Le Fort en quelques mots…

Sur la rive sud de l’entrée du Vieux-Port, le fort Saint-Nicolas surplombe la ville en vis à vis du fort Saint-Jean. Certains le connaissent aussi sous le nom de fort d’Entrecasteaux ou encore sous son patronyme actuel : la Citadelle de Marseille. Peut-être avez-vous déjà eu la chance de le visiter au cours des journées du patrimoine, ou depuis son ouverture au grand public le 4 mai 2024. Mais connaissez-vous réellement son histoire ? Le Tarpin Bien vous présente aujourd’hui les secrets de ce fort militaire !  

La construction du fort Saint-Nicolas

En 1660, de nombreuses émeutes agitent Marseille. Le 19 janvier de la même année, Louis XIV adresse une lettre au gouverneur de Provence : le duc de Mercoeur. Il y fait état de sa volonté de soumettre les Marseillais à l’autorité royale et ordonne pour cela la construction d’une citadelle

« en l’endroit de la ville qui sera jugé le plus propre »

Une troupe de 7000 hommes est envoyée par le Duc afin d’encercler la ville et l’asservir. L’élaboration de la citadelle est confiée au célèbre ingénieur militaire Louis Nicolas de Clerville. Il choisit l’éperon rocheux sur lequel se trouve alors la chapelle Saint-Nicolas, lieu particulièrement stratégique de part sa position au dessus de la ville et sa proximité avec la mer. L’objectif de Louis XIV est double : protéger la rade de Marseille d’éventuelles invasions, tout en surveillant les Marseillais, afin de tuer dans l’œuf les possibles soulèvements populaires.

On lance le chantier le 2 mars 1660, à l’occasion d’une visite du roi à Marseille. La construction du fort suit le plan en étoile de Louis Nicolas de Clerville et est réalisée en un temps record : 4 ans.  

 

Pendant la Révolution Française…

Durant le XVIIIe siècle, le fort Saint-Nicolas sert de caserne pour des garnisons, hébergeant des infrastructures militaires nécessaires à la vie quotidienne des soldats et de leurs commandants. En avril 1790, année de la Révolution Française, le fort est en partie détruit par une petite troupe de Marseillais animés par des idées révolutionnaires. La citadelle représente dans l’imaginaire collectif le symbole de la soumission au pouvoir absolu. La garnison se révolte, et le Major choisit de rendre la citadelle à la ville. En mai, la citadelle est livrée à la population qui entreprend la démolition de sa partie haute. Pour y mettre un terme, l’Assemblée Nationale émet un décret le 28 mai. Le 30 mai 1790, toute entreprise de démolition est définitivement arrêtée. Toutefois, la restauration du fort n’advient qu’en 1824.

L’utilisation du fort Saint-Nicolas comme prison

Dès 1823, le fort Saint-Nicolas devient une prison. Cette année-là, 569 prisonniers capturés pendant l’expédition en Espagne par le duc d’Angoulême y sont enfermés. En cause ?  Leur participation à l’organisation de la guérilla contre les troupes napoléoniennes dès 1808. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le fort devient un lieu d’internement pour des prisonniers politiques, d’abord de 1939 à 1942, puis sous l’occupation allemande de novembre 1942 à août 1944. Parmi les prisonniers célèbres du fort : l’écrivain Jean Giono, arrêté en tant qu’objecteur de conscience à Digne en 1939, Jean Zay, ancien ministre du front populaire, arrêté en 1940 et accusé de désertion par le régime de Vichy ainsi que Habib Bourguiba, le futur président de la République Tunisienne interné de 1939 à 1942.  

La division du fort en deux parties

En 1862, Napoléon III fait entreprendre des travaux pour la construction d’un nouveau boulevard : le boulevard Charles Livon pour la circulation automobile. Ces travaux entraînent la division du fort en deux parties : en 1887 les autorités militaires baptisent sa partie haute fort d’Entrecasteaux, en l’honneur d’un navigateur français, tandis que sa partie basse, désormais appelée Fort Ganteaume, est un hommage au préfet maritime de Toulon. Depuis 1969, l’édifice est classé Monuments Historiques.

LE FORT AUJOURD’HUI

Aujourd’hui, le fort Ganteaume abrite le cercle militaire de Marseille. Le fort d’Entrecasteaux est quant à lui rénové par ACTA VISTA depuis 2003. Cette association forme aux métiers du patrimoine. Grâce à de nombreux mécènes, elle a pu entièrement restaurer les remparts du fort. Depuis le 8 décembre 2021, l’association Citadelle de Marseille, membre du Groupe SOS, porte un BEA de 40 ans sur le fort d’Entrecasteaux, avec deux missions : restaurer le site et l’ouvrir au public. En effet, depuis le 4 mai 2024, les jardins de la Citadelle, leur riche programmation culturelle (exposition photo dans le cadre des Olympiades Culturelles, déambulation sonore, maquette subjective de la Citadelle), et leur point de vue panoramique sont accessibles gratuitement, le samedi et le dimanche en mai, puis du mercredi au dimanche dès le 5 juin. Les enceintes du fort et leur histoire se découvrent sur réservation d’une visite guidée, tandis que les explorateurs pataphysiciens de l’Agonie du Palmier vous offrent une visite aussi décalée qu’enrichissante! Enfin, le jeu de piste La Grande Evasion amusera les petits et les grands tout en traversant les 360 ans d’histoire de la Citadelle!

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Où le trouver ?

Le Fort Saint Nicolas se trouve sur la rive sud de l’entrée du Vieux-Port de Marseille dans le 7ème arrondissement, accessible par la Montée du Souvenir Français.