Cette semaine, (re)découvrez l’hypercentre de Marseille grâce à un circuit 100 % urbain !
La place Sadi Carnot
Notre balade débute sur la place Sadi Carnot qui coupe la Rue de la République à l’endroit ou celle-ci croise la rue Colbert. La place Sadi Carnot voit le jour au XIXe siècle au moment de la construction de la rue de la République. À l’origine, le projet était d’en faire un point central, au croisement de trois artères haussmanniennes. Le projet n’a pas abouti puisque seulement deux artères sur les trois initialement prévues virent le jour : la rue Impériale (future rue de la République) et la rue de l’Impératrice (future rue Colbert).
Sur la place Sadi Carnot, vous pourrez contempler l’ancien siège de la Compagnie des Messageries Maritimes, une grande entreprise marseillaise créée en 1851 par Albert Rostand, un armateur marseillais et Ernest Simons, directeur de la compagnie Messageries Nationales. Elle permettait de transporter des passagers, des marchandises mais aussi du courrier. La compagnie a fermé ses portes le 23 février 1977. Le bâtiment a ensuite accueilli l’Hôtel Régina, un établissement luxueux de 250 chambres qui permettait aux premiers croisiéristes qui se rendent à Marseille et aux riches investisseurs de séjourner dans le centre-ville. Aujourd’hui, l’immeuble abrite l’Hôtel des Impôts.
La rue de la République
Depuis la place Sadi Carnot, avancez sur la rue de la République en direction du Vieux-Port. Anciennement appelée rue Impériale, la rue de la République est ouverte sous le Second-Empire. Elle est construite sur décision de la Ville et sous l’impulsion de Napoléon III pour relier le Vieux-Port et le centre-ville historique de Marseille au nouveau port de la Joliette. Pour percer cette avenue de plus d’un kilomètre de long, il a fallu détruire de nombreux immeubles et des rues du vieux-centre de la ville. Les travaux ont duré plus de deux ans. La rue est inaugurée le 18 août 1864 et va considérablement transformer la dynamique du centre-ville. C’est désormais par cette rue que transitent ouvriers, marins et voyageurs qui se rendent au port de la Joliette.
La rue a été construite dans une architecture haussmannienne, un style très populaire à Paris au XIXe siècle qui s’est ensuite diffusé dans d’autres villes comme Lyon ou Marseille. Les immeubles de ce style sont facilement identifiables grâce à leur façade en pierre de taille (un matériau très noble), leurs haut-plafonds et leurs larges fenêtres. Leur hauteur varie entre 6 et 20 mètres selon les artères. Ils se composent de 6 étages maximum. En construisant ces immeubles luxueux, l’objectif de la ville était d’inciter les bourgeois Marseillais à revenir s’installer dans le centre-ville, ce qui n’a pas réellement fonctionné. Ce style d’architecture à la parisienne n’a pas connu un réel succès à Marseille.
À partir des années 1970, la rue de la République connaît quelques difficultés. Les immeubles, pour la plupart à l’abandon manquent d’entretien et sont squattés. Les immeubles ont aujourd’hui été rénovés mais si quelques magasins et restaurants ainsi que le tramway ont apporté un peu de vie à la rue beaucoup de locaux commerciaux demeurent malheureusement vides.
L’église Saint-Ferréol les Augustins
En continuant votre chemin le long de la Rue de la République, vous déboucherez bientôt sur le Vieux-Port. Sur votre gauche, vous pourrez admirer la façade immaculée de l’Eglise Saint-Ferréol des Augustins qui contraste légèrement avec les immeubles qui l’entoure. C’est l’une des plus grandes églises de Marseille. En 1367, l’ordre monastique des Augustins s’installe à Marseille et reçoit un terrain à l’emplacement de la future église. Une chapelle est d’abord construite. La construction de l’église ne débute qu’en 1447. Toutefois, la façade blanche immaculée de style néo-baroque ne date que du XIXe siècle. En effet, l’église a connu au fil du temps de nombreux changements. Aujourd’hui seuls les murs de la nef datent de l’époque originelle. L’église des Augustins prendra le nom de Saint-Ferréol, en hommage au martyr du IVème siècle.
La Samaritaine
Juste en face de l’église, de l’autre côté de la route se trouve la célèbre brasserie de la Samaritaine : la plus ancienne brasserie de Marseille.
Son histoire débute au moment du percement de la rue Impériale. Lorsque la rue est inaugurée, de nombreux commerces s’y installent. C’est le cas de la Samaritaine qui était à l’époque un grand magasin de lingerie. Le succès perdure pendant plusieurs années mais la crise économique qui s’installe en Europe au début du XXe siècle contraint le magasin à fermer ses portes. En 1910, trois associés décident de racheter le magasin de lingerie pour en faire une brasserie.
Le succès de la Samaritaine est immédiat auprès des armateurs des grandes compagnies maritimes. Ils se sont installés pour la plupart sur le Vieux-Port, autour de la Samaritaine et apprécient de s’y rendre. Au fil du temps, c’est également devenu le lieu de rendez-vous de leurs employés.
Lorsque les grandes compagnies maritimes disparaissent, la Samaritaine parvient à conserver cette image de brasserie centrale où toutes les nationalités et classes sociales se mélangent. À l’époque de l’occupation allemande, elle est victime d’un incendie et sera obligée de fermer ses portes jusqu’en 1948. Depuis la Samaritaine perdure et continue de faire le bonheur des promeneurs qui apprécient de s’installer sur sa terrasse pour y boire un verre face au port et à Notre-Dame de la Garde.
Le Quai de la Fraternité
Engagez-vous sur le Vieux-Port en longeant le Quai de la Fraternité. C’est le quai qui permet de relier le Quai du Port au nord, au quai de Rive Neuve au sud. Avant la création du port de la Joliette, tous les bateaux de commerce et de croisières transitaient vers le Vieux-Port et c’est sur le Quai de la Fraternité que les marchands et les touristes accostaient. Aujourd’hui c’est toujours un point central pour les Marseillais comme pour les touristes. C’est sur ce quai que débouche le métro Vieux-Port. De nombreuses lignes de bus y passent et c’est en partant de ce quai que l’on emprunte les navettes pour le Frioul. Enfin, les Marseillais sont nombreux à se donner rendez-vous sous l’ombrière du Vieux-Port imaginée par Norman Foster en 2013.
La Place aux Huiles
Engagez-vous sur le Quai de Rive-Neuve. C’est sur ce quai que se trouvent les pubs et les bars les plus fréquentés du Port. Entre le pub du Queen Victoria et le Havana Café, vous arriverez à hauteur de la Place aux Huiles. Cette place à été construite sur l’emplacement de l’ancien canal de la Douane qui coulait aussi le long des cours Honoré d’Estienne-D’Orves et Jean Ballard. Ce canal a été comblé entre 1927 et 1929. À l’origine, ce canal permettait aux galères d’accéder aux arsenaux, un chantier naval militaire qui se situait entre le Quai des Belges, le Quai de Rive Neuve et la rue Fort Notre-Dame. Le canal a ensuite été utilisé à des fins commerciales et permettait de débarquer ou d’embarquer de grosses barriques d’huile qui servaient pour les savonneries de la rue Sainte. C’est cette activité qui a donné son nom à la place aux Huiles lorsque le canal fut détruit. Aujourd’hui, la place abrite des restaurants.
Le Palais du Pharo
En poursuivant votre chemin le long du Quai de Rive Neuve, vous arriverez rapidement à hauteur du Bassin du Carénage construit en 1829 pour accueillir la construction et la réparation navale et permettre ainsi au Vieux-Port de gagner un peu d’espace. Aujourd’hui il sert de point d’amarrage pour de nombreux bateaux.
En dépassant le bassin du Carénage vous vous engagerez sur le Boulevard Charles Livon, qui conduit à la plage des Catalans et au début de la Corniche Kennedy. A mi-chemin environ, se trouve l’entrée des jardins du Pharo aussi appelés jardins Émile Duclaux. C’est dans ce parc que se trouve le palais du Pharo, une splendide bâtisse dont la construction fut ordonnée par Napoléon III. Il avait pour projet de s’y installer au cours de ses voyages à Marseille. Plusieurs architectes ont participé à la construction de ce palais : Samuel Vaucher, Hector-Martin Lefuel puis Henry-Jacques Espérandieu. Finalement l’empereur n’y a jamais vécu. Après son décès survenu en 1873, son épouse : l’impératrice Eugénie cède le palais à la Ville de Marseille à condition que la bâtisse serve à des fins d’utilité publique. Jusqu’ ‘à la fin du XIXe siècle, le palais abritera un hôpital où étaient accueillis les malades atteints par la tuberculose et le choléra. Aujourd’hui, le palais est un centre de congrès.
La deuxième partie du Palais, construite quelques mètres plus loin a d’abord accueilli l’École du Pharo, une école militaire spécialisée dans la recherche et l’enseignement de la médecine tropicale. Depuis 2012, c’est le siège de l’Université d’Aix-Marseille qui occupe les lieux.