Vous avez sûrement déjà traversé le quartier de Saint-Marcel pendant que vous étiez en route pour la zone commerciale de la Valentine ou pendant que vous vous rendiez à Aubagne. Peut-être même l’avez-vous contemplé depuis le train qui vous emmenait vers Toulon. Pouvez-vous pour autant affirmer connaître l’histoire et les richesses de ce quartier ? C’est souvent un quartier par lequel on passe sans réellement s’arrêter et pourtant, Saint-Marcel a beaucoup de choses à nous raconter !
Quelques mots sur le quartier de Saint-Marcel
Nous vous proposons de débuter cette balade sur le parvis de la gare de Saint-Marcel. Elle se situe en plein centre de ce quartier village. Profitez-en pour faire un petit tour dans les rues avoisinantes ! L’Huveaune et le canal de Marseille traverse ce quartier. Il a longtemps constitué le principal accès à la ville de Marseille à tous ceux qui arrivaient par l’est.
Les Hommes occupent Le site de Saint-Marcel depuis de nombreuses années. Des abris sous-roche de l’époque paléolithique ont situés non loin du village actuel, sur la rive droite de l’Huveaune. Les ségobriges, une tribue celto-ligure se sont également installés à Saint-Marcel durant l’Antiquité. Ils construisent l’oppidum des Baous, un site d’habitation dont les ruines sont aujourd’hui inaccessibles pour le public (excepté lors de visites pendant les journées du patrimoine) et classé Monument Historique depuis 1990. Cet oppidum est l’un des plus anciens de la région.
Au Moyen-Âge, ce sont les moines de l’abbaye de Saint-Victor qui possèdent l’essentiel des terres. Saint-Marcel devient ensuite une seigneurie et passe sous la domination de plusieurs familles de nobles : François des Baux issu de la famille des Baux qui contrôle la baronnie d’Aubagne au 14e siècle ou encore la famille de Forbin qui fait construire un château dont nous parlerons un peu plus tard sur les terres du village.
Le canal de Marseille, qui passe dans le quartier, entre en service en 1849. La ligne de chemin de fer ouvre en 1859. Ces deux innovations contribuent à la prospérité du quartier qui attire de plus en plus de monde. Après la Première Guerre mondiale, une activité industrielle s’installe peu à peu sur les terres de Saint-Marcel. Plusieurs usines s’implantent dans le quartier : la verrerie de Queylar, les établissements Coder (matériel de chemin de fer), les pâtes alimentaires Carret Frères et Compagnie, la cartonnerie Saint-Charles, la scierie de marbre… Beaucoup de marchandises transitent par la gare de Saint-Marcel. A cette époque, le quartier attire beaucoup d’ouvriers qui s’installent à côté des usines. C’est aujourd’hui un petit bourg agréable, relié à Marseille par la voie de chemin de fer et la route nationale.

L’ église de Saint-Marcel
Depuis la gare, remontez la rue de la gare sur la droite et tournez à gauche sur le boulevard Adrien Rousseau. Vous passerez au-dessus de l’Huveaune. C’est aujourd’hui un cours d’eau bien tranquille mais qui donna jadis du fil à retordre aux nombreuses communes qu’il traversait en raison de ces crues très importantes. Au bout du boulevard, vous distinguerez sur la droite la façade de l’église de Saint-Marcel.

La construction de cette église s’achève en 1752. Toutefois, sa consécration n’a lieu qu’en 1836 . Cette église se situe dans la partie la plus ancienne du village de Saint-Marcel. On la remarque par son clocher carré surmonté d’un campanile provençal en fer forgé. Un campanile est un élément architectural qui abrite une cloche.

Le Canal de Marseille
Après avoir contemplé l’église, nous vous invitons à prendre à gauche sur la rue des Rimas pour emprunter la rue du 10 août. Continuez tout droit sur cette rue puis engagez-vous sur le boulevard de la Forbine. Le boulevard de la Forbine passe au-dessus du canal de Marseille. Malheureusement, pour des raisons de sécurité, il n’est pas possible de marcher le long de ce canal. Vous ne pourrez que vous imaginez suivre les traces de Marcel Pagnol qui longeait enfant le canal avec sa famille pour se rendre dans sa maison de vacances.
Le canal de Marseille est construit sous le règne de Louis Philippe sous la direction de l’ingénieur Franz Mayor de Montricher. C’est grâce à ce canal que Marseille dispose de l’eau potable. Le canal de Marseille achemine sur 80 kilomètres les eaux de la Durance jusqu’à Marseille. Il dessert l’intégralité des quartiers Marseillais. Ce canal est un projet titanesque en raison des nombreuses infrastructures qu’il a fallu construire pour qu’il puisse voir le jour. C’est l’une des réalisations les plus marquantes de l’ingénierie du XIXe siècle. Jusqu’en 1970, le canal de Marseille reste la seule source d’alimentation en eau potable de la ville. Aujourd’hui, ce canal fournit les deux-tiers de l’eau potable de la ville.

L’église Notre-Dame de Nazareth
Après le canal, marchez quelques minutes le long du boulevard de la Forbine et tournez sur la gauche pour vous engager sur la montée des Gaulois. Ce petit chemin vous emmène dans les hauteurs du quartier où s’installent de belles villas. Après une dizaine de minutes de marche, au numéro 25, vous arriverez devant l’église de Notre-Dame de Nazareth.
Cette église demeure méconnue des Marseillais et pourtant c’est l’une des plus anciennes de la ville ! Elle date du XIIe siècle. Vue de l’extérieur, l’apparence de l’église est très sobre. C’est à l’intérieur qu’elle abrite ses richesses. L’église Notre-Dame de Nazareth possède l’un des plus vieux autels de France : il date du VIe siècle. On y trouve également de nombreux ex-votos.
A l’extérieur, l’église est de style romano-provençale. Elle aurait été construite entre 1130 et 1200. Tous les éléments ne sont pas d’époque. Le clocher actuel, de forme carré, a été construit au XVIe siècle. Le porche date lui aussi du XVIe siècle. Initialement, l’église comportait une flèche en bois. Frappée par la foudre, elle a été remplacée en 1820 par une coupole.

Autrefois, cette église servait d’église paroissiale pour le vieux village de Saint-Marcel. Peu à peu, le centre du village s’est installé dans la vallée autour d’une nouvelle église, que vous avez contemplée au début de cette balade. Toutefois, une messe est toujours célébrée au sein de l’église Notre-Dame de Nazareth. Elle a lieu le 15 août.

La vue sur Saint-Marcel
Après avoir visité l’église, nous vous invitons à monter un peu plus haut sur le chemin de Notre-dame de Nazareth. Vous aurez alors un magnifique panorama sur Saint-Marcel et le château de Forbin au premier plan.

Au départ, le château de Forbin est un pavillon de chasse. Il finit pourtant par devenir une demeure aristocratique. C’est Guillaume Forbin qui achète le petit pavillon de chasse au XIVe siècle. La famille de Forbin est une famille qui fait fortune dans le commerce au XVe siècle. Elle finit par devenir l’une des familles les plus influentes de la région Marseillaise. De nombreux membres de cette famille ont eu un rôle à tenir dans l’histoire de la Provence et ont servi le royaume de France. En 1481, par exemple, Palamé de Forbin est nommé gouverneur et lieutenant général de Provence. Au cours du XVIIe siècle, Claude de Forbin est nommé Comte de Gardanne. Enfin, nous pouvons citer la marquise Roselyne de Forbin d’Oppède qui est l’une des premières historiennes françaises !

C’est pour symboliser aux yeux de tous la puissance de cette famille que le petit pavillon de chasse devient un château au cours du XIXe siècle. Encore aujourd’hui c’est une demeure qui n’a rien perdu de sa superbe. Le château a été restauré il y a quelques années. Il dispose d’une surface de plus de 10000 m2 habitable. Sur la façade de la demeure, il est possible d’admirer des fenêtres de style Renaissance. Elles proviennent de l’ancien hôtel particulier des Forbin, détruit lors du percement de la rue Impériale (que vous connaissez aujourd’hui sous le nom de rue de la République) en 1864. A l’intérieur du château on retrouve plusieurs chambres, salons et salle de bain, une bibliothèque ainsi qu’une cave à vin. La bibliothèque entièrement restaurée conserve son charme d’antan. Le grand escalier en colimaçon qui s’y trouve a probablement été signé par Gustave Eiffel !

Malheureusement, il n’est pas possible de visiter le château de Forbin ou son parc. Le domaine est fermé au public. Toutefois, si vous avez un jour envie de découvrir la sublime demeure de la famille de Forbin, sachez qu’il est possible de réserver le château pour différents types d’évènements comme des anniversaires, des séminaires ou encore des mariages.
La pagode Trùc Lâm
Faites chemin inverse sur la montée des Gaulois pour retrouver le boulevard de la Forbine. Continuez à remonter ce boulevard sur la droite. Vous longerez les terres du château de Forbin.

Bientôt, vous arriverez à hauteur de l’entrée de la pagode Trùc Lâm qui se situe sur votre droite. Vous vous apprêtez à pénétrer dans un temple bouddhiste vietnamien. En 1940, des expatriés vietnamiens arrivent à Marseille. Ils souhaitent installer un lieu de culte pour que la communauté puisse se recueillir. Cette pagode est créée en 1984. Au départ, elle s’installe dans un appartement du 2e arrondissement de Marseille. Les fondateurs ont ensuite trouvé ce terrain niché dans les collines de Saint-Marcel et y installent la pagode à partir de 1988. Le temple accueille aussi les non bouddhistes ! Vous pouvez venir le visiter, y prendre un déjeuner ou un thé. Une longue allée de statues vous conduira jusqu’à l’autel de Bouddha.
Le castrum
En sortant de la pagode bouddhiste, continuez sur le boulevard de la Forbine qui, après quelques mètres, tourne sur la droite. Continuez à suivre le chemin pour contourner les maisons et vous approcher le plus près possible de la colline. Au sommet de cette colline se trouvent les ruines du castrum de Saint-Marcel. Attention ! Le château est un peu difficile d’accès. Si vous avez du mal à l’atteindre, vous pouvez toujours le contempler de plus bas.
Voici l’unique vestige médiéval qui subsiste encore à Marseille ! Ce sont les Romains qui ont choisi de construire cette forteresse qui surplombe la vallée de l’Huveaune et dispose d’un panorama qui va du massif de la Sainte-Baume à la colline de la Garde. Ils pouvaient surveiller de loin l’arrivée de potentiels ennemis. Ce château fonctionnait en duo avec l’oppidum des Baous, situé sur l’autre rive situé sur l’autre rive de l’Huveaune afin de verrouiller l’entrée de Marseille.
Le castrum reste en activité jusqu’au milieu du XVe siècle et fait l’objet de destruction et de reconstruction successive. C’est au pied de ce château que se développe le premier village de Saint-Marcel. Les seules reliques sauvées sont l’autel dont nous parlions tout à l’heure, conservé à l’église Notre-Dame de Nazareth et un bout de la muraille du château, exposée au château de Forbin. Vous pourrez contempler les vestiges de la tour sud, facilement identifiable grâce à sa forme ronde.