Les vestiges antiques du boulevard de la Corderie vont être ré-enfouis

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Cela fait plusieurs années que la carrière antique de la Corderie est au cœur d’une polémique politique et médiatique. Cette carrière, mise au jour par des fouilles réalisées en avril 2017, a échappé de justesse à la destruction. Depuis, plusieurs associations de défense du patrimoine ainsi que des archéologues se sont engagés pour la conservation du site. Une dernière réunion organisée la semaine dernière à la Préfecture semble sceller le sort des vestiges de la Corderie. Ils devraient disparaître sous terre très prochainement selon le souhait de l’Etat. Nous vous en disons plus sur ce lieu et sur son ré-enfouissement.

L’histoire de ce lieu antique

La découverte de la carrière antique de la Corderie

Toute l’affaire débute en juillet 2016. La mairie de Marseille procède à la vente d’un terrain situé à l’angle du boulevard de la Corderie et de la rue d’Endoume. C’est le promoteur immobilier Vinci qui est l’acquéreur de ce terrain. Vinci prévoit d’y construire un immeuble de 109 logements ainsi qu’un parking souterrain de trois niveaux. Entre avril et juin 2017, l’INRAP (Institut National de Recherches Archéologiques Préventives) réalise un diagnostic archéologique. Ce diagnostic permet la découverte d’un atelier de production de sarcophages et d’une carrière de calcaire.

D’après les recherches effectuées par les archéologues, l’utilisation de cette carrière remonterait à la fondation historique de Marseille par les Grecs en 600 avant notre ère. L’extraction de calcaire dans cette carrière a ensuite été faite tout au long de l’histoire de la ville. Pour Jean-Claude Bessac, archéologue spécialiste des carrières antiques, il s’agirait même d’une des plus vieilles carrières du bassin Méditerranéen et de la carrière la plus vieille de la Gaule !

Sarcophage en cours d’extraction abandonné dans la carrière au début du Ve s. Crédit photo : Denis Gliksman, Inrap 2017.

Les premières mobilisations

La découverte de la carrière antique de la Corderie fait très vite l’objet de polémiques. De nombreuses pétitions fusent. L’objectif est d’empêcher Vinci de mener son projet de construction immobilière à bien afin de préserver la carrière antique. Ces pétitions émanent des riverains, d’associations de protection du patrimoine mais aussi de la presse culturelle spécialisée en archéologie. En effet, les Marseillais tiennent à ce site antique. Ils sont excédés des destructions quasi-systématiques de toutes les ruines découvertes à Marseille. Ils décident de défendre les vestiges de la corderie coûte que coûte.

Normalement, le compromis habituel fait par les archéologues consiste à préserver une partie des ruines découvertes sur un chantier. La partie la plus précieuse de cette carrière devait être conservée, le reste du site, qui a moins de valeur devait être détruit. Cependant, les manifestations se succèdent à Marseille, dans le quartier, devant le ministère de la Culture et devant le siège de Vinci à Aix-en-Provence. Le chantier de Vinci est stoppé. Le conflit devient politique. Plusieurs personnalités politiques comme Jean-Luc Mélenchon ou encore l’ancien député Michel Pezet s’opposent à la destruction de la carrière.

Crédit photo : Denis Gliksman, Inrap 2017.

La promesse de classement du site

L’affaire finit par déboucher sur une intervention du ministère de la culture. Françoise Nyssen, ministre de la Culture à l’époque demande le classement partiel du site au tire des Monuments Historiques. Cette décision concerne 635 m2 sur les 4200 m2 découverts par l’INRAP. La ministre propose également la création d’un parcours qui permettra au public d’accéder au site.

Le 2 août 2017 cependant, les travaux reprennent et une pelle mécanique détruit une partie des vestiges le long du boulevard de la Corderie. Cela provoque la colère des riverains. Des habitants du quartier interviennent pour faire cesser le chantier et les manifestations reprennent.

Le 11 décembre 2017, le conseil municipal de Marseille vote le classement de 635 m2 de la carrière antique. Contrairement à la décision annoncée par le ministère de la Culture, la mairie de Marseille annonce un accès restreint au site. Les visites ne seront possibles que 9 jours par an et maximum 30 personnes pourront accéder au site en même temps. C’est la douche froide pour les riverains. Ils espéraient la création à la Corderie d’un espace similaire à celui des vestiges du port antique situés du côté du Centre Bourse. Le 13 décembre 2017, les travaux de construction de l’immeuble Vinci reprennent sur la partie de la parcelle non concernée par le classement.

En septembre 2021, la carrière antique de la Corderie fait de nouveau parler d’elle. Les services de l’Etat font part de leur inquiétude quant au devenir de la carrière de pierre. Ils recommandent l’enfouissement du site car le site est trop fragile et en proie à une dégradation très rapide.

À cette époque, trois hypothèses apparaissent :

  • Le maintien du site à ciel ouvert avec la création d’une halle couverte qui assurerait la protection des vestiges.
  • Le ré-enfouissement partiel du site avec la création de fenêtres vitrées qui permettraient au public d’observer les éléments les plus significatifs.
  • Le ré-enfouissement total du site après la réalisation de travaux permettant sa conservation à long terme.

Pourquoi l’Etat souhaite réenfouir la carrière antique de la Corderie ?

L’État a depuis réalisé une étude qui préconise l’enfouissement du site. L’étude met en lumière la fragilité de la roche de la carrière qui ne permet pas sa conservation à l’air libre. Il n’est pas non plus possible de consolider le site par voie chimique. L’hypothèse de recouvrement du site par un toit semble donc exclue. De plus, il apparaît que l’instabilité du site met en péril la conservation des vestiges des anciens remparts de Marseille qui se trouvent juste derrière la carrière.

Crédit photo : Denis Gliksman, Inrap 2017.

Mardi dernier, une dernière réunion de concertation entre l’Etat et les associations de défense du site se tenait à la Préfecture. Pour l’Etat, c’est l’enfouissement total du site qui semble être la meilleure solution pour sa conservation. Celui-ci devrait donc retourner sous terre dans les prochains mois. En effet, l’Etat estime que la conservation du site semble difficile à assurer avec une ouverture au public.

Bénédicte Lefeuvre, directrice de la Drac (Direction régionale des Affaires culturelles) aurait déclaré : « S’il y avait eu des solutions, elles auraient été retenues, mais les contraintes d’accès, de propriété, de conservation et de valorisation ne se résolvent pas avec des techniques simples”. Les associations de défense de la carrière auraient ensuite invité les associations à proposer des propositions alternatives. Ces propositions n’ont vraisemblablement pas été assez convaincantes puisqu’elles n’ont pas permis à l’Etat de revenir sur sa décision. Les travaux devraient débuter au début de l’année 2023.

C’est une décision pour laquelle la mairie de Marseille n’a pas été consultée. La municipalité était même prête à financer des solutions permettant d’assurer la conservation du site à l’air libre et assure qu’elle est contre le projet d’enfouissement des vestiges.

À l’issue de la réunion, La Drac aurait cependant proposé la mise en place d’une exposition retraçant l’histoire du site dans un autre lieu plus adapté afin de permettre au public de le découvrir.

Auteur de l'article :
Emma Antosik
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1 Commentaire

  1. Cr. Reav

    Et ils font comment en Grèce ou en Italie? Ils re-enfouissent leurs vestiges pour pas qu’ils s’abiment? Non je pense pas. C’est juste pour continuer à construire dessus.
    A Marseille on enterre les plus beaux vestiges, et on déterre les morts dont on laisse les os à l’air libre, comme aux Vaudrans. Quelque chose ne tourne pas rond ici…..

    Réponse

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