les docks. En 1947, la Compagnie des Docks et Entrepôts est rachetée par l’Etat. La gestion des docks est confiée à la Chambre des Commerces de Marseille. Les docks vont tenter de se spécialiser dans le stockage de certaines marchandises (le papier par exemple) pour se démarquer des autres espaces de stockage.

Malgré cela, les docks ne parviennent pas à se relever. En effet, l’évolution de la société et le progrès mettent à mal leur fonctionnement. La décolonisation par exemple, entraîne la perte de gros marchés pour la France. De plus, l’arrivée des premiers containers et la délocalisation de grandes entreprises ainsi que l’arrivée des premiers avions mettent un coup de frein à l’activité du port et par extension à celle des docks. Les Docks de Marseille ferment leurs portes en 1988.

Le renouveau des docks

Les Docks de Marseille vont être abandonnés pendant quelques années seulement. En 1991, ils sont rachetés par la SARI, une société qui a réalisé de nombreux grands projets immobiliers notamment dans le quartier de la Défense à Paris. La société dirigée à l’époque par le promoteur immobilier Christian Pellerin va trouver une toute nouvelle vocation à ce bâtiment, vestige de l’activité portuaire et industrielle de Marseille. Les docks vont être transformés en bureaux et sont les précurseurs des transformations du quartier de la Joliette (futur quartier d’affaires de la ville). Dès 1992, des travaux de rénovation sont engagés. Ils sont dirigés par l’architecte Eric Castaldi. Dans ce projet de rénovation, il y a une volonté de conserver l’architecture initiale du bâtiment. Eric Castaldi imagine les nouveaux docks comme une agora Méditerranéenne, ouverte sur la ville. Ainsi, il va axer les travaux sur une ouverture du bâtiment. Les fenêtres sont agrandies, une partie du toit est remplacée par d’immenses verrières et une rue intérieure est tracée à travers les différents bâtiments pour circuler d’un bout à l’autre du bâtiment en passant par les 4 cours intérieures initialement créées. Les travaux s’achèvent en 2001 et ont coûté plus de 75 millions d’euros. 

Après cela, de nombreuses entreprises s’installent dans les locaux et font des docks un vrai centre d’affaires. Le pari de donner aux docks une nouvelle vie est réussi ! Le réinvestissement des lieux va toutefois plus loin et une idée de centre commercial pour animer le rez-de-chaussée du bâtiment commence à germer dans les esprits. Des petits créateurs Marseillais s’installent petit à petit au rez-de-chaussée. 

En 2001, la SARI finit par revendre le complexe architectural. Les docks vont alors passer dans les mains de différents propriétaires. Ils sont finalement rachetés en 2007 par JP Morgan Asset Management.

La création des Docks Villages

Pendant ce temps, le quartier de la Joliette s’est entièrement transformé. Les friches industrielles et autres entrepôts ont laissé place à un quartier dynamique, un véritable centre d’affaires grâce au projet Euroméditerranée qui a été lancé en 1995. Ainsi, en 2013, de nouveaux travaux sont engagés à l’intérieur des docks par le groupe Constructa pour donner naissance à un véritable centre commercial. Ce sont les architectes Gianluca Peluffo et Alfonso Femia, tous deux issus du cabinet 5+1AA qui sont chargés de réaliser les travaux. Les cours intérieures sont entièrement repensées tout comme les entresols et sous-sols. 65 espaces de vente sont construits et 15 000 m2 de surface commerciale sont dégagés. Chaque cour fait l’objet d’une décoration minutieuse. 

La première, “la place du port” offre un espace dédié aux terrasses des restaurants et cafés. Elle est tapissée de céramiques bleues qui évoquent la mer. La seconde, “la Grand’Place” est décorée avec des carreaux de céramique verts, la place des palmiers est ornée de 8 grands arbres et la place du marché est dotée d’immenses suspensions.

Un peu partout dans le bâtiment, les architectes ont placé des libellules et des geckos en métal qui symbolisent le renouveau, la chance et la réussite. A l’extérieur, les façades ont été rénovées. La façade Nord a été habillée d’un mur en métal où figurent le nom et le texte de 42 auteurs  qui ont un jour évoqué Marseille.

Cette réhabilitation est un véritable succès. Les docks sont couronnés de trois prestigieux titres internationaux  : un Mipim Award, un Leading European Architects Forum Awards et un Global Award for Excellence décerné par l’Urban Institute. Le centre commercial des Docks Villages est inauguré en 2015 faisant des docks un lieu de vie et de rencontre en plus d’un centre d’affaires. Ils ont été rachetés en 2017 par Amundi Immobilier en collaboration avec le Crédit Agricole Alpes Provence. Vous y retrouverez des petites boutiques d’artisans et de créateurs avec des créations mode, des objets de décoration intérieure ou des meubles.

Les Docks Villages c’est également un espace de restauration. Depuis le 7 juin dernier, la grand’ Place des docks est devenu un lieu de restauration conviviale avec l’arrivée de la place des Canailles ! Au programme : une halle gourmande avec différents stands, des grandes tables pour manger tous ensemble au milieu de la place, un bar à vins, un bar à cocktails et une scène où sont régulièrement programmés des concerts !

Le centre commercial accueille également depuis l’été dernier le Mx, un lieu dédié à l’une des saveurs les plus emblématiques de Marseille : l’anis ! Le Mx c’est à la fois un musée expérientiel, un concept store, un bar et un restaurant. De nombreux évènements y sont régulièrement organisés.

Auteur de l'article :
Emma Antosik
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