Entre deux jardins, partez à la découverte de l’histoire de Marseille dans une balade 100 % urbaine.
Le jardin des Vestiges
Notre balade débute juste à côté du Centre Bourse, derrière le Vieux-Port. Vous vous trouvez face au jardin des Vestiges. Il est ainsi nommé car il abrite de nombreux vestiges archéologiques datant de l’époque Antique. Ils ont été découverts en 1967 au moment de la construction du Centre Bourse. Avec sa superficie d’un hectare, ce site est l’un des plus grands sites archéologiques de France situé en milieu urbain. Il fait partie du Musée d’Histoire de Marseille, installé au rez-de-chaussée du Centre Bourse.
Il se structure autour de divers éléments :
- Les anciens remparts de la cité phocéenne qui datent du IIIe siècle avant Jésus-Christ.
- La voie dallée qui menait au centre de la cité jadis situé Place de Lenche dans le quartier du Panier. Elle a été construite à partir de dalles en pierre de Cassis.
- Le Port Antique de Marseille. À l’époque grecque, le port s’étendait plus à l’Est que le Vieux-Port puisque la mer remontait jusque-là. Des quais datant de l’époque romaine et des escaliers qui servaient au déchargement des marchandises sont encore visibles. La plus grande épave visible au monde a été découverte sur le lieu. Un bateau long de 23 mètres et datant du IIIe siècle avant Jésus-Christ a été découvert. Il s’est enseveli dans la vase au fil des années ce qui lui a permis de se conserver. L’épave est aujourd’hui visible au Musée d’Histoire de Marseille.
- Un grand bassin d’eau douce datant du IIe siècle avant Jésus-Christ qui servait pour l’alimentation en eau des bateaux.
Le jardin tel qu’on le connaît aujourd’hui a été imaginé par l’architecte paysagiste Jean-Louis Martin. Il a été inauguré en octobre 2009 et rénové en 2019.
La rue Saint-Ferréol
Depuis le jardin des Vestiges, contournez le centre Bourse. Au niveau de l’entrée des Galeries Lafayette, tournez à droite pour vous rendre sur la Canebière. Remontez-la sur quelques mètres pour accéder à l’entrée de la rue Saint-Ferréol.
La rue Saint-Ferréol a été construite à la fin du XVIIe siècle pour répondre à la volonté d’agrandir Marseille vers le sud. Dès son ouverture, elle est habitée par la bourgeoisie. Ses beaux immeubles et les magasins de luxe qui y sont implantés contrastent avec les petites rues du quartier de Noailles, peuplées de commerces alimentaires et d’échoppes d’artisans.
Au XVIIIe siècle, la rue devient l’une des artères les plus populaires et les plus luxueuses de toute la ville. Toute la bourgeoisie marseillaise appréciait s’y rendre pour faire des achats et se montrer. Elle sera même comparée aux grands boulevards parisiens.
Au XIXe siècle, les hôtels de luxe et grands restaurants s’y installent. La rue peut se targuer d’avoir accueilli les hommes illustres les plus célèbres de l’époque : Victor Hugo, Alexandre Dumas ou encore Honoré de Balzac y ont séjourné. De nombreuses banques s’y installent également : le Crédit Lyonnais, la Banque Commerciale Italienne, la Banque Ottomane. La rue Saint-Ferréol est au sommet de sa gloire.
Au XXe siècle, ce sont les cinémas qui s’installent rue Saint-Ferréol. Le Modern en 1907, le Rex en 1933, le Majestic en 1939 etc. La rue deviendra piétonne en 1989. Au début des années 1960, la rue Saint-Ferréol est la première rue a être illuminée pendant les périodes de fin d’année. Même si les magasins de luxe ont aujourd’hui quitté la rue Saint-Ferréol pour se rendre plutôt rue Paradis, elle reste l’une des rues emblématiques du centre-ville.
Le cours Honoré d’Estienne d’Orves
Au niveau du magasin Boulanger, tournez à droite sur la rue Francis Davso et suivez-la jusqu’à déboucher sur le cours Jean Ballard. Traversez-le pour rejoindre l’entrée du Cours Honoré d’Estienne d’Orves. Ce cours tiens son nom d’un officier de la Marine Française, héros de la Résistance pendant la Seconde Guerre Mondiale qui fut capturé par les Allemands au cours d’une mission d’espionnage et fusillé en août 1941.
Le cours Honoré d’Estienne d’Orves se situe au milieu du quartier des Arcenaulx. Ce quartier abrite l’Arsenal des Galères, un arsenal militaire construit au XVIIe siècle par le ministre Colbert pour accueillir et armer les galères du roi Louis XIV. L’ancienne capitainerie se trouvait sur le cours Honoré d’Estienne d’Orves. Le bâtiment est encore visible aujourd’hui et abrite l’hôtel Ibis Budget. En 1702, une darse (un bassin rectangulaire) est creusé le long du Cours Jean Ballard et du Cours d’Estienne d’Orves. Cela permettait de relier l’arsenal au Vieux-Port et ainsi d’acheminer plus facilement des matériaux. Lorsque l’arsenal ferme définitivement en 1748, la Ville récupère les hangars et finira par les détruire. Toutefois la darse est préservée et sera même transformée en canal. Baptisé le canal de la Douane, il est prolongé en 1782 le long de la Place aux Huiles pour permettre une deuxième liaison avec le Vieux-Port. À cette époque, de grands entrepôts sont construits derrière le Vieux-Port et le canal permettait d’acheminer les marchandises grâce à des barques à fond plat.
Le canal donne un petit côté bucolique au quartier et était très apprécié des Marseillais car il conférait à la ville un petit charme tout droit sorti de Venise ou d’Amsterdam. Cependant, la vile décide de fermer le canal en 1927 car ses eaux seraient susceptibles de propager des maladies. Le cours Honoré d’Estienne d’Orves devient alors une place publique où se tenait un marché. En 1965, le cours connaîtra toutefois un nouveau chantier rocambolesque avec l’installation d’un parking aérien qui restera en service jusqu’en 1987.
En 1988, des travaux sont lancés pour créer la véritable place piétonne que l’on connaît aujourd’hui. C’est l’urbaniste Charlie Bové qui en a imaginé les plans. Bordé de restaurants, de bars et de cafés, cette place est devenue un lieu de rendez-vous incontournable pour beaucoup de Marseillais.
La place Monthyon
Depuis le cours Honoré d’Estienne d’Orves, remontez les escaliers de la Rue Fortia qui se situent juste à côté de la Maison de l’Artisanat et des Métiers d’Art. Vous déboucherez alors rue Sainte où se trouvent de nombreux restaurants. Continuez de remonter la rue Fortia qui devient ensuite la rue Émile Pollak. Vous arriverez alors sur la Place Monthyon sur laquelle se trouve le Palais de Justice.
Au XVIIIe siècle, cette place était communément appelée le champ du Major en référence aux exercices que venaient y faire les troupes de l’arsenal des galères sous la direction de leur major. En 1724, le gouvernement royal décide toutefois de léguer la place à la Ville de Marseille qui décide d’y aménager une place publique avec une fontaine. Cependant, faute de financements, les travaux seront pris en charges par les riverains propriétaires d’un domicile à proximité de la place. La réalisation de la place fut terminée grâce à la générosité de l’intendant de Provence, Jean-Baptiste Antoine Auget, baron de Monthyon. La place sera ainsi nommée Place Monthyon en guise de remerciement pour son geste.
Le palais de justice
Le Palais de justice est construit entre 1856 et 1862 sur les anciens terrains de l’Arsenal pour remplacer l’ancien Palais de Justice, devenu trop petit. Il était situé place Daviel dans le quartier du Panier. Le nouveau palais de justice est construit par l’architecte Auguste Martin. Son architecture reprend les mêmes codes que les autres palais de Justice construits sous le Second Empire. C’est un bâtiment avec une façade de style classique mesurant 57 mètres de longueur et 54 mètres de largeur.
Au centre, se trouve une porte monumentale composée d’un perron et d’un péristyle de 6 colonnes surplombé d’un fronton triangulaire où sont représentés au centre la Justice entourée de la Force et de la Prudence. Le Crime est représenté allégoriquement par un homme accroupi dans l’angle. L’Innocence est représentée dans le coin gauche par une femme allongée. Ces sculptures sont l’œuvre d’Eugène Guillaume.
Le Palais de Justice apparaît dans l’une des scènes du film franco-italien l’Armée des Ombres de Jean-Pierre Melville avec Lino Ventura et Simone Signoret.
le jardin de la colline Puget
Depuis la place Monthyon, remontez le cours Pierre Puget jusqu’à l’entrée du jardin de la colline Puget. Il tient son nom du célèbre architecte Marseillais Pierre Puget dont le buste à été installé à l’entrée du jardin en 1872.
Le jardin de la colline Puget est le plus ancien des jardins publics de Marseille. Il est bâti sur une colline qui surplombe le Vieux-Port. C’est un véritable écrin de verdure situé à quelques minutes à peine de l’hypercentre. Sa construction débute en 1801 sous l’initiative du préfet Charles Delacroix. Néanmoins, en raison de problèmes politiques et financiers, les travaux d’aménagement de ce jardin s’étaleront sur plus de 50 ans. De plus, la topographie du site d’accueil du jardin ont fortement ralenti les travaux. Les écroulements étaient fréquents, l’arrosage plutôt difficile et le transport de la terre devait se faire à dos d’âne. Attention, l’ascension jusqu’au sommet du jardin est plutôt difficile car la montée est très raide ! Néanmoins, le haut du jardin vaut vraiment le détour car il offre une très jolie vue sur le centre-ville de Marseille, la mer et le Vieux-Port. Des espaces de jeux pour les enfants ainsi que de nombreux bancs y ont été aménagés.
Ici se termine notre ballade mais si vous vous sentez d’attaque, sachez que depuis le haut du jardin, vous n’êtes qu’à quelques mètres seulement du site de la Basilique Notre-Dame de la Garde. Pourquoi ne pas continuer un peu votre ascension ?
Bonjour,
La réouverture des jardins et parcs publics était prévue le 11 mai 2020 après l’épisode COVID.
Aujourd’hui 12 mai 2020 le jardin est toujours fermé au public.
Quand sera t-il réouvert ?