C’est le printemps, il fait beau, il fait chaud, c’est l’occasion pour vous de (re)partir à la découverte des richesses du Parc National des Calanques ! Chaussez vos chaussures de marche, en randonnée à travers le massif de Marseilleveyre situé derrière la calanque de Callelongue, autrement dit le bout du bout de Marseille !
La calanque de Callelongue
Notre balade débute sur le petit port de la calanque de Callelongue. C’est la première calanque du massif de Marseilleveyre. Elle se situe derrière le petit port. Une route permet de rejoindre facilement Callelongue depuis les Goudes mais attention ! Depuis le 9 avril 2022, la route est fermée à la circulation tous les week-end de la saison estivale. Pour vous rendre à Callelongue, nous vous conseillons d’emprunter la navette maritime qui mène aux Goudes depuis le port de la Pointe-Rouge. Il vous suffit ensuite de contourner le port des Goudes en marchant et de suivre la route goudronnée jusqu’à Callelongue. Vous pouvez également prendre le bus 19 depuis Castellane, descendre au terminus à Madrague de Montredon puis emprunter la navette numéro 20 qui vous emmène jusqu’à Callelongue.
Moins naturelle que les autres calanques du Parc National, Callelongue se compose d’un petit port de pêche autour duquel s’installent des cabanons de pêcheurs. Une cinquantaine d’habitants y vivent à l’année. La calanque ne dispose pas de plage pour se baigner. L’avenue des pébrons est la seule et unique voie qui traverse la calanque. “Pébron” est un mot d’origine occitane qui signifie “poivron”. A Marseille, le mot a également une autre signification. Le pébron, c’est une personne qui devient toute rouge (comme un poivron) après avoir dit quelque chose de stupide. Par extension, ce mot désigne un imbécile!
Au départ, la calanque de Callelongue était bien loin d’être le petit coin de paradis que l’on connaît aujourd’hui. En 1849, le petit port est totalement transformé par la construction de l’usine Weiss, une usine de produits chimiques. Cette usine reste en activité jusqu’en 1894. Tout comme les autres calanques, Callelongue est utilisée pour développer l’activité industrielle de Marseille. Les calanques étaient choisies comme zone d’installation de ces usines car elles étaient loin de toute habitation. Il n’y avait donc aucun danger pour la population (mais pas pour le personnel de l’usine, dont l’habitation subissait la pollution jour et nuit). Les locaux de l’usine ont été réutilisés après la fermeture pour aménager des habitations ainsi que le restaurant de Callelongue : le restaurant la Grotte !
Les îles de Jarre, Carselaigne et Riou au large du massif de Marseilleveyre
Après la visite de Callelongue, il est temps de commencer réellement votre randonnée ! Pour cela, faites le tour du port et commencez à monter à travers le massif de Marseilleveyre. Au bout d’un moment, après avoir contourné une première colline, vous vous retrouverez sur un chemin qui longe la mer. Suivez-le. En chemin, vous apperevrez au large trois îles qui font partie de l’archipel de Riou : L’île Jarre, l’île Calseraigne et l’île de Riou.
L’île Jarre est la première que vous distinguez sur la droite. Un bras de mer d’un mètre de large seulement sépare l’île principale de son îlot appelé Jarron. C’est dans la crique Nord-Ouest de l’îlot Jarron que repose à 10 mètres de profondeur l’épave du Grand Saint Antoine. Le Grand Saint Antoine est un navire tristement célèbre à Marseille car c’est son équipage qui apporte l’épidémie de Peste à Marseille. Après un voyage en Syrie où sévissait la Peste, le Grand Saint Antoine parvient à éviter la période de quarantaine en vigueur grâce aux manipulations de ses armateurs. Résultat : la Peste se répand dans toute la Provence. Le 28 juillet 1720, le régent Philippe d’Orléans ordonne de brûler le navire et sa cargaison placés en quarantaine au niveau de l’île Jarre. L’ordre n’est exécuté qu’en septembre de la même année. L’équipage du navire meurt, abandonné sur l’île.
L’île Calseraigne est l’île qui se dresse à gauche de l’île Jarre. Comparé aux autres îles de l’archipel de Riou, Calseraigne n’a quasiment pas de relief ce qui lui vaut d’ailleurs son surnom “d’île plane”. Comme sa voisine l’île de Riou on y trouve de nombreux rats et lapins. Au moment des grandes épidémies de Peste et de Choléra, c’est cette île qui sert de dépôt pour les cargaisons des navires potentiellement contaminés par la Peste.
L’île de Riou est la principale île de l’archipel. Cette île compte parmi les plus beaux spots de plongée. On y découvre de nombreuses grottes ainsi que des épaves de navires antiques. Riou connaît une première occupation humaine vers 5600 avant Jésus-Christ. Durant l’Antiquité, des marins fréquentent l’île. Au XIXe siècle, elle devient la propriété du ministère de la guerre. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, les Allemands prennent possession de l’île pour y installer leurs batteries.
En 1964, un homme découvre un squelette sur l’île. En 1998, les restes de l’avion d’Antoine de Saint-Exupéry sont découverts à proximité de l’île. Antoine de Saint-Exupéry est célèbre pour avoir écrit Le Petit prince. Pilote, Antoine de Saint-Exupéry disparaît au cours d’un vol le 31 juillet 1944 au large de Marseille. Des rumeurs commencent à circuler selon lesquelles le squelette retrouvé serait celui d’Antoine de Saint-Exupéry. Les test ADN réalisés contredisent cette théories. Il s’agit en réalité des restes d’Alexis von Bentheim un pilote de la Luftwaffe (armée de l’air allemande). Il meurt le 2 décembre 1943, abattu au-dessus de Marseille.
La Calanque de la Mounine
En suivant le chemin qui borde le littoral, vous arriverez bientôt à hauteur d’une première calanque : la calanque de la Mounine.
C’est une petite calanque étroite et très peu profonde ! La biodiversité est très présente au sein de cette calanque. On y trouve de nombreux poissons. Ses cavités constituent un abri pour les rascasses, les sars, les étoiles de mer et les oursins. La calanque se compose d’une minuscule plage de galets.
La Calanque de Marseilleveyre
Après la calanque de la Mounine, continuez votre chemin le long du littoral pour arriver à la calanque de Marseilleveyre.
La calanque de Marseilleveyre, tient son nom du massif du Marseilleveyre au pied duquel elle se trouve. Elle se compose d’une petite plage composée d’une couche de sable et d’une couche de graviers. Dès le XIXe siècle, les Marseillais exploitent le sable de Marseilleveyre. Les falaises qui entourent la calanque sont les vestiges d’une ancienne carrière. Les premiers cabanons construits à Marseilleveyre permettaient de loger les ouvriers qui y travaillaient. On utilisait le sable de cette calanque pour construire des chaussées à Marseille.
Une activité militaire s’installe également au sein de cette calanque. On y trouve les ruines de deux anciennes batteries militaires. Cela permettait de contrôler l’accès au vallon et donc sur l’intérieur des terres. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, les Allemands prennent possession de ces deux batteries. Elles font partie du Sudwall. Aussi appelé mur de la Méditerranée, ce mur construit par l’armée allemande avait pour objectif de contrer l’action du débarquement allié en Provence qui a lieu le 15 août 1944.
Marseilleveyre demeure aujourd’hui un lieu paisible avec quelques cabanons de pêcheurs ainsi qu’un petit restaurant. La calanque ne possède ni eau courante ni électricité. Les ravitaillements se font par la mer. Nous vous invitons à faire une halte dans cette calanque avant de reprendre votre chemin. Peut-être même que vous vous risquerez à piquer une tête dans la Méditérannée ?
Le sémaphore de Callelongue
Une fois que vous vous êtes bien reposés, que vous avez bien profité de la vue et du calme de Marseilleveyre, reprenez le chemin en sens inverse pour revenir à Callelongue. Une fois arrivé sur le port, s’il vous reste un peu de forces, nous vous proposons de faire une dernière étape du côté du sémaphore de Callelongue. Pour cela, il faut monter la colline à partir du chemin qui pars sur la droite du port. Continuez toujours tout droit jusqu’à arriver à hauteur du sémaphore.
Perché à 109 mètres au dessus de Callelongue, ce sémaphore est construit en 1863. Il jouait autrefois un rôle essentiel dans la surveillance des côtes Marseillaises. Il permettait de contrôler l’arrivée d’éventuels envahisseurs et d’assurer la communication avec les navires arrivant à Marseille et les autres sémaphores. Le sémaphore comportait un mât d’environ 12 mètres de haut auquel on avait attaché 4 bras articulés. Ces 4 bras articulés pouvaient s’orienter dans 1849 positions différentes ! Chaque position, visible depuis la mer correspondait à un message ou un signal. C’est ainsi que la communication s’effectuait.
En 1939, le sémaphore est équipé de deux canons. Les troupes Allemandes parviennent tout de même à l’occuper pendant la Seconde Guerre Mondiale. Ils l’utilisent comme poste de surveillance. A la fin de la guerre, le sémaphore est désarmé. Abandonné pendant des années, couvert de tags et délabré, il finit en très mauvais état. Le Parc National des Calanques finit par entreprendre sa restauration qui s’achève en 2019. Les visiteurs du parc peuvent désormais y venir en toute sécurité pour admirer la vue splendide que l’on a sur le littoral et les îles d’un côté, Callelongue, la massif de Marseilleveyre, les Goudes et au loin Marseille de l’autre côté. Actuellement, le Parc National des Calanques réfléchit à un moyen pour faire de ce sémaphore un lieu d’accueil et d’animation pour le public !
Une fois que vous aurez pleinement profité de la vue qu’offre le sémaphore, nous vous invitons à reprendre le chemin inverse pour descendre jusqu’à Callelongue où s’achève notre balade ! Nous ésperons que vous avez apprecié cette excursion à travers le massif de Marseilleveyre.