L’histoire du café à Marseille

Découverte L’histoire du café à Marseille

Le café arrive en France pour la première fois en 1644 et débarque dans le port de Marseille ! Les Marseillais deviennent très vite de grands amateurs de ce breuvage corsé à tel point que les cafés (les lieux publics où l’on consomme du café et autres boissons chaudes) se multiplient à travers la ville. Nous vous proposons aujourd’hui de revenir sur l’histoire du café et son introduction en France !

L’arrivée du café à Marseille

Le premier Européen à avoir observé la préparation du café et à en avoir découvert les propriétés est un botaniste, médecin et explorateur allemand du nom de Leonhard Rauwolf. À propos du café, il écrit dans son journal de voyage publié en 1582 les mots suivants : “Ils ont à Alep une boisson excellente dont ils font très grand cas ; ils lui donnent le nom de chaubé. Elle est presque aussi noire que l’encre et très utile dans tous les maux, surtout dans ceux de l’estomac. Ils ont l’habitude de la prendre tous les matins, même dans les endroits publics…»

C’est un certain Pierre de la Roque (un négociant Marseillais) qui, au retour d’un voyage à Constantinople ramène avec lui du café ainsi que tous les ustensiles qui sont utilisés pour sa consommation en Turquie. Nous sommes en 1644 et le café arrive pour la première fois à Marseille. Pierre de la Roque s’empresse d’en préparer et de faire goûter le breuvage à ses proches.

Très vite, la consommation de café se répand dans la ville. D’autres négociants se mettent à en consommer et en rapportent eux aussi de leurs voyages. Eux aussi font goûter le café autour d’eux et très vite, une grande partie de la population Marseillaise commence à s’habituer à consommer du café. Les droguistes commencent à en importer d’Égypte pour en faire le commerce.

L’ouverture du premier café 

En 1671, c’est à Marseille que le premier café de France voit le jour. Il se situe non loin de la Loge, le lieu où s’organisent les réunions des négociants et armateurs de la ville située au rez-de-chaussée de l’hôtel de ville actuel. Ce café est tenu par un homme d’origine arménienne : Pascal Haroukian. Du café et du matériel nécessaire à sa préparation sont vendus dans l’établissement mais il est également possible de déguster du café sur place, ce qui était un bon moyen de convaincre les clients d’en acheter ensuite. Pascal Haroukian décide d’appeler son établissement de la manière la plus simple : un café, en référence à ce que l’on y sert !

Tous les marchands et les marins qui travaillent au port de Marseille prennent très vite l’habitude de s’y retrouver pour discuter. Il était possible d’y fumer et d’y jouer.

Le débat des médecins

Dans un ouvrage qu’il a réalisé à l’époque sur l’introduction du café en France, Jean de la Roque écrit : “Enfin l’usage du café devint si universel à Marseille que les médecins s’en alarmèrent, dans la pensée que cet usage ne convenait point aux habitants d’un climat assez chaud, et extrêmement sec, … ce qui forma une espèce de dispute et de division dans la ville….”

À l’arrivée du café sur le sol français, de nombreux médecins de la région ont étudié ces petites graines ainsi que les effets que pouvait avoir le breuvage sur le corps humain. Ils en ont très vite constaté les effets excitants et ont tenté dans un premier temps de faire du café un aliment sous leur prescription. Or, avec l’ouverture des premiers cafés, de plus en plus de Marseillais découvrent le café, l’apprécient et l’associent à un moment de convivialité. Les médecins décident alors de porter un coup fatal à la consommation du café en le discréditant. 

Un premier débat s’ouvre le 27 février 1679. Claude Colomb, médecin né à Marseille et diplômé de la faculté d’Aix-en-Provence en 1675 souhaite intégrer le Collège des Médecins de Marseille. Il soutient alors une thèse dont le sujet est : “Savoir si l’usage du café est nuisible aux habitants de Marseille”. Le médecin y répond en accusant avec véhémence le café d’être responsable de bien des maux : “D’où il arrive que ces parties adultes causent, par leur qualité, des veilles si opiniâtres que le suc nerveux… venant à manquer tout à fait, les nerfs se relâchent, d’où résultent la paralysie et l’impuissance… » « Et par l’âcreté et la sécheresse d’un sang déjà entièrement brûlé, toutes les parties ensemble deviennent si épuisées de suc que le corps entier est enfin réduit en une horrible maigreur… »

Malgré tous les efforts déployés par les médecins, cette cérémonie n’eut pas réellement d’impact sur les Marseillais qui continuèrent de boire du café comme cela leur chantait.

Ce “procès” du café est identifié comme étant le premier débat médical connu sur ce sujet en France. Depuis, les mots et les idées des scientifiques ont changé mais le débat questionnant si oui ou non le café est bon pour la santé est toujours d’actualité.

Si vous voulez en apprendre un peu plus sur l’entrée du café en France et les inquiétudes du corps médical de l’époque vous pouvez consulter l’article de Gilles Bouvenot.

Le rayonnement du centre-ville grâce au café

Les avertissements des médecins n’ont pas eu beaucoup d’effets sur la population et pour cause ! Le café devient une boisson consommée par toutes les catégories sociales de la population. Les classes les plus riches qui délaissaient autrefois les cafés car c’étaient des lieux peu luxueux et fréquentés par le petit peuple commencent à s’y rendre lorsque des cafés beaucoup plus luxueux ouvrent peu à peu le long de la Canebière, sur la rue Beauvau ou dans le quartier de Noailles. Les décors y sont originaux et élégants, les terrasses bondées et les spécialités diverses. Des peintres reconnus comme Dominique Antoine Magaud ont participé à la décoration des cafés de la ville. La consommation du café se répand alors comme une traînée de poudre à travers la ville. 

L’ouverture de ces établissements contribue au rayonnement de la Canebière, du Vieux-Port et de leurs alentours. L’un des plus beaux cafés de la ville de l’époque : le café Turc s’installe à l’angle de la Canebière et de la rue Beauveau à partir de 1850 et pendant plus de 70 ans. Il est fréquenté par des hommes illustres tels que le peintre Monticelli et le poète Théophile Gautier. Le café Riche, ouvert en 1901 est considéré comme le plus beau de tous ! Réservé au beau monde, le café Riche permettait de déguster café, moka, limonade ou absinthe dans une ambiance feutrée. Plusieurs salles étaient réservées aux jeux de hasard. L’établissement ferme ses portes en 1953. Situé sur la Canebière, il se trouvait à l’emplacement du Monoprix.

La Canebière avant la Première Guerre Mondiale et le Café Riche à gauche.

Vous l’aurez compris, ces cafés sont des lieux mondains où l’on vient pour se montrer, converser, se retrouver. Ils ne servent plus uniquement du café, disposent d’une carte variée et ont chacun leur spécialité. Le café Ferrari autrefois situé rue Saint-Ferréol est le premier café de la ville à servir du chocolat. Le Grand Café Glacier ouvert en 1866 sur la place Royale (aujourd’hui connue sous le nom de place du Général de Gaulle) sert des glaces pendant toute la saison estivale.

Les premiers cafés ont ouvert dans le sud avant de s’installer à Paris et c’est toute la population française qui devient peu à peu amatrice de café. 

Auteur de l'article :
Emma Antosik
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