Envie de sortir en famille ce week-end ? Nous vous proposons une balade 100 % street art à la découverte des Space Invaders de Marseille !
Petit topo sur les space Invaders
Les Space Invaders sont des œuvres de street art imaginées par l’artiste Invader. Cet artiste né dans les années 1970 a étudié aux Beaux Arts de Paris. C’est d’ailleurs dans les rues de Paris qu’il installe son premier Invader dans les années 1990. Depuis les œuvres de l’artiste envahissent le monde entier et l’une de ses petites créatures a même embarqué à bord d’Ariane 5 pour être installée à bord de la station spatiale Internationale.
Marseille est la deuxième ville de France la plus envahie par ses mosaïques. Au fil du temps, elles ont un peu évolué et ne représentent plus seulement des extraterrestres mais aussi des personnages célèbres, des animaux ou des objets. Quant à l’artiste, le grand public ignore son visage. L’artiste souhaite conserver son anonymat et utilise même différents costumes lorsqu’il installe ses œuvres. Elles sont inspirées d’un jeu vidéo des années 1980.
Près d’une centaine de petites créatures sont dispersées dans les rues de Marseille des Goudes jusqu’à l’Estaque en passant par le centre-ville. La plupart de ces Space Invaders ont été installés dans la ville pendant l’été 2020.
S’ils ont été installés à un endroit donné, c’est pour une bonne raison. En réalité, chaque Invader possède une signification précise. Les œuvres ont été pensées par rapport au lieu où elles ont été installées. Partir à leur découverte vous permettra d’en découvrir un peu plus sur l’histoire de Marseille, sur ses symboles et sur ses personnalités célèbres !
Un space invader accueille les voyageurs avec son drapeau à Saint-Charles
Rendez-vous boulevard Voltaire à la sortie de la gare Saint-Charles. Un space invader se situe sur le mur à proximité du panneau Gare Saint-Charles. Il agite un drapeau Marseillais : une croix bleue sur un fond blanc pour souhaiter la bienvenue aux voyageurs.
Cela nous permet de revenir un peu sur un élément essentiel de la symbolique Marseillaise. Savez-vous à quoi fait référence le drapeau Marseillais ? Le drapeau Marseillais est l’un des plus vieux drapeaux européens. Il a été adopté au Moyen-Âge et est ainsi antérieur aux armoiries de la ville ce qui est peu commun.
L’adoption de cette croix d’azur comme pavillon fait référence aux Croisades. À l’époque des Croisades, Marseille est un port important où embarquent les hommes et le matériel militaire pour les Croisades. Comme tous les autres ports d’embarquement pour la Terre Sainte, le port de Marseille arbore un pavillon chargé d’une croix : un symbole de sûreté. La couleur la plus fréquente était le rouge. Marseille choisit toutefois de faire figurer sur son drapeau une croix bleue. Cela s’explique par le fait que Marseille et la Provence étaient à l’époque sous l’autorité de la Maison d’Anjou dont la couleur est le bleu.
Des Gabians en bord de mer
Rendez-vous sur le littoral Marseillais ! Un petit passage par l’esplanade de la Tourette qui domine le Vieux-Port, ou par la rue du Vallon des Auffes si vous avez envie de marcher un peu plus longtemps pour découvrir deux gabians en céramique. Le premier se trouve sur la façade d’un bâtiment qui domine le Vieux-Port, le deuxième sur le mur d’une petite maison.
Bien entendu, si vous vivez à Marseille, notamment du côté du littoral et que vous sortez un tant soit peu de chez vous, vous avez forcément déjà côtoyé le gabian, cet oiseau à la robe blanche et gris-bleu qui se fait un plaisir de fouiller dans les poubelles à la recherche des restes de votre dernier repas !
Marseille est la ville la plus impactée par le Goéland leucophée, plus couramment appelé Gabian. De toute l’Europe, c’est à Marseille que se concentre la population la plus importante d’oiseaux de cette espèce. En 2008, les îles du Frioul qui constituent l’un des principaux foyers pour les gabians totalisent plus de 23 000 couples alors qu’on en comptait une centaine seulement au début du XXe siècle. La prolifération importante de ces oiseaux peut expliquer pourquoi ils ont très rapidement investi l’intérieur des terres et de la ville, devenant l’oiseau par excellence de la ville de Marseille.
Zinédine Zidane au Cours Lieutaud
Rendez-vous sur le cours Lieutaud, au niveau du numéro 58. Juste après les deux passerelles qui passent au-dessus du cours, vous pourrez apercevoir sur un mur un Space Invader un peu particulier. Il s’agit de trois petites affiches en mosaïques. L’une d’entre elles représente un space invader classique, l’autre affiche un smiley à lunettes qui porte un masque chirurgical (probablement pour faire écho à la pandémie mondiale qui sévissait à l’été 2020, époque pendant laquelle cette œuvre a été installée). La plus grande des trois, représente le portrait de Zinédine Zidane.
Né dans les quartiers nords de Marseille, Zidane est sans aucun doute l’une des personnalités sportives les plus symboliques de la ville de Marseille. Le capitaine de l’équipe de France, champion du monde en 1998 est idolâtré dans sa ville natale pour ses exploits en football mais aussi pour l’investissement qu’il a eu pour aider les jeunes et les quartiers défavorisés de la ville. Pourtant, le joueur n’a jamais joué à l’Olympique de Marseille. Les débuts du joueur se font à l’AS Cannes en 1987. Il dispute son premier match professionnel en 1989 au sein de l’AS Cannes contre le FC Nantes. Par la suite, il rejoint les Girondins de Bordeaux. Sélectionné pour rejoindre l’équipe de France, il dispute son premier match avec les bleus en 1994 contre la République Tchèque. Il marquera deux buts. Sa carrière atteint son apogée lorsqu’il sera sacré champion du Monde avec les bleus. La même année, il reçoit le ballon d’or. Devenu une star incontestée, il intègre le club du Real Madrid en 2001.
La bouteille de Ricard au cours Julien
Remontez les escaliers qui mènent au cours Julien. Direction la rue des trois mages qui remonte vers la Plaine. Dans cette rue, au-dessus du bar le Petit Pernod se trouve une mosaïque qui parlera à beaucoup de Marseillais : une bouteille de Ricard, un verre et un pichet jaune pour évoquer la boisson la plus emblématique de Marseille : le pastis ! Nombreux sont ceux qui se retrouvent à la table des bars du Cours Julien (ou des autres quartiers de la ville d’ailleurs) pour siroter un verre de pastis au moment de l’apéro. Il y a souvent deux écoles qui s’affrontent parmi les amateurs de cette boisson anisée : Ceux qui ne jurent que par le Ricard et ceux qui préfèrent le Pastis 51. Une rivalité assez illusoire de nos jours puisque les deux maisons se sont liées sous une seule et même maison en 1975 : la maison Pernod-Ricard !
Le pastis est une boisson française qui apparaît à la suite de l’interdiction de l’absinthe en 1915. Cette dernière est jugée trop forte et trop dangereuse pour la population et les patrons de bars cherchent alors un nouveau spiritueux à proposer à leurs clients. De nombreuses recettes à base d’anis commencent à se développer dans les différents bars de Marseille. Paul Ricard, jeune étudiant de 23 ans, décide lui aussi de créer sa recette à base d’anis, de fenouil et de différentes plantes aromatiques. Il l’appelle le Ricard et la présente comme le vrai pastis de Marseille. Aidé de son père, négociant en vin, il crée la première usine de Ricard, à Sainte-Marthe.
La maison Pernod quant à elle, est déjà présente en France sur le marché des spiritueux. En 1951, elle se lance sur le marché du pastis avec la marque Pastis 51 qui rencontre elle aussi un franc succès. Les deux entreprises se font la guerre jusqu’à leur fusion en 1975.
Fernandel
Remontez la rue des Trois Mages jusqu’à la Plaine et traversez la place pour vous engager sur le boulevard Chave. Vous avez peut-être déjà remarqué le buste de Fernandel réalisé par Jacques Choquin au croisement du boulevard Chave et du boulevard Eugène Pierre. Si vous levez la tête pour contempler la façade de l’immeuble juste derrière la statue, vous pourrez également observer le visage souriant d’un petit Fernandel en mosaïque. Cela fait 50 ans que Fernandel a disparu et pourtant, au même titre que Marcel Pagnol, il garde une place de choix dans le cœur des Marseillais. C’est l’un des acteurs et des chanteurs les plus emblématiques de la cité phocéenne.
Fernand Joseph Désiré Contandin est né en mai 1903 au 72 boulevard Chave, l’immeuble sur lequel Invader a installé la petite mosaïque qui lui rend hommage. Enfants, Fernand et son frère Marcel accompagnent leur père comédien amateur pour ses représentations dans les petits théâtres Marseillais. Mais la guerre met un coup d’arrêt aux représentations théâtrales. Le père de Fernandel est mobilisé et Fernandel effectue des petits boulots pour gagner sa vie. Ce n’est qu’en 1926 que le jeune comédien sera révélé au grand public lorsqu’il remplace un comédien parisien à l’Odéon de Marseille. Pour son premier rôle, il incarne le Tourlourou, un comique troupier.
Un soir, Jean Faraud, directeur de la Paramount assiste au spectacle et engage Fernandel pour faire l’animation pendant l’entracte dans les cinémas de France. Grâce à cette expérience; il décroche son premier rôle au cinéma dans Le Blanc et le Noir réalisé par Marc Allégret. Les tournages et les chansons se succèdent ensuite à un rythme effréné.
Bonus : Les Dalton des Baumettes
Si vous avez encore un peu d’énergie ou bien que vous êtes véhiculé, vous pouvez pousser votre balade à travers les différents invaders de Marseille jusqu’au quartier des Baumettes. Au niveau du 378 chemin de Morgiou se trouve l’arrêt de bus numéro 22 des Baumettes. Sur le poteau électrique situé à côté de l’arrêt de bus se trouvent 4 petits invaders habillés de rayures jaunes et noires qui évoqueront peut-être des souvenirs tout droits tirés des BD que vous lisiez plus jeunes ! Ce sont les Dalton qui sont représentés ici. Un petit clin d’œil que l’on comprend bien lorsqu’on sait que le centre pénitentiaire des Baumettes se trouve une centaine de mètres avant sur le chemin de Morgiou.
Construite en 1938, la prison des Baumettes ouvre officiellement ses portes en 1946. Elle est située dans un quartier aux portes des Calanques, longtemps considérée comme un lieu d’exclusion, loin de l’effervescence de la ville. Avant l’ouverture, les Baumettes ont notamment servi de centre d’hébergement pour des juifs ou des résistants destinés à être déportés. En 1942, alors que le quartier du Vieux-Port est rasé par les bombardiers allemands, certains habitants raflés par les autorités seront incarcérés aux Baumettes. En 1944, au moment de la Libération, 6500 soldats allemands y seront placés. Après la guerre, les Baumettes deviennent le reflet de la délinquance Marseillaise. De nombreux bandits et mafieux sont arrêtés et incarcérés aux Baumettes.
Les Dalton font bien entendu référence à la nature du bâtiment mais aussi à la fâcheuse habitude qu’avaient de nombreux prisonniers des Baumettes de se faire la belle ! Beaucoup ont tenté de s’échapper des Baumettes par les airs, en passant par les sous-sols ou bien en confectionnant des cordes de draps ! Très peu ont réussi.
L’une des évasions les plus spectaculaires de la prison est probablement celle qui a eu lieu en juin 1999. Deux détenus fichés pour grand banditisme tentent de s’échapper par hélicoptère ! Des complices situés à l’extérieur de la prison prennent en otage un pilote. Trois détenus profiteront de l’aubaine pour tenter de s’échapper également. L’un des commanditaires de l’évasion, resté accroché par un filin, sera tué par un gardien. Les autres prisonniers seront repris car l’hélicoptère trop lourd a été obligé de se poser dans les calanques.
Supert journée a Marseille