5 traditions provençales encore utilisées à Marseille

CultureDécouverte 5 traditions provençales encore utilisées à Marseille

Certaines traditions provençales sont apparues il y a très longtemps. Certaines sont malheureusement tombées dans l’oubli avant de parvenir jusqu’à nous mais il y a encore quelques traditions ancestrales que nous utilisons toujours à Marseille. Nous vous proposons de découvrir lesquelles.

Le Caramentran

La tradition du caramentran, c’est notre façon à nous de fêter le carnaval !  Le carnaval est une fête dont l’origine remonte à l’Antiquité Romaine. Les Romains célébraient le dieu Saturne, dieu de l’agriculture et du temps durant les Saturnales. Au Moyen-âge, l’Église Catholique d’abord opposée à ces festivités païennes finit par les autoriser. Le carnaval devient le moment qui précède le carême. C’est un temps de relâchement avant le jeûne de 40 jours du Carême. A l’époque c’était nécessaire pour éviter les mouvements de révolte. Aujourd’hui, c’est surtout l’occasion de se retrouver autour d’un bon repas pour mardi Gras, de faire la fête et de se déguiser !

En Provence, le carnaval est étroitement lié à la tradition du Caramentran. Le Caramentran, c’est autrefois la façon dont on évoquait les trois jours gras avant le Carême : dimanche, lundi et mardi qui précèdent le mercredi des cendres. D’ailleurs, le mot caramentran se forme par la contraction de deux mots : carême entrant.

Le caramentran, c’est aussi une représentation symbolique du carnaval. C’est un mannequin que l’on fabrique dans toutes les villes et les villages de Provence à partir de vieux vêtements et chiffons. On le promène ensuite dans les rues suivi d’une procession. A travers ce mannequin, les Provençaux d’autrefois jugent l’hiver. Ils l’accuse de tous les maux de l’hiver : le froid, les épidémies, les mauvaises récoltes, le gel, la sécheresse etc. Il ne faut pas oublier que la Provence est à cette époque une région agricole qui vit grâce aux ressources de sa terre. Le caramentran a droit à un avocat mais son procès, réalisé sur la place publique durant le mercredi des cendres se termine toujours de la même façon. Il est brûlé sur la place publique. 

La tradition du Caramentran aujourd’hui

Aujourd’hui, la tradition provençale du Caramentran est toujours présente à Marseille comme dans les villages provençaux. Les défilés costumés du carnaval se terminent par le procès et la mise à mort du Caramentran accusé de tous les malheurs de la communauté. 

Pour en savoir plus sur le Caramentran et son histoire, je vous invite à visionner cette vidéo :

Les feux de la Saint-Jean

Les feux de la Saint-Jean désignent une fête qui se déroule au début de l’été. Le jour de la Saint-Jean, le 23 juin. Les feux de la Saint-Jean est une fête célébrée en Provence, en Languedoc et en Catalogne à l’occasion de l’arrivée de l’été. Il est difficile de dater précisément l’arrivée de cette tradition. Ce que l’on sait toutefois, c’est que les chrétiens l’instaurent à partir du Ve siècle pour tenter de lutter contre les cultes païens du soleil. L’Église catholique célèbre alors l’arrivée de l’été en musique autour d’un grand feu de joie qui symbolise le retour de la lumière.

Selon la tradition, les cendres des feux de la Saint-Jean que l’on allumait dans chaque commune de la région protégeaient les récoltes de la foudre et des orages qui sont fréquents pendant l’été. Au fil du temps, les feux de la Saint-Jean sont devenus l’occasion de se retrouver pour célébrer l’été avec un grand bal populaire.

Cette fête est arrêtée temporairement au moment de la deuxième guerre mondiale. En 1955, un groupe de grimpeurs montent jusqu’au sommet du mont Canigou situé à proximité de la ville de Perpignan. Ils y installent un bûcher qui illumine toute la vallée pour rappeler les feux qui étaient jadis allumés. Le brasier était visible par tous les villages des alentours. Cette flamme existe toujours aujourd’hui. On l’appelle la flamme du Canigou. Depuis 1963, la flamme du Canigou est conservée toute l’année à Perpignan.

À l’approche de la Saint-Jean, trois jours de courses relais s’organisent pour transmettre la flamme jusqu’aux villes provençales. La Provence reçoit la flamme pour la première fois à partir de 1983 à Salon-de-Provence.

Les feux de la Saint-Jean aujourd’hui

De nos jours, la flamme du Canigou arrive à Arles tous les 23 juin à 12h. Elle est bénie avant d’être transmise aux autres villes provençales. A 22 heures, les bûchers s’embrasent. La Saint-Jean est célébrée à travers toute la Provence et dans la région Marseillaises : Aix-en-Provence, la Ciotat, Allauch etc.

Si Marseille n’organise pas toujours de brasiers géants pour la Saint-Jean, plusieurs événements ont déjà eu lieu ce jour-là pour célébrer l’été. Des concerts sont généralement organisés comme cela a été le cas pendant plusieurs années sur l’esplanade du J4 ou au Panier pour célébrer l’été. Surveillez vos calendriers, avec la fin des restrictions sanitaires peut-être que des manifestations de ce genre reverront le jour à Marseille cette année !

Les fêtes calendales

Les traditions calendales englobent toutes les festivités rattachées à la période de Noël. Ce sont les anciennes traditions provençales auxquelles les provençaux demeurent les plus attachés de nos jours.

La Sainte-Barbe

Les traditions calendales débutent le 4 décembre avec la Sainte-Barbe. Ce jour-là, les Provençaux sèment des grains de blé dans trois coupelles qui symbolisent la Sainte-Trinité. Autrefois, la bonne germination de ces graines au moment de Noël signifiait que les récoltes de l’année à venir seraient bonnes. Aujourd’hui, cela présage la prospérité du foyer ! C’est de là que vient le vieil adage provençal :  Quand lou blad vèn bèn, tout vèn bèn ! (Quand le blé va bien, tout va bien !)

Les Provençaux utilisent ensuite blé de la Sainte-Barbe pour décorer la table du Gros Souper provençal.

Le Gros souper provençal

Le Gros Souper a lieu le soir du 24 décembre. C’est le repas que partagent les catholiques avant de se rendre à la messe de minuit. Il se nomme ainsi car le reste de l’année, surtout dans les campagnes, les repas des provençaux sont très simples. Chaque foyer dispose son plus beau service sur la table pour le repas. Il n’y avait pas véritablement de menu attitré. Les familles dégustaient 7 repas maigres qui symbolisaient les 7 douleurs de Marie.

Parmi les mets, on retrouvait généralement du poisson (souvent du loup ou de la morue), de l’anchoïade, de l’aïoli, des gratins de différents légumes, du céleri, des épinards ou encore de la courge. Chaque convive se doit de manger un peu de tout. Au retour de la messe, les convives retournent à table pour partager le dessert. C’est le moment de servir les 13 desserts. La quantité de dessert est tellement riche qu’il est de tradition de les laisser sur la table durant les trois jours suivants (trois jours qui symbolisent encore une fois la Trinité). 

Exemple d’une table des 13 desserts. Crédit photo : Page Facebook Marché des desserts (Aix)

Il n’y a jamais eu véritablement de liste attitrée des 13 desserts qui varient en fonction des goûts de chacun. Il y a toutefois des mets que l’on retrouve sur toutes les tables : la pompe à l’huile, les mendiants, les fruits de saison, les fruits d’Extrême-Orient, le nougat blanc et le nougat noir ou encore les calissons. 

La crèche provençale

À Noël en Provence, il est également de coutume de décorer les foyers avec la crèche provençale. Elle se compose de différents santons. Ce sont des personnages en terre cuite fabriqués à la main. La Provence est célèbre dans la France entière pour ses santons. Ils représentent bien entendu les personnages de la nativité : l’enfant Jésus, Marie, Joseph, les rois mages, l’ange, l’âne et le boeuf mais aussi les différents personnages et métiers qui peuplent la Provence rurale : le poissonnier, la poissonnière, le tambourinaire, l’arlésienne, la lavandière, le boulanger etc. Il est possible d’acheter ses santons dans des boutiques artisanales tout au long de l’année. Au moment de Noël se tiennent les traditionnelles foires aux santons où les santonniers se réunissent pour vendre leur création.

Les fêtes calendales aujourd’hui

Si la tradition du Gros Souper s’est un peu perdu maintenant que de moins en moins de familles se rendent à la messe de minuit, la tradition des 13 desserts perdure encore aujourd’hui. À l’approche de Noël, à Marseille et sa région, vous retrouverez dans toutes les boulangeries et sur les marchés de Noël, les mets qui vous permettront de composer une table digne des 13 desserts pour votre réveillon de Noël !

Les Provençaux réalisent encore la crèche provençale de nos jours et les foires aux santons existent toujours. D’ailleurs, l’une des plus célèbres de Provence se tient à Marseille depuis 1803 !

Les voeux et le panier de naissance

Lorsqu’un bébé vient à naître, il est de coutume dans toutes les régions de lui offrir un cadeau pour lui souhaiter la bienvenue ! Les Provençaux offraient à chaque nouveau-né un cadeau bien particulier : un panier de naissance ou chaque présent symbolise un vœu. 

La tradition voulait que ce soit les premières personnes venues voir le nouveau-né qui lui offrent ce panier de naissance. Celui-ci se compose de 5 petits cadeaux. Chacun de ces cadeaux symbolise un vœu, une qualité que l’on souhaite donner à l’enfant. 

  • le pain : Que siègue boun coume lou pan (qu’il soit bon comme le pain)
  • le sel : Que siègue san coume la sau (qu’il soit sain comme le sel) 
  • L’alumette : Que siègue dre coume uno brouqueto (qu’il soit droit comme une allumette)
  • L’oeuf : Que siègue plèn coume un ioù (qu’il soit plein comme un œuf). C’est-à-dire comblé au quotidien de biens matériels et spirituels. 
  • Le miel : Que siègue dous coume lou mèu (qu’il soit doux comme le miel).

Le panier et les voeux de naissance aujourd’hui

Un nouveau né pointera bientôt le bout de son nez dans votre entourage et vous n’avez pas envie de vous tourner vers un jouet ou une peluche en guise de cadeau de naissance ? Jouez la carte de la tradition en lui offrant un panier de naissance ! Si vous le souhaitez, vous pouvez le fabriquer vous-même. Si vous ne savez pas trop comment vous y prendre, sachez que Maison Empereur, la plus ancienne des quincailleries Marseillaises perpétue cette tradition du panier de naissance. Il est possible d’y acheter un coffret avec 5 petits objets qui rappellent les 5 offrandes du panier de naissance !

Les tournois de joute provençale

La joute provençale est jeu traditionnel provençal. C’est l’une des plus anciennes traditions sportives provençales dont les tournois sont organisés sur le littoral Méditérannéen et donnent lieu à une journée de festivités dans la commune organisatrice. 

La joute provençale est une sorte de joute nautique. C’est un combat sur l’eau entre deux personnes qui prennent appui sur le plateau d’un bateau appellé la “tintaine”. Les deux adversaires possèdent chacun une lance. Le but du jeu consiste à faire perdre son équilibre à l’adversaire avec la lance pour qu’il tombe à l’eau. Chaque joueur est muni d’un plastron en bois qui le protège des coups et tient dans sa main gauche un témoin qui l’empêche de toucher la lance de son adversaire. A chaque passe (rencontre entre les deux bateaux), celui qui reste sur sa tintaine est vainqueur. Généralement, les débutants sont les premiers à s’essayer au combat. Les champions ferment la partie. Les deux équipes sont distinguées par deux couleurs rouge et bleu, peintes sur les lances et les bateaux. 

Un tournoi de joute commence toujours par le défilé des champions le matin. Ensuite, le tournoi se déroule sous les yeux des habitants de la commune. Des orchestres locaux viennent animer le tournoi et mettre de l’ambiance en jouant de la musique. Après la remise des prix, jouteurs et spectateurs se retrouvent autour d’un apéritif et d’un bal populaire. 

Les tournois de joute provençale aujourd’hui

Les joutes provençales sont des festivités pratiquées à Marseille encore aujourd’hui. Le quartier de l’Estaque possède sa propre équipe de joute : la fine lance Estaquéenne. L’équipe fêtait ses 100 ans l’année dernière. D’ailleurs, pour cette occasion, c’est le petit port Marseillais qui a accueilli la coupe de France de joute provençale en juillet 2021. Les Estaquéens sont sortis vainqueur du tournoi. Ils ont affronté les autres équipes de la discipline : Martigues, la Ciotat, Théoules, Port-de-Bouc ou encore Saint-Raphaël.

Crédit photo : Page Facebook Fine Lance Estaquéenne.
Auteur de l'article :
Emma Antosik
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1 Commentaire

  1. Roumié

    On « n’utilise » pas des traditions ! Nous vivons avec et les perpétuons ! C’est l’héritage que nos ancêtres nous ont transmis et que nous devons à notre tour transmettre… Osco Marsiho capitalo de Prouvenço

    Réponse

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