Nous vous expliquions les semaines précédentes qui étaient les hommes qui avaient donné leur nom aux deux virages du stade Vélodrome : Patrice de Peretti et Nicolas Roze. Nous nous intéressons aujourd’hui à l’histoire de Gustave Ganay, un coureur cycliste Marseillais qui donne son nom à la tribune est du stade Vélodrome. Ce choix de nom peut paraître assez surprenant lorsqu’on sait que le stade Vélodrome est un véritable lieu de culte pour tous les adeptes du football ! Cela nous donne l’occasion de revenir sur l’histoire du stade Vélodrome qui était autrefois un temple du vélo !
Gustave Ganay, célèbre coureur cycliste des années 1920
Gustave Ganay est né le 21 mars 1892 à Marseille. C’est l’un des plus grands coureurs cyclistes des années 1920. Électricien de métier, Gustave Ganay est très jeune lorsqu’il réalise ses premiers exploits en vélo en 1910 et 1911 pendant le Grand Prix de Manosque. Il devra toutefois interrompre sa carrière entre 1914 et 1918 lorsqu’il est enrôlé dans l’armée comme la plupart des hommes de son époque pendant la Première Guerre Mondiale. Gustave Ganay ne reprendra sa carrière de cycliste professionnel qu’en 1919, année pendant laquelle il participe à la course Marseille-Lyon. Il sera de nouveau honoré en 1922, lorsqu’il arrive troisième au championnat du monde de demi-fond professionnel. En 1926, il parvient à monter à la deuxième place de cette course et arrive premier du championnat de France de demi-fond.
Malheureusement, Gustave Ganay n’eut pas d’autres chances de briller par ses talents en cyclisme. Il meurt prématurément à l’âge de 34 ans, le 26 août 1926 des suites d’une chute de vélo au parc des Princes. Son accident a été immortalisé dans l’ouvrage Paris est une fête du célèbre auteur Ernest Hemingway. L’auteur y raconte sa jeunesse à Paris, au lendemain de la Première Guerre Mondiale. À propos de l’accident de Gustave Ganay auquel il a assisté, il écrit : “nous vîmes tomber le grand coureur Ganay et entendîmes craquer son crâne, sous le casque, comme craque un œuf dur que l’on casse sur une pierre pour l’éplucher, au cours d’un pique-nique.”
La ville de Marseille rendra hommage au jeune cycliste en donnant son nom à un boulevard, situé dans le 9e arrondissement de Marseille et à une tribune du stade Vélodrome.
Les origines cyclistes du Vélodrome mises à l’honneur !
Vous connaissez maintenant l’histoire qui se cache derrière le nom de Gustave Ganay. Vous vous demandez peut-être maintenant pourquoi l’une des tribunes du Velodrome porte elle le nom d’un coureur cycliste alors que c’est un stade de foot ?
Avant de devenir le temple du foot Marseillais, le stade Vélodrome avait une autre fonction. C’était en réalité un stade municipal, inauguré le 13 juin 1937. Ce jour-là, le stade accueille tour à tour un meeting d’athlétisme, une course cycliste sur le vélodrome prévu à cet effet et un match de l’OM contre Turin. À l’époque, les supporters de l’OM ne portent pas réellement le stade Vélodrome dans leur cœur et le qualifient de “stade de la mairie”. Ils lui préfèrent le stade de l’Huveaune qui appartient à l’Olympique de Marseille et dont ils ont contribué au financement des gradins dans les années 1920. Voilà pourquoi pendant plusieurs années, la plupart des matchs de l’OM se déroulent à l’Huveaune.
Le Vélodrome n’est pourtant pas en reste. À l’époque, c’est un complexe omnisports qui accueille plusieurs compétitions sportives : certains matchs de la Coupe du Monde de 1838, des tournois de pétanque ou encore des combats de boxe. Des années 1930 aux années 1950, le cyclisme est un sport très populaire et Marseille accueille de nombreuses compétitions de vélo puisqu’une piste cyclable aux virages serrés y est installée dès son ouverture. Elle passait sur le bas des tribunes actuelles. Le Vélodrome accueille plusieurs fois le Tour de France ainsi que d’autres compétitions de cyclisme jusque dans les années 1960. De nombreuses stars du cyclisme comme Grégory Baugé, André Payan ou encore Bradley Wiggins sont passées par le stade Vélodrome.
En 1966, à la demande de Robert Domergue, l’entraîneur de l’OM, le siège de l’OM est déplacé au Vélodrome. Cet événement marque l’essoufflement de l’histoire du cyclisme au Vélodrome au détriment de celle du football. Marcel Leclerc est président du club à l’époque et souhaite offrir plus de place au football. Il n’a pas obtenu l’autorisation d’agrandir le stade et installe donc des sièges provisoires sur la piste cyclable afin de permettre à un plus grand nombre de personnes de suivre le match. La piste cyclable reste ainsi disponible en cas de besoin et servira jusqu’en 1972 date à laquelle le Vélodrome accueille les championnats du monde de cyclisme sur piste. Mais le cyclisme n’est plus aussi populaire à Marseille que dans les années 1930. Le football est devenu LE sport qui fascine la ville entière et garder plus longtemps la piste cyclable du Vélodrome se révèle inutile. En 1985, celle-ci sera totalement supprimée, son espace ayant été petit à petit grignoté par les tribunes.
De cette passion que les Marseillais avaient pour le vélo il ne restera que le nom du stade : le Vélodrome qui était entré dans le langage courant des Marseillais et des supporters ainsi que le nom de la tribune Ganay qui fait référence au petit prodige Marseillais du cyclisme.
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Restez connectés, nous vous livrerons bientôt l’histoire qui se cache derrière le nom de la tribune Jean Bouin !
Petite correction à apporter au membre de phrase » certains matchs de la Coupe du Monde de 1838, » : il s’agit bien sûr de la Coupe du monde de 1938.