Les secrets du music-hall marseillais

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Vous avez sûrement déjà entendu parler du music-hall ! Peut-être même avez-vous rêvé de retourner à la Belle Epoque pour voir un de ces spectacles qui mêlaient chanteurs, danseurs, humoristes, artistes de cirques et magiciens ! Le music-hall était très populaire à une époque à Marseille ! Découvrez son histoire !

Qu’est-ce que le Music-hall ?

Le music-hall c’est avant tout un lieu de spectacle où se produisent des chanteurs, des artistes de cirques, des musiciens, des humoristes, des danseurs ou encore des acrobates. Ce genre de lieu se développe à Londres au XIXe siècle. Ces salles de spectacles accueillent un grand nombre de curieux issus de classes sociales différentes. Le music-hall finit par traverser la Manche pour s’installer à Paris pendant la Belle Epoque. Les spectacles de music-hall plaisent beaucoup aux parisiens et tout comme à Londres, les salles de music-hall se multiplient dans la capitale française et gagnent même les villes de province comme Marseille. Au fil du temps, le music-hall devient bien plus qu’une salle de spectacle, c’est un genre artistique à part entière qui se développe dans les grandes villes européennes.

Les prémices du music-hall marseillais : le café Vivaux

À l’origine du music-hall, il y avait le café chantant. Le café chantant c’est une salle de concert où le public paie en consommation pour avoir le plaisir d’écouter un artiste chanter. À Marseille, vers la fin des années 1840, les cafés chantants sont nombreux notamment autour du port. Ces cafés sont avant tout fréquentés par des matelots et des soldats en escale dans la cité phocéenne et originaires des 4 coins de l’Europe.

Le café chantant le plus célèbre de l’époque, c’est probablement le café Vivaux. Il se situait non loin de l’Hôtel de Ville, sur la place de Vivaux. À l’époque, c’est l’établissement le plus populaire à la fois pour les marins en escale et pour les Marseillais. De nombreux artistes s’y sont produits. On y venait pour rencontrer des mimes (dont le célèbre mime français Louis Rouffe), des ventriloques, des magiciens ou encore des équilibristes. De nombreux chanteurs s’y sont également produits. Les sœurs Noblet par exemple y font fait leur début avant d’ouvrir leur propre café dans la cité phocéenne puis de monter à Paris. D’autres cafés-concerts se sont ensuite développés à Marseille mais le café Vivaux était le premier à connaître un tel succès et à porter le nom de café-concert. Il devient donc le point de départ de l’histoire du music-hall Marseillais !

Le rayonnement de l’Alcazar

L’une des salles les plus renommées du music-hall marseillais, c’est la salle de l’Alcazar-Lyrique. L’Alcazar-Lyrique ouvre en octobre 1857. Son propriétaire, Etienne Demolins imagine une salle inspirée des décors mauresques de l’Alcazar. Il s’inspire notamment de l’Alhambra de Grenade pour décorer l’Alcazar. La salle pouvait accueillir jusqu’à 2000 spectateurs. Des tables y étaient installées pour que les spectateurs puissent suivre le spectacle en buvant et en fumant. Au-dessus de la salle, s’ajoutent plusieurs galeries. Au moment de son inauguration, la publicité qui a été faite sur cette salle était telle qu’elle n’eut aucun mal à se remplir dans les premiers temps de son ouverture au public.

Étienne Demolins mettait un point d’honneur à faire mieux que son concurrent, le Casino Musical ouvert 18 mois auparavant. Il a fait jouer son imagination pour constituer une troupe qui pouvait rivaliser avec celle du casino musical et a monté un orchestre de 35 musiciens. La notoriété de l’Alcazar rejoint très vite celle du Casino Musical. D’ailleurs, la plupart des artistes qui se produisent à Marseille s’engageaient alternativement auprès des deux théâtres.

Dans les années 1860, la réputation de l’Alcazar est au beau fixe. À l’époque, la salle reçoit des artistes locaux et des célébrités parisiennes. C’est d’ailleurs à ce moment-là que le public Marseillais acquiert la réputation d’être impitoyable. Devenus de plus en plus exigeants, les spectateurs de l’Alcazar avaient pris l’habitude de manifester leur approbation ou leur désapprobation de manière bruyante en jetant des projectiles sur la scène en plein spectacle ! Un comportement qui a dû décourager de nombreuses vedettes. Des années 1868 aux années 1890, l’Alcazar est un lieu important pour la pantomime, le spectacle de mime, à Marseille. Des spectacles de théâtre y sont également programmés.

Alors que l’Alcazar devient une salle incontournable pour le music-hall autant en France qu’à l’étranger, elle est victime d’un incendie en juin 1873. L’incident ne fait aucune victime mais la salle doit fermer ses portes pendant quelques mois le temps de sa rénovation.

Dans les années 1920, l’Alcazar n’est plus seulement une salle de spectacle. Le lieu accueille désormais une salle de cinéma. Dans les années 1930, alors que le cinéma représente la principale activité de l’Alcazar, l’opérette Marseillaise rayonne dans toute la France. De nombreuses représentations de ces spectacles qui mêlent comédie, chant et danse s’effectuent à l’Alcazar. Des vedettes marseillaises comme Vincent Scotto, Alibert et Sarvil y présentent leurs spectacles.

Des concours de chant y ont été organisés et ont notamment permis au public de découvrir de grandes vedettes comme Yves Montand ou Tino Rossi qui y firent leurs débuts. D’autres grands chanteurs comme Dalida, Johnny Hallyday ou encore Charles Aznavour se sont également produits à l’Alcazar.

La montée en puissance du cinéma au détriment du music-hall

A la fin des années 1920, le cinéma est en plein essor. Le public marseillais commence à se détourner des salles de music-hall. Des salles comme l’Alcazar subsistent quelques années en programmant des séances de cinéma dans leur établissement. Les salles qui ne le font pas ferment leurs portes tour à tour. C’est notamment le cas du Palais de Cristal qui, tout comme le Casino Musical, a été un grand concurrent de l’Alcazar.

Cette salle située au numéro 32 des allées de Meilhan depuis le 5 juin 1880 est l’un des plus grands lieux du music-hall à Marseille à partir de la fin du XIXe siècle. Pourtant, la salle ne résiste pas face à la popularité du cinéma. Elle ferme ses portes en 1927 pour devenir une salle de cinéma. Elle a tour à tour pris le nom de Colisée puis de Pathé-Palace. Aujourd’hui, les locaux de l’ancien Palais de Cristal abritent une faculté de droit.

Toutes les salles de music-hall finiront par fermer leurs portes dans les années 1950. Le cinéma ne cesse de s’améliorer, la radio et le gramophone (un appareil permettant de jouer un morceau enregistré sur un disque) se développent. De nouveaux établissements font concurrence aux salles de music-hall : les clubs de jazz, les cabarets de chanson etc. Les music-halls ferment leurs portes peu à peu à Marseille et dans toute la France, remplacés la plupart du temps par des cinémas. L’Alcazar lui-même fait faillite en avril 1964.

Certains music-halls qui ont gardé un attrait touristique n’ont heureusement pas été démolis. Leur architecture a été conservée et restaurée et le lieu s’est vu attribuer une autre fonction. C’est le cas de l’Alcazar. Il s’est temporairement transformé en magasin de meubles avant d’héberger les locaux de la bibliothèque municipale. Aujourd’hui, de l’ancienne salle de spectacle, il ne reste que l’entrée de l’établissement décorée dans un style Art Nouveau et surmontée d’une marquise classée aux Bâtiments de France.

Les vedettes du music-hall marseillais

Maintenant que vous connaissez l’histoire du music-hall marseillais, arrêtons-nous quelques instants sur ces artistes marseillais qui se sont illustrés dans le music-hall.

Gaby Deslys

Née à Marseille en novembre 1881, Gaby Deslys est souvent considérée comme la plus grande artiste du music-hall français ! Très jeune, Gaby Deslys s’est mis en tête de tenter sa chance dans le monde du spectacle. Pour elle, le théâtre était une façon de s’émanciper. Après avoir obtenu le deuxième prix de chant et le premier prix de solfège au Conservatoire de Marseille, elle monte à Paris pour tenter sa chance entraînée par Jean Samat, un jeune journaliste. Elle débute avec des petits rôles, suit des cours de danse et de chant avant d’obtenir de plus grands rôles dans des opérettes programmées à l’Olympia.

Elle se rend ensuite en Grande-Bretagne où elle accroît sa notoriété. Entre 1909 et 1910, la liaison qu’elle entretient avec le roi du Portugal Manuel II la rend encore plus populaire. Elle finit par s’imposer comme l’incarnation du charme Français auprès des publics européens mais aussi aux Etats-Unis. Après la guerre, comme beaucoup d’artistes de music-hall, Gaby Deslys se lance dans le cinéma.  Malheureusement, sa carrière s’arrête brusquement après la sortie de son deuxième film Le Dieu du hasard, d’Henri Pouctal en 1919. Gaby Deslys est victime d’une pleurésie qui lui coûte la vie. La villa Gaby, située au 299 de la Corniche Kennedy lui appartenait.

Portrait de Gaby Deslys par Henri Manuel.

Louis Foucard

Louis Foucard est un artiste de théâtre très apprécié du public marseillais. Il est né en novembre 1852 dans le quartier de la Plaine. Il commence des études de séminariste mais la mort brutale de son père l’oblige à chercher du travail. Dans les années 1870, il se laisse tenter par le théâtre et devient comédien. Ses débuts se font dans des comédies et des pastorales. Louis Foucard se fait remarquer grâce à son jeu d’acteur et finit par écrire ses propres pièces. Dans ses spectacles, il inclut des monologues, des chansonnettes, des fables avec morale ou encore des imitations. Il connaît un grand succès grâce à son imitation d’une poissonnière marseillaise qui a son mot à dire sur différents sujets comme la politique ou la vie sociale marseillaise. Le public marseillais est conquis par son humour.

Il se met à entreprendre des tournées nationales et se produit dans les cercles aristocratiques de Marseille. En novembre 1889, il devient directeur du théâtre Chave. Ses pièces comme Marseille au Cabanon, Une noce à San Janen ou encore Misé Miette au Japon ont du succès pendant plusieurs années. La popularité de Louis Foucard commence à décliner dans les années 1910 avec l’apparition du cinéma puisque les spectateurs ne sont plus au rendez-vous dans les salles de spectacles.

Vincent Scotto

Vincent Scotto est un auteur-compositeur marseillais très célèbre. On lui attribue l’écriture d’environ 4000 chansons, 200 musiques de films et une soixantaine d’opérettes. Ce Marseillais d’origine italienne avait pour habitude de chanter dans sa famille. Dans les familles originaires de Naples, il était très courant de chanter, notamment chez les femmes pendant qu’elles réalisaient les tâches domestiques. C’est probablement cette pratique qui a amené Vincent Scotto à faire de la musique et de la composition son métier.

Il commence par composer quelques chansons pour des artistes locaux. Malheureusement ses premiers travaux n’atteignent pas la postérité. En 1906, Vincent Scotto monte à Paris. Il commence à travailler avec de grands artistes comme Maurice Chevalier.  Dans les années 1930, la popularité de Vincent Scotto décolle enfin. Il s’illustre dans le domaine de l’opérette. D’ailleurs, il travaille sur plusieurs opérettes Marseillaises aux côtés du parolier René Sarvil.

Les chansons de ces opérettes ont la particularité de pouvoir être chantées en dehors du contexte de l’opérette pour laquelle elles ont été écrites ce qui accroît la popularité de Scotto. La plupart de ces opérettes Marseillaises ont été imaginées à Paris mais elles ont bien sûr été jouées devant le public marseillais à l’Alcazar. Dans les années 1930, Vincent Scotto compose des titres pour Tino Rossi ou Maurice Chevalier. Ami avec Marcel Pagnol, il a composé beaucoup de musiques pour les films du cinéaste.

Auteur de l'article :
Emma Antosik
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