L’histoire des bastides Marseillaises

DécouverteHistoire L’histoire des bastides Marseillaises

Voici ce qu’écrivait Stendhal à propos des bastides Marseillaises dans son ouvrage Mémoires d’un touriste : « À droite, c’est la mer, et toute la contrée qui environne Marseille, sur la gauche, au bas des rocs, est couverte de petites maisons de campagne d’une éclatante blancheur, qu’on appelle bastides. Je crois qu’on pourrait bien en compter quatre ou cinq mille. » Effectivement les bastides sont nombreuses à Marseille. Et pour cause ! Elles font partie intégrante de la culture et du patrimoine de Marseille. Pour les élites, il était absolument indispensable de posséder une bastide pour aller se reposer à la campagne. Remontons ensemble à travers les époques, pour découvrir l’histoire des bastides. 

Qu’est-ce qu’une bastide ? 

A Marseille, la bastide, c’est une résidence secondaire. Plutôt luxueuse, la bastide Marseillaise est installée un peu à l’écart de la ville. La plupart du temps, elle est entourée de terres agricoles. Elle est donc à la fois un domaine agricole et un lieu de villégiature. 

Depuis le XVIIe siècle au moins, les Marseillais apprécient de se rendre à la campagne pour se retrouver en famille. Alors que les familles les plus pauvres font du cabanon provençal leur lieu de villégiature, les grandes familles bourgeoises se rendent, elles, dans des demeures beaucoup spacieuses et luxueuses : les bastides. La bastide n’est pas une spécificité Marseillaise. On en retrouve ailleurs en Provence comme à Aix-en-Provence par exemple. Cependant, c’est à Marseille que ces demeures connaissent un véritable essor. Elles sont très nombreuses à s’implanter autour de Marseille et ont ainsi contribué à façonner le paysage de la ville.

La villa Valmer, au dessus de la Corniche.

Les bastides Marseillaises à travers le temps

La bastide : un domaine agricole

Les premières bastides Marseillaises apparaissent dès le XVe siècle. À Marseille comme ailleurs en Provence, la construction d’une bastide, c’est avant tout l’occasion d’investir sur la campagne. Les bastides s’installent sur des terrains paysans non exploités ou encore sur les terres des anciennes propriétés ecclésiastiques. Les premières bastides construites dans la région Marseillaises sont avant tout des domaines agricoles.

La bastide, c’est la demeure du maître. Tout autour, s’étendent les terres agricoles et les bâtiments de production. Sur ces domaines s’étendent principalement des cultures d’oliviers, de vignes et de blé. On y trouve également un potager dont les rendements servent à la consommation familiale. Pour le propriétaire, les terrains de la bastide représentent une source de revenus supplémentaires. Il confie la gestion de son domaine à un fermier et se rend souvent dans sa bastide pour surveiller le domaine et son exploitation. Les fermiers, quant à eux, vivent à l’année sur le domaine.

Le domaine de certaines bastides s’étendait sur plus de 50 hectares. D’autres disposaient d’un domaine de moins d’un hectare. A partir de 1840, avec l’arrivée du canal de Marseille et donc de l’eau potable, les cultures et le paysage des bastides évoluent. On y cultive désormais des arbres fruitiers. 

La bastide devient un lieu de villégiature

Au fil du temps, la bastide n’a plus seulement une fonction agricole. Elle devient peu à peu un lieu de résidence. La proximité du domaine avec la ville permet au propriétaire et à sa famille de s’y rendre régulièrement dès l’arrivée des beaux jours. Au fil du temps, les familles finissent par s’y rendre de plus en plus souvent et pour des durées de plus en plus longues. La bastide finit par devenir un lieu de résidence secondaire où les Marseillais viennent passer leurs vacances et se reposer. 

C’est également un lieu de sociabilité très important ! Les Marseillais n’y viennent plus simplement en famille. Ils y invitent leurs amis pour profiter d’un repas à la campagne le week-end. L’après-midi est dédié à la chasse, aux jeux de boules ou aux jeux de croquet. C’est un endroit où il est possible d’échapper un peu à la ferveur de la ville et à sa chaleur écrasante en été.

Pour les propriétaires les plus riches et les plus cultivés, la bastide est également un lieu de mondanité. Dans le cadre privé de la bastide sont organisées des séances de jeux d’argent qui sont à l’époque interdites. On y organise également des représentations de théâtre ou des concerts. Les plus grands propriétaires qui s’identifient à des seigneurs locaux organisent des fêtes de village au sein de leur domaine. Ils y convient les habitants des alentours.

A partir du XIXe siècle, avec l’arrivée de l’eau à Marseille, le paysage des bastides est de plus en plus bucolique. Des plans d’eau, des petits lacs et des jardins verdoyants agrémentent le domaine. Ils rendent le séjour à la bastide d’autant plus agréable. 

La bastide devient un lieu de résidence

De plus, avec l’arrivée de l’eau potable, la construction des grands boulevards, le développement progressif des transports en commun, les liaisons entre le centre-ville de Marseille et les zones rurales se font de plus en plus facilement. La bastide finit par devenir un lieu de résidence principale au cours du XIXe siècle. A cette époque, les bastides deviennent beaucoup plus luxueuses qu’auparavant. Les propriétaires et les architectes s’évertuent à faire des bastides toutes plus raffinées les unes que les autres. Elles disposent de grands jardins à la française, de pièces intérieures décorées de marbres, de verrières etc. Les bastides témoignent ainsi de la réputation prestigieuse de la famille qui les possèdent.

Les bastides Marseillaises aujourd’hui

De nombreuses bastides Marseillaises ont malheureusement disparu aujourd’hui. Ceci s’explique par l’extension et l’urbanisation de Marseille. Vous n’êtes pas sans savoir que Marseille est une ville qui s’est construite au fil du temps avec le regroupement de nombreux villages qui sont aujourd’hui devenus des quartiers de Marseille : Saint-Barnabé, Saint-Marcel, Mazargues, Saint-Joseph etc. C’est dans ces nombreux villages situés en bordure de la ville que s’installent les bastides et leurs domaines agricoles. A partir de la fin du XIXe et durant le XXe siècle, Marseille s’urbanise. Les grands ensembles immobiliers grignorent peu à peu les domaines. Les bastides Marseillaises finissent elles aussi par disparaître. Parfois, une trace de leur existence est conservée : un portail monumental, un arbre centenaire, un mur de pierre etc.

Alors qu’on comptait 5000 bastides à Marseille en 1807, le dernier inventaire réalisé n’en compte plus que 250. La plupart ont été amputées de leur domaine.

Les bastides Marseillaises les plus célèbres 

Rassurez-vous, il existe quelques bastides Marseillaises qui n’ont pas été détruites et qui ne sont pas non plus des propriétés privées. Ce sont des bastides que vous pouvez visiter ou du moins contempler de l’extérieur ! C’est un moyen de vous faire une idée de ce à quoi Marseille pouvait bien ressembler à l’époque où les bastides étaient LE lieu de vacances incontournable ! 

Le château Borély

Parmi les plus célèbres et les plus prestigieuses on retrouve notamment le château Borély. Ce château est construit au XVIIIe siècle sur le domaine rural de Borély . C’est un certain Louis Borély : un riche négociant dont la famille est implantée en Provence depuis 5 siècles qui fait construire le château Borély. Louis Borély souhaite depuis de nombreuses années construire une bastide qui surpasse toutes les autres bastides Marseillaises et qu’elle soit considérée comme un vrai château. Après avoir appartenu à plusieurs générations de Borély, le château devient propriété de la Ville de Marseille en 1860. Il devient un musée. C’est aujourd’hui le musée des arts décoratifs, de la faïence et de la mode.

La Villa Valmer 

La villa Valmer se situe au-dessus de la Corniche Kennedy, au sein du parc Valmer. Construite en 1865, cette bastide est commandée par Charles Gounelle qui était un riche négociant en huile originaire de Salon-de-Provence. Tombé amoureux de Marseille et de la côte, il avait décidé d’y construire sa résidence d’été. Au cours du XXe siècle, la villa appartient à différents propriétaires : elle abritera notamment l’Ecole Nationale de la Marine Marchande avant de devenir la propriété la ville de Marseille.

La municipalité met en valeur le parc et en fait un jardin public où les Marseillais peuvent venir admirer un grand nombre de plantes méditerranéennes mais aussi des espèces plus rares de plantes orientales que Charles Gounelle lui-même avait rapporté de ces voyages. Récemment, la villa Valmer a fait beaucoup parler d’elle alors qu’un promoteur immobilier chargé de la transformer en hôtel de luxe en a détruit une partie pendant les travaux. La mairie de Marseille a ensuite attaqué le constructeur en justice. Les procédures sont toujours en cours. Pour le moment, les travaux sont interrompus.

Le château de Bois Luzy

Bois Luzy était autrefois un véritable domaine composé de bois, de vergers, de vignes et d’une ferme. Au XVIIe siècle, le château existait déjà et appartenait à la célèbre famille de Ruffi qui possédait tout le domaine de Bois Luzy. Il resta dans la famille pendant 6 générations. Par la suite, le domaine passera dans les mains de plusieurs propriétaires dont Charles Guillaume Bazin : un célèbre armateur d’origine suisse. C’est lui qui donne son nom au château, Luzy étant le surnom de son épouse. En 1939, le château était une maison de repos pour la Police. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, l’armée allemande le réquisitionne. Aujourd’hui le château est devenu une auberge de jeunesse. On ne peut pas y accéder mais on peut le contempler de très près.

Les bastides de Pastré

Trois bastides Marseillaises ont été édifiées entre 1845 et 1865 sur le domaine Pastré. La plus prestigieuse et la plus célèbre étant le château Pastré. 

Le château Pastré a été commandé par Eugène Pastré et son épouse et construit sur les plans de l’architecte parisien Jean-Charles Danjoy. Il est achevé en 1962. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, sa propriétaire, la comtesse Lily Pastré fit de cette demeure un refuge pour les artistes et y cacha de nombreux juifs. A partir de mai 1995 et jusqu’en 2013, le château abrite le musée de la faïence. Il est aujourd’hui fermé au public.

Le château Estrangin date de 1861. Son architecture s’inspire des grandes demeures bourgeoises du nord de la France et de la région parisienne. Il abrite aujourd’hui un centre aéré qui dépend de la mairie du 4e.
Le château de Sanderval est une bâtisse beaucoup plus austère, construite en briques et en pierres. Le nom de Sanderval lui est donné lorsque Rose Pastré épouse Aimé Olivier de Sanderval. Aujourd’hui, cette demeure accueille l’Itep Sanderval, une institution qui accompagne les enfants en difficulté.

Auteur de l'article :
Emma Antosik
Copyright 2022 Tarpin bien
Attention ! Les commentaires ne sont pas forcément vus par les établissements et événements. Si vous souhaitez réserver ou acheter des billets, faite le directement via les liens proposés ci-dessus ou en contactant l'établissement. Les commentaires sont publics, par conséquent n'écrivez pas de coordonnées personnelles (téléphone, mail, adresse ...).

1 Commentaire

  1. Sansoni

    Bonjour et la bastide de la Guillermy qui est une des plus anciennes?

    Réponse

Envoyer un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Dernières actus

Massilia Sound System fête ses 40 ans avec un concert gratuit sur le Vieux Port
En savoir plus
Un restaurant éphémère ouvre ses portes sur l'île Degaby
En savoir plus
Que faire à Marseille ce week-end ? (du 24 au 28 avril)
En savoir plus
ORANGE VELODROME : MEGA CONCERTS, LA LISTE S'ALLONGE !
En savoir plus
Le festival Marsatac est de retour pour une édition spéciale anniversaire
En savoir plus
L'OM inaugure un city stade à l'effigie de Jul
En savoir plus
CELEBRONS L'ESPRIT DES JEUX OLYMPIQUES LES 26 ET 27 AVRIL A MARSEILLE
En savoir plus
Que faire à Marseille ce week-end ? (du 17 au 21 avril)
En savoir plus