Les différentes îles Marseillaises et leurs secrets

DécouverteHistoire Les différentes îles Marseillaises et leurs secrets

Aujourd’hui nous célébrons la journée mondiale de la mer ! Pour l’occasion, nous partons à la découverte des différentes îles Marseillaises (les plus connues et les plus secrètes) pour en savoir plus sur leurs histoires ! Embarquez avec nous 😉

L’archipel du Frioul

L’archipel du Frioul regroupe probablement les îles Marseillaises les plus célèbres. Cet archipel dressé face à Marseille se compose de 4 îles : Tiboulen, If, Pomègues et Ratonneau. L’archipel appartient à la ville de Marseille depuis les années 1970 et fait partie du 7e arrondissement de la ville. La superficie de l’archipel du Frioul est de 200 hectares. Le nom “Frioul” vient du terme provençal “Frieu” que l’on peut traduire par “passage maritime”. Le terme fait référence au bras de mer qui sépare l’île de Pomègues de celle de Ratonneau et qui a, par extension, donné son nom à l’archipel. 

Pomègues et Ratonneau

Pomègues et Ratonneau attirent chaque année de nombreux visiteurs qui viennent en balade sur le Frioul le temps d’une journée. L’île de Ratonneau est habitée et dispose de quelques restaurants et magasins. En revanche Pomègues est sauvage. Une digue artificielle construite en 1821 sur l’ordre de Louis XVIII relie les deux îles entre elles. Ces deux îles possèdent une histoire directement rattachée à celle de Marseille.

Pomègues et Ratonneau ont un passé militaire important. Pendant de nombreuses années, l’archipel du Frioul a servi de base arrière pour les navires partant à la conquête de Marseille. Par exemple, c’est au Frioul que Jules César jette l’ancre avant d’assiéger Marseille en 49 avant Jésus-Christ. C’est Louis XIV qui fait fortifier les deux îles pour compléter la défense de Marseille déjà assurée par l’arsenal des galères du Vieux-Port. En effet, en raison de leur position stratégique au large de Marseille, ces deux îles ont longtemps servi pour la défense de la ville.  

Henri IV, fait installer des forts sur les deux îles. Au XIXe siècle, un sémaphore est construit sur l’île de Pomègues, derrière le fort militaire. Il permettait de détecter les navires en approche. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, les Allemands occupent l’archipel du Frioul. Ils font des aménagements dans les deux forts déjà construits et ont eu le temps de construire deux blockhaus. 

Le fort de Pomègues.

Pomègues et Ratonneau sont également liés à l’histoire sanitaire de Marseille. Pendant de nombreuses années, le petit port de Pomègues, situé à l’entrée de l’île sert de lieu de quarantaine pour les navires soupçonnés d’être porteurs d’épidémies. En 1828, l’hôpital Caroline s’installe sur l’île de Ratonneau. C’était un lieu de quarantaine pour les voyageurs étrangers malades. L’architecture du bâtiment est en adéquation avec sa fonction. C’est un bâtiment ouvert et aéré, ce qui était plus facile pour disperser les infections. L’isolement à l’intérieur était strict. Chaque patient avait ses propres quartiers et ne pouvait pas communiquer avec les autres. Au centre de l’hôpital, une chapelle permettait aux malades de suivre l’office religieux sans quitter leur lieu de convalescence.

Ratonneau et l’hôpital Caroline.

L’hôpital sert jusqu’en 1941, époque où une épidémie de typhus se répand dans les prisons. En 1944, des bombardements aériens le détruisent en grande partie. Il reste à l’abandon jusqu’au rachat des îles par la Ville de Marseille. Il figure au titre des Monuments Historiques depuis août 1980.

L’île d’If

L’île d’If a une surface de trois hectares et se dresse face à Malmousque et au célèbre restaurant du Petit Nice. C’est François Ier qui s’est rendu compte de l’importance stratégique de cette île et qui décide d’y construire un fort pour défendre la rade de Marseille et surveiller les Marseillais.  Seulement à l’époque, Marseille n’appartient pas au Royaume de France. La construction du fort débute en 1528. Le fort est inauguré en 1531. Le château d’If est la première forteresse royale établie à Marseille.

Après quelques années d’existence, le château d’If développe une fonction carcérale. Sa situation géographique sur un îlot et son architecture en font un lieu idéal pour installer une prison. Il semblait impossible de s’en échapper. Il semblerait que le premier prisonnier était le chevalier Anselme emprisonné en 1580. Vient ensuite Mirabeau, incarcéré en 1780.  La forteresse accueille également les révolutionnaires de juin 1848 et les communards de 1871 dont Gaston Crémieux, leur meneur. Le prisonnier le plus célèbre du château d’If est fictif. Il s’agit d’Edmond Dantès, le personnage du roman Le comte de Monte Cristo d’Alexandre Dumas. Une plaque indiquant la cellule de ce personnage figure d’ailleurs à l’intérieur du château.

L’ambiance de cette prison était tellement sinistre que l’espérance de vie des prisonniers était de 9 mois seulement. Les prisonniers les plus pauvres occupaient les cellules du rez-de-chaussée qui n’avaient aucune fenêtre. Dans les étages, les cellules étaient plus spacieuses, avec fenêtres et cheminées. Elles abritaient les prisonniers les plus riches car il fallait payer pour y accéder. L’île d’If perd peu à peu sa fonction carcérale avant d’ouvrir ses portes au public en 1890.

Hormis la forteresse, l’île d’If est assez sauvage. Un phare se trouve au bout de l’île, dressé face à Marseille. Il permet de guider les navires.

Tiboulen 

Tiboulen est un petit îlot situé à l’est de l’archipel du Frioul. Beaucoup moins connu que les autres îles de l’archipel, il ne se visite pas et n’a pas véritablement d’histoire connue. Il comporte un feu de signalisation maritime et est entièrement sauvage.

L’île de Planier 

L’île de Planier est l’île la plus éloignée des côtes Marseillaises. Elle se situe à une quinzaine de kilomètres environ du Vieux-Port. Plusieurs récifs qui furent responsables de bien des naufrages entourent l’île. Plusieurs épaves se situent d’ailleurs à proximité de cet îlot. Parmi les épaves identifiées, nous retrouvons notamment Le Chaouen. C’est un cargo de nationalité marocaine échoué en 1970 dans une crique à l’est de l’île de Planier pour des raisons inconnues. L’épave, très bien conservée, est couchée sur bâbord au fond de l’eau. Le Dalton s’est également échoué au large de l’île de Planier.  Ce petit cargo transportait des lingots de plomb lorsqu’il s’est échoué en 1928 près de l’embarcadère de l’île à cause d’un brouillard très épais.

Dans les fonds près de l’île, vous pouvez également retrouver l’épave du Messerschmitt, un avion de guerre abattu en 1944. Son pilote, Hans Fahrenberger échappe à la noyade grâce à son parachute qu’il utilise comme bouée. Enfin, l’épave du Latécoère 298, un hydravion est également visible près de l’île. Cet avion s’est échoué en 1942.

En raison de ces nombreuses épaves, l’île de Planier est particulièrement appréciée des plongeurs. D’ailleurs l’île abritait une auberge et un centre de plongée depuis 2004. Les bâtiments sont depuis laissés à l’abandon. L’île est également célèbre pour son phare. Le phare actuel date de 1947 mais l’île dispose d’un phare depuis le Moyen-Âge pour éclairer le Vieux-Port et l’entrée de Marseille.

L’île Degaby

L’île Degaby se situe dans la rade de Marseille au large du quartier d’Endoume. Cette île tient son nom de Liane Degaby, une ancienne comédienne de music-hall, mariée avec l’ancien propriétaire de l’île : l’industriel Marseillais André Laval. L’île est d’ailleurs parfois appelée à tort île Gaby en référence à Gaby Deslys, une autre artiste de music-hall de la même époque.

Dès le XVIe siècle, l’île protège le flanc sud de la ville. Louis XIV fait construire un fortin (un petit fort militaire à la taille suffisante pour abriter quelques hommes) sur l’île. Ce fort se nomme fort de Tourville en hommage à l’Amiral Anne Hilarion de Costentin de Tourville. L’armée se sépare du fort en 1914. C’est à ce moment-là que l’île devient la propriété d’André Laval. Le fort devient alors un lieu de mondanité très fréquenté. 

En 1990, le joailler Pascal Morabito achète l’île et en fait sa résidence artistique. Le 3 mai 1990, il organise notamment une garden party au sein de l’île afin de présenter une collection de sculptures en présence de la violoniste Ivry Gitlis et de la chanteuse Grace Jones. En 2001, un promoteur immobilier rachète l’île Degaby. Elle est depuis devenue un lieu destiné à l’événementiel.

L’archipel de Riou

L’archipel de Riou se situe au sud de Marseille, au large du Parc National des Calanques. Il a la particularité d’être l’unique archipel inhabité du littoral continental français. L’archipel de Riou est notamment connu pour sa biodiversité. Près de 200 espèces d’oiseaux s’y sont installées. Cela lui vaut d’ailleurs une place au sein du Parc National des Calanques. L’archipel de Riou se compose de 3 îles principales : l’île Jarre, l’île Calseraigne et l’île de Riou. D’autres petits îlots composent cet archipel : l’île Moyade, l’île de Jarron et les ilots et rochers du Petit et Grand Congloué, d’Esteou, des Impériaux et des Pharillons.

L’île de Riou

L’île de Riou est la principale île de l’archipel. Cette île compte parmi les plus beaux spots de plongée. On y découvre de nombreuses grottes ainsi que des épaves de navires antiques. Riou connaît une première occupation humaine vers 5600 avant Jésus-Christ. Durant l’Antiquité, des marins fréquentent l’île. Au XIXe siècle, elle devient la propriété du ministère de la guerre. Des pêcheurs la fréquentent avant qu’elle soit louée à des particuliers vers 1880. Durant le XIXe siècle, il semble que l’île ait servie comme lieu d’accostage pour les contrebandiers.

Pendant la Seconde Guerre Mondiale, les Allemands prennent possession de l’île pour y installer leurs batteries. En 1964, un homme découvre un squelette sur l’île. En 2004, cette histoire revient sur le devant de la scène lorsque le journal La Provence annonce que ce squelette pourrait être celui d’Antoine de Saint-Exupéry, le célèbre auteur et aviateur disparu en plein vol le 31 juillet 1944. Des restes de son avion ont été découverts à proximité de l’île de Riou en 1998. Toutefois, les analyses ADN contredisent cette théorie. Il s’agit en réalité du squelette d’Alexis Von Bentheim, un pilote de la Luftwaffe (armée de l’air allemande). Il avait été abattu au dessus de Marseille le 2 décembre 1943 à 22 ans.

L’île de Riou avec Calseraigne au premier plan.

L’île Jarre

L’île Jarre est la première que vous distinguez sur la droite. Un bras de mer d’un mètre de large seulement sépare l’île principale de son îlot appelé Jarron. C’est dans la crique Nord-Ouest de l’îlot Jarron que repose à 10 mètres de profondeur l’épave du Grand Saint Antoine. Le Grand Saint Antoine est un navire tristement célèbre car c’est son équipage qui apporte l’épidémie de Peste à Marseille. Après un voyage en Syrie où sévissait la Peste, le Grand Saint Antoine parvient à éviter la période de quarantaine en vigueur grâce aux manipulations de ses armateurs. Résultat : la Peste se répand dans toute la Provence. Le 28 juillet 1720, le régent Philippe d’Orléans ordonne de brûler le navire et sa cargaison placés en quarantaine au niveau de l’île Jarre. L’ordre n’est exécuté qu’en septembre de la même année. L’équipage du navire meurt, abandonné sur l’île.

L’île Calseraigne

L’île Calseraigne est l’île qui se dresse à gauche de l’île Jarre. Comparé aux autres îles de l’archipel de Riou, Calseraigne n’a quasiment pas de relief ce qui lui vaut d’ailleurs son surnom “d’île plane”. Comme sa voisine l’île de Riou on y trouve de nombreux rats et lapins. Au moment des grandes épidémies de Peste et de Choléra, c’est cette île qui sert de dépôt pour les cargaisons des navires potentiellement contaminés par la Peste. 

Lîle Maïre

L’île Maïre se situe à proximité du Cap Croisette et du quartier des Goudes. L’île est séparée du continent uniquement par un étroit passage d’environ 80 mètres. Nommé « passage des Croisettes », ce passage est particulièrement dangereux surtout en cas de vents violents qui provoquent d’importants courants. Il est particulièrement dangereux de s’y aventurer à la nage même si la distance entre le continent et l’île est faible. D’ailleurs des accidents ont déjà eu lieu. Nombreux étaient les marins qui périssaient dans le cap Croisette à l’époque des bateaux à voiles.

En 1903, le paquebot du Liban s’échoue. Il s’occupait du service postal entre le continent et la Corse et venait de quitter le port de Marseille en direction de Bastia lorsqu’il entre en collision avec le paquebot l’Insulaire près de l’île Maïre. Le Liban sombre en moins de 20 minutes. Des opérations de secours sont organisées grâce aux barques de pêcheurs du port des Goudes mais c’est insuffisant pour sauver tous les passagers. On estime que 100 à 200 personnes ont perdu la vie dans ce naufrage. Ce naufrage reste la plus grande catastrophe maritime qu’ait connu la ville de Marseille.

Cette île est totalement inhabitée. Hormis les gabians, il n’y a pas beaucoup d’espèces animales qui y ont élu domicile. Tout autour de l’île, on peut contempler des observatoires en ruine qui datent de l’époque où l’île servait de défense militaire pour les côtes Marseillaises.

Auteur de l'article :
Emma Antosik
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1 Commentaire

  1. buntz

    Une carte aurait été la bienvenue afin de situer toutes ces iles.

    Réponse

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