Les actions du Marseillais Gaston Crémieux pour la République

Histoire Les actions du Marseillais Gaston Crémieux pour la République

Le 8 août 1870, un comité révolutionnaire dirigé par l’avocat Gaston Crémieux prend d’assaut la mairie de Marseille et y installe un comité révolutionnaire. Quelques mois plus tard, Crémieux devient un des acteurs majeurs de la Commune de Marseille. Retour sur le parcours de cet homme qui soutiendra la République avec ferveur tout au long de sa vie et qui finira fusillé pour cela !

Qui est Gaston Crémieux ? 

Avant d’entrer dans le vif du sujet et de vous parler de la chute de l’Empire, de la République et de la Commune, revenons quelques instants sur qui était Gaston Crémieux. Il naît le 22 juin 1836 à Nîmes. Il est originaire d’une famille juive venue du Comtat Venaissin. Après avoir fait des études à Montpellier et à Aix-en-Provence pour devenir avocat, Gaston Crémieux ouvre son premier cabinet à Nîmes.  Très vite, il se préoccupe de la classe ouvrière et de ses difficultés. 

Ses débuts en tant qu’avocat sont modestes. Au départ, il est simplement connu comme avocat suppléant commis d’office pour les personnes avec de faibles revenus. Très vite, il parvient toutefois à se faire une place dans le monde politique. Il devient un ardent défenseur de la République, de la liberté de pensée et de la lutte contre l’intolérance. Fin novembre 1857, Gaston Crémieux fonde l’Avenir, un journal littéraire avec 4 de ses amis. Ce journal sera interdit en février 1858 car il est jugé politiquement dangereux.

En 1862, Gaston Crémieux quitte Nîmes pour s’installer à Marseille et y ouvrir son cabinet d’avocat rue Venture. Il décide d’offrir ses connaissances aux associations de lutte ouvrière dont il encourage la création. Par le biais de l’enseignement, il développe une véritable politique d’entraide. Dès 1865, il s’implique dans la construction d’écoles publiques destinées aux adultes. En 1869, il soutient Léon Gambetta alors que celui-ci est candidat aux élections législatives à Marseille. Toutes ces actions lui permettent de devenir un personnage incontournable de la politique locale. Léon Gambetta fait de Gaston Crémieux son directeur de campagne et celui-ci devient rapidement l’un des leaders de la gauche radicale à Marseille.

Gaston Crémieux (1836-1871) dirigeant de la Commune de Marseille (CC0 Paris Musées / Maisons de Victor Hugo Paris-Guernesey).

L’insurrection populaire menée par Gaston Crémieux en août 1870

Les évènements se passent à la fin du Second-Empire.  L’empereur Napoléon III désormais âgé et malade ne fait plus l’unanimité. Beaucoup se demandent si l’empereur est toujours capable de diriger l’empire correctement compte-tenu de ses soucis de santé. Napoléon III doit faire face aux républicains qui tentent de renverser l’Empire. Les ouvriers, dont le nombre a beaucoup augmenté sous le Second Empire représentent une catégorie sociale très ouverte aux idées républicaines. Ainsi, l’empereur peine à garder le soutien du peuple.

Alors que l’empereur est en guerre contre la Prusse et l’Empire plus fragilisé que jamais, de nombreuses révoltes républicaines éclatent en France. 

Le 7 août 1870, une foule de 40 000 personnes avec à sa tête Gaston Crémieux et Gustave Naquet (journaliste, poète et homme politique français) envahit la Préfecture. Ils y présentent le drapeau tricolore, futur emblème de la République sur lequel on peut lire : “la patrie est en danger, le peuple réclame les armes.” Cependant, les autorités dispersent vite la foule et le préfet refuse de rendre les armes. Les autorités arrêtent Gustave Naquet.

Le lendemain, Gaston Crémieux mène une deuxième insurrection populaire. Il retourne à la Préfecture pour demander la libération de Gustave Naquet, ce que le préfet refuse bien évidemment. Le cortège prend alors la direction de la mairie. Après avoir pris d’assaut l’hôtel de Ville, les manifestants y installent un comité révolutionnaire. Malheureusement pour eux, les forces de l’ordre parviennent rapidement à les chasser de l’Hôtel de Ville.

Arrêté par la police, Gaston Crémieux est emprisonné au fort Saint-Jean. Le 27 août, un conseil de guerre le condamne à passer six mois de prison ferme à la prison de Saint-Pierre (une ancienne prison du quartier de Saint-Pierre désaffectée après l’ouverture des Baumettes.) Gaston Crémieux retrouve sa liberté le 4 septembre 1870, au moment de la proclamation de la Troisième République. Adolphe Thiers devient le “chef du pouvoir exécutif de la République Française”.

Dans les mois qui suivent, Gaston Crémieux joue un rôle dominant dans les actions de la Ligue du Midi. C’est une ligue créée à Marseille par Alphonse Esquiros, administrateur supérieur des Bouches-du-Rhône et qui a pour objectif de défendre les idées de la Troisième République.

La commune de Marseille 

Très vite, des mécontentements face au gouvernement d’Adolphe Thiers se répandent. C’est le début des Communes insurrectionnelles. Les communes refusent de se soumettre à l’autorité du gouvernement de Versailles et défendent une nouvelle organisation de la République Française basée sur le principe de démocratie directe. Dans la démocratie directe, ce sont les citoyens qui exercent le pouvoir sans être représentés par un quelconque intermédiaire élu.  

Le 18 mars 1871, la Commune de Paris éclate. C’est l’une des plus importantes Communes insurrectionnelles de France. Le 22 mars 1871, Gaston Crémieux fait un discours pour appeler les Marseillais à soutenir les républicains parisiens. Gaston Crémieux prend alors la tête de la seconde Commune de Marseille. Une première Commune avait déjà été proclamée à Marseille dès novembre mais à cette époque, Crémieux n’avait pas pris part aux idées révolutionnaires. 

Le 23 Mars, les révolutionnaires envahissent la Préfecture de Marseille. Gaston Crémieux devient le président de la Commission Départementale instaurée par les révolutionnaires. Cette commission prend la place du préfet. 12 membres la constituent. Depuis le balcon de la Préfecture, Gaston Crémieux annonce qu’il soutient les Républicains parisiens et appelle les Marseillais à maintenir l’ordre. Il annonce que la Commission Départementale restera en poste jusqu’à la fin de la lutte entre Paris et Versailles.  Toutefois, les divergences rencontrées entre le conseil municipal et cette commission départementale affaiblissent très vite la Commune de Marseille.

Le 28 mars, le général Espivent, grand partisan du gouvernement de Versailles déclare que le département des Bouches-du-Rhône est en état de siège. Dans la journée du 4 avril, deux navires de guerre amarrés dans le Vieux-Port tirent sur la garde nationale et attaquent la Préfecture. La Préfecture est bombardée pendant 7 heures ! Les canons de Notre-dame de la Garde quant à eux, pilonnent la ville. Les insurgés doivent se rendre. Le matin du 5 avril, le calme est revenu à Marseille.

Le 7 avril au soir, Gaston Crémieux est arrêté et est de nouveau incarcéré au Fort Saint-Nicolas avec les autres dirigeants de la commune Marseillaise.

 Les conséquences

Le procès des révolutionnaires arrêtés débute le 12 juin 1871. Le 28 juin 1871, le procès inflige la peine de mort à Gaston Crémieux et deux autres insurgés. Gaston Crémieux passe ses trois derniers mois en prison. Il est fusillé le 30 novembre 1871 sur le champ de tir du Pharo. Gaston Crémieux refuse qu’on lui bande les yeux pendant son exécution et demande aux soldats de ne pas le viser au visage par respect pour ses parents. Voici ses derniers mots : “Visez à la poitrine. Ne frappez pas la tête. Feu ! Vive la Répu(blique)..”

Alors que la nouvelle de son exécution se répand, des milliers de Marseillais se pressent devant son domicile au 4, rue de Rome. Cet avocat proche du peuple a cru jusqu’au bout à l’instauration d’une République sociale. Depuis de longues années, il reste une figure emblématique du mouvement ouvrier à Marseille.

Auteur de l'article :
Emma Antosik
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