Jean-Claude Izzo est un auteur Marseillais qui a marqué la littérature des années 1990 avec sa trilogie de romans policiers qui raconte les aventures du policier Fabio Montale. Ce passionné d’écriture n’a pourtant pas écrit que des polars. Du roman aux articles de journaux en passant par la poésie, Jean-Claude Izzo maîtrise bien des façons d’écrire ! Nous revenons avec vous sur son histoire et sur ses œuvres les plus marquantes ! Qui sait ? Peut-être que grâce à nous vous trouverez le prochain livre que vous glisserez dans vos valises pour partir en vacances cet été ?
Mais au fait, qui est Jean-Claude Izzo ?
Avant de nous intéresser à ses œuvres, revenons quelques instants sur l’histoire de Jean-Claude Izzo. Jean-Claude Izzo est né à Marseille en juin 1945. Son père d’origine italienne émigre à Marseille en 1928. Sa mère est Marseillaise. Elle est née dans le quartier du Panier. Très bon élève, Jean-Claude Izzo écrit des histoires et des poèmes depuis son plus jeune âge. Pourtant, comme la plupart des enfants d’immigrés, il est orienté vers un lycée technique où il obtient un CAP de tourneur-fraiseur. En 1964, il est appelé pour faire son service militaire. De retour à Marseille, il se marie et intègre le PSU (Parti Socialiste Unifié). En juin 1968, il est candidat aux élections législatives de Marseille. Il adhère au PCF (Parti Communiste Français) deux mois plus tard.
En parallèle de sa carrière politique, Jean-Claude Izzo continue à écrire. Désormais installé à Saint-Mitre les Remparts, il écrit de nombreux articles pour “La Marseillaise”. Le journal finit par l’embaucher en tant que journaliste en 1972. La même année, il devient rédacteur en chef adjoint du quotidien et est responsable de la rubrique culture. Il publie plusieurs recueils de poèmes à cette époque. Jean-Claude Izzo quitte La Marseillaise en 1979. Il écrit ensuite dans différentes revues et journaux. En plus de sa carrière de journaliste, Jean-Claude Izzo publie plusieurs recueils de poèmes et des romans. Il sera également animateur de la radio “Forum 92” pendant un temps.
Jean-Claude Izzo participe à la création de plusieurs événements littéraires : Le carrefour des littératures Européennes de Strasbourg, le festival du polar de Grenoble ou encore le festival étonnant voyageur de Saint-Malo. Il a également été délégué général des rencontres Goncourt des lycéens de 1992 à 1994. Le 26 janvier 2000, il meurt prématurément d’un cancer à l’âge de 54 ans.
Total Khéops
Total Khéops, sorti en 1995 est le premier roman de la trilogie Marseillaise, une série de romans policiers qui constitue l’œuvre la plus connue de Jean-Claude Izzo. La suite de ce roman policier, intitulée “Chourmo” paraît en 1996. Le dernier roman de cette trilogie “Soléa” paraît en 1998. Cette trilogie raconte les aventures du Marseillais Fabio Montale.
Issu de l’immigration italienne, Fabio Montale est un ancien délinquant devenu policier de la brigade de surveillance des secteurs. L’histoire débute lorsque ses deux amis d’enfance et partenaires de braquage, Manu puis Ugo, sont abattus. Fabio Montale décide de prendre les choses en main et de mener l’enquête. Alors qu’il tente de démêler le vrai du faux, le policier se retrouve confronté aux fantômes de son passé. L’enquête devient de plus en plus compliquée pour Fabio lorsqu’une de ses amies est retrouvée violée et assassinée.
Total Khéops, c’est aussi un livre qui raconte Marseille. Jean-Claude Izzo dresse le portrait de la cité phocéenne, terre d’accueil avec une forte mixité sociale où les habitants au cœur intègre ont parfois du mal à ne pas s’égarer dans un monde où l’argent est roi. Le titre du livre est emprunté à l’une des expressions imaginée par Akhenaton au début du groupe IAM. “Total Khéops” fait ainsi référence à un “gigantesque bordel” et cela fait bien écho à la situation dans laquelle se retrouve le héros du roman.
Avec ce roman, Jean-Claude Izzo a remporté le trophée 813 du meilleur roman francophone en 1995. Le trophée 813 est un prix qui récompense les romans policiers. En 2002, le roman est adapté en film par Alain Bévérini, un journaliste et réalisateur Marseillais.
Chourmo
En 1996, les lecteurs retrouvent Fabio Montale dans le deuxième volet de ses aventures : Chourmo. Le héros, qui a démissionné de la police, entend bien passer un peu de bon temps dans son cabanon Marseillais avec vue sur la mer. Malheureusement pour lui, sa cousine Gélou vient le trouver avec un nouveau mystère. Son fils Guitou a disparu ! Quelques temps plus tard, le cadavre du jeune Guitou est retrouvé à côté de celui d’un historien algérien réfugié en France.
Fabio Montale s’interroge. Qui aurait bien pu tuer ce jeune homme à priori sans histoires ? Le héros se lance alors à la poursuite de l’assassin et pour cela, il doit retourner dans les quartiers nords de la ville. Le livre est dédié à Ibrahim Ali, jeune Marseillais abattu le 24 février 1995 dans les quartiers nord de Marseille par des colleurs d’affiches du Front National.
Le titre de ce second volet est emprunté à un autre groupe Marseillais : le groupe Massilia Sound System. C’est le nom de leur premier album sorti en 1993. Le Chourmo, c’est l’état d’esprit des anciens galériens, les rameurs des galères de la ville qui partaient de Marseille pour la route des épices. Par extension, c’est devenu un état d’esprit qui pousse les gens à aller vers les autres. Un état d’esprit qui convient parfaitement au héros Fabio Montale !
Ce roman remporte le prix Sang d’encre. C’est un prix littéraire qui récompense des romans policiers depuis 1995. Il est décerné chaque année lors du Festival sang d’encre qui se déroule à Vienne en Isère.
Soléa
Décidément, Fabio Montale n’est pas prêt de pouvoir se reposer. Le troisième volet de ses aventures, Soléa paraît en 1998. Cette fois, c’est son amie journaliste Babette qui demande de l’aide à Fabio Montale. Cette jeune Marseillaise s’est attirée de gros ennuis. Alors que son plus gros projet, un reportage sur la mafia du Sud de la France est en train d’aboutir, elle est poursuivie par des tueurs qui viennent d’abattre son amant. Réfugiée dans les Cévennes, elle envoie son travail à Fabio Montale et lui demande de la retrouver. Alors que l’ancien policier tente de sortir Babette de ses ennuis, il prend conscience de la force de ces réseaux de crime organisé. Tout au long de son enquête, les cadavres s’accumulent autour de lui…
Pour ce troisième roman, Jean-Claude Izzo s’inspire encore une fois de l’univers musical pour nommer son roman. Solea, c’est le titre d’une chanson du jazzman Miles Davis qui s’inspire du chant flamenco. Comme ce morceau, le roman d’Izzo est teinté de mélancolie. Le soleil et le beau temps caractéristique de Marseille ne suffisent pas à dissimuler la noirceur de ses habitants.
Les marins perdus
Si avec la trilogie Marseillaise, Jean-Claude Izzo a surtout évoqué l’image sulfureuse de Marseille, une ville où règne petites magouilles et grands banditisme et sa mixité culturelle, Jean-Claude Izzo s’est également intéressé à d’autres facettes de notre cité phocéenne. Dans son roman Les marins perdus, nous quittons les cités et les quartiers nords de Marseille pour nous rendre dans le port de Marseille aux côtés des marins d’un cargo.
L’histoire débute aux premières heures d’un matin pluvieux. Abdul, Diamantis et Nedim, les trois marins du cargo l’Aldébaran ont le moral dans les chaussettes. Cela fait cinq mois que leur bateau est à quai car leur armateur a pris la fuite. Les marins et le cargo sont condamnés à attendre de voir ce que la justice décidera de leur sort. Le livre raconte leur quotidien un peu à la dérive entre la mer et la terre pendant que Marseille veille sur eux. Au fil de l’histoire, les trois protagonistes apprennent à se connaître, partagent leurs souvenirs. Pourquoi n’ont-ils pas quitté le navire comme le reste de l’équipage ?
Le soleil des mourants
Le soleil des mourants est le dernier roman écrit par Jean-Claude Izzo et paru en 1999, quelques mois avant sa mort. Jean-Claude Izzo a bel et bien délaissé le polar pour lui préférer le roman noir.
Dans ce livre, l’auteur raconte l’histoire de Rico, un homme qui se retrouve à la rue à la suite d’une séparation avec Sophie, la mère de son fils. Les choses ne vont pas en s’arrangeant pour Rico lorsque Titi, son seul vrai copain meurt, emporté par le froid. Rico décide alors de quitter Paris où plus rien ne le retient. Il aimerait se rendre à Marseille, la ville de Léa son amour de jeunesse. Sur sa route, il rencontre différents personnages, tous vaincus par la vie comme lui.
Le 26 janvier 2000,le journal de France-Culture m’a réveillée en annonçant le décès de Jean-Claude Izzo,bouleversement de ma journée!!
Alors,j’ai demandé à la radio de transmettre une lettre à la famille d’Izzo. Ce fut fait,il y a eu une réponse pour atténuer un peu ma peine immense.