Jean-Louis Lagnel, sculpteur Marseillais est considéré comme l’inventeur des santons de Provence. C’est lui qui imagine les premiers moules en argile. Avant lui, les santons étaient réalisés en mie de pain, en cire, en bois ou en plâtre. Voici son histoire !
Qui était Jean-Louis Lagnel ?
Jean-Louis Lagnel est né à Marseille dans le quartier du Panier le 8 février 1764. En dehors de son action pour le développement des santons de Provence, on ne connaît pas grand-chose de lui. Avant de devenir santonnier, il était sculpteur. Jean-Louis Lagnel a vécu et travaillé dans le quartier du Panier jusqu’à sa mort en 1822. D’ailleurs, si vous vous promenez un jour du côté de la rue du Refuge, vous pourrez apercevoir une plaque commémorative en son honneur. En tant que sculpteur, les premières œuvres connues de Jean-Louis Lagnel sont une femme debout, un homme debout et un chien. Il réalise ensuite plusieurs sculptures à l’effigie de la Vierge Marie, de Saint-Joseph et des rois Mages.
Pour en savoir plus : https://luberon.fr/tourisme/artisanat-local/santonniers/annu+jean-louis-lagnel+4245.html
L’invention du moule en argile
Un jour, Jean-Louis Lagnel a l’idée de sculpter ses voisins en train d’exercer leurs différents métiers : un boulanger, un poissonnier, un rémouleur etc. Ces petites sculptures sont les ancêtres des santons de la crèche provençale qui rappelons-le, illustre à la fois la naissance de Jésus et la vie d’un village provençal du XIXe siècle avec le rôle et les métiers de ses différents habitants !
Pour parvenir à reproduire ces petits personnages plus facilement, Jean-Louis Lagnel réalise des moules de plâtre qu’il réutilise pour faire plusieurs versions du même santon. C’est le premier à avoir cette idée ! Après les avoir démoulés, Jean-Louis Lagnel habillait ses petits personnages selon la mode de l’époque Louis-Philippe. Il commence à vendre ses créations.
Le santonnier se met peu à peu à réaliser ses sculptures avec de l’argile liquide. L’argile est un matériau particulièrement souple à travailler et qui a un coût relativement bas. Il venait couler l’argile dans le moule. Il le faisait ensuite sécher pour que le sujet obtienne une épaisseur suffisante. Ensuite, il vidait le trop-plein d’argile. Il laissait ensuite le santon sécher encore un moment puis il le retirait du moule. Au départ, Jean-Louis Lagnel réalisait ses santons en différentes parties : Il réalisait différents moules pour les bras, le corps, le chapeau ou les accessoires divers. Ensuite, il assemblait le tout avec de la barbotine (une pâte d’argile délayée dans de l’eau). Par la suite, il réalise des santons simples par estampage grâce à un moule en deux parties. C’est à partir de ce moment qu’il crée le véritable santon de Provence en argile !
La concurrence des santibelli italiens
Les premiers santons de Jean-Louis Lagnel sont concurrencés par les santibelli italiens. Le mot « santibelli » vient de l’Italien « beau saint ». Ils sont très proches des santons provençaux. Ce sont des petites statuettes en argiles à caractère religieux ou profane qui apparaissent à Marseille au XIXe siècle. À l’époque, Marseille connaît une forte immigration italienne. Ce sont des ressortissants italiens qui imaginent ces statuettes et les vendent ensuite dans les rues du centre-ville. Le nom fait d’ailleurs référence au cri que poussaient les marchands ambulants lorsqu’ils essayaient de vendre leur artisanat !
La création des premiers santons de la crèche provençale
Pour se démarquer des santibelli italiens, Jean-Louis Lagnel imagine des santons « types » : le berger allongé, l’homme tenant une lanterne à la main, la femme avec une citrouille sur la tête etc. Il continue à imaginer des santons inspirés des personnes de son quotidien. C’est comme ça que Jean-Louis Lagnel donne vie aux premiers santons de la crèche provençale. D’ailleurs les santons qu’il a imaginés sont toujours représentés aujourd’hui par les santonniers actuels.
Lorsque Jean-Louis Lagnel décède en septembre 1822, les autres santonniers se mettent à copier ses santons. Ceux-ci se mettent à réutiliser sa technique et s’inspirent de ses œuvres pour imaginer petit à petit d’autres santons. Les santons se popularisent grâce aux gisements d’argile rouge situés à Marseille et Aubagne. Les Provençaux apprécient beaucoup les santons. La première foire aux santons s’installe à Marseille en 1803 !
Et aujourd’hui ?
Les santons de Jean-Louis Lagnel étaient confectionnés à partir d’argile non cuite. Aujourd’hui les santonniers s’inspirent toujours des créations de Jean-Louis Lagnel. Ils suivent toujours les étapes de fabrication imaginées par le premier santonnier mais ils utilisent désormais de l’argile cuite pour confectionner leurs petits personnages.
Si vous souhaitez découvrir les différents moules des premiers santons, c’est possible ! Le musée Provençal de Château Gombert conserve dans sa collection une grande partie des moules originaux de Jean-Louis Lagnel !
Superbe histoire. Très intéressante et instructive. Merci beaucoup.