La première pierre de la Préfecture des Bouches-du-Rhône est posée le 18 septembre 1862. Ce bâtiment luxueux demeure l’un des plus beaux édifices construit pendant le Second Empire en France. D’ailleurs, la préfecture des Bouches-du-Rhône figure au titre des Monuments Historiques depuis le 27 juillet 1979. Nous vous présentons son histoire !
Contexte de construction de la préfecture
Au XIXe siècle, le sénateur Charlemagne-Emile de Maupas informe Napoléon III de l’incompétence d’Olympe Besson le préfet actuellement en poste dans les Bouches-du-Rhône. À l’époque, la ville est en plein essor. Elle se doit d’avoir un préfet compétent qui ne nuira pas à sa progression. Lorsque Napoléon III se rend à Marseille en septembre 1860, il constate lui-même l’incompétence du préfet. Il décide alors de démettre Olympe Besson de ses fonctions et nomme Charlemagne-Émile de Maupas à la place. Il le charge alors d’une mission très importante : moderniser les infrastructures de la ville qu’il juge vieillissantes.
Aussitôt nommé, de Maupas décide alors la construction d’une nouvelle préfecture. Il souhaite remplacer la préfecture de l’époque située dans les bâtiments de l’Hôtel Roux de Corse (où se situe aujourd’hui le lycée Montgrand). Pour lui, la nouvelle préfecture doit être imposante et luxueuse afin de refléter le prestige de la condition de préfet.
Construction de la nouvelle préfecture des Bouches-du-Rhône
L’architecte départemental Auguste Martin est chargé de la construction de la préfecture des Bouches-du-Rhône. En novembre 1861, les terrains sont achetés et les immeubles qui s’y trouvaient rasés. La première pierre de l’édifice est posée le 18 septembre 1862. L’emplacement choisi se trouve sur le tracé des anciens remparts de la ville, construits à la demande de Louis XIV. Cela va d’ailleurs causer de nombreux problèmes à cause de l’instabilité du sol notamment au moment de la construction du parking souterrain. Il a fallu interrompre les travaux de creusement pour faire des injections en béton sur la façade principale du bâtiment qui était déstabilisée. À la suite de plusieurs différents entre le préfet de Maupas et l’architecte Auguste Martin, celui-ci finit par se retirer du projet en 1864. C’est l’architecte François-Joseph Nolau qui le remplace. Cet architecte avait une grande appétence pour les décors intérieurs.
Les travaux de construction de la nouvelle préfecture se terminent fin 1866. Petite anecdote : l’Empereur relève le préfet de Maupas de ses fonctions peu de temps avant la fin des travaux. Selon la version officielle, cette décision est encouragée par les problèmes de santé du préfet mais il semble que cela soit plutôt dû au fait que de Maupas dépensait trop. De Maupas ne s’installera à la Préfecture que pour un court laps de temps mais cela ne l’empêche pas de participer à l’inauguration de l’édifice qui a lieu le 1er janvier 1867.
L’architecture de la préfecture des Bouches-du-Rhône
L’architecture de la préfecture des Bouches-du-Rhône s’inspire largement du Palazzo Vecchio de Florence en Italie. Bâtie sur 7500 m2, la préfecture se présente sous la forme d’un parallélogramme de 90 mètres de longueur sur 80 mètres de profondeur. La façade principale donne sur la place de la Préfecture située dans le prolongement de la rue Saint-Ferréol.
A l’est, en bordure de la rue de Rome se trouve un jardin. L’entrée du public se situe à l’ouest du bâtiment sur la rue Edmond Rostand. Le bâtiment se compose de deux ailes et d’un pavillon central. L’espace est conçu comme une cité administrative. On trouve à l’intérieur des salles de réunion, des espaces de résidence pour le préfet, sa famille et ses collaborateurs. Richement décoré, l’intérieur de la préfecture reflète à la fois la puissance Napoléonienne et les envies démesurées du préfet de Maupas. D’ailleurs le mobilier et les objets d’art qui datent du Second Empire sont en cours de classement. La préfecture des Bouches-du-Rhône est l’un des plus beaux bâtiments conçus à l’époque. Notez que l’intérieur de la préfecture ouvre au public pendant les Journées Européennes du Patrimoine !
La Préfecture dans l’histoire
Plusieurs grands évènements importants pour l’histoire de Marseille se sont déroulés au sein de la Préfecture des Bouches-du-Rhône.
Les Révolutionnaires prennent d’assaut la Préfecture pendant la Commune de Marseille
En 1870, la Préfecture est le théâtre d’une révolte populaire. Le 7 août 1870, une foule de 40 000 personnes avec à sa tête Gaston Crémieux et Gustave Naquet (journaliste, poète et homme politique français) envahit la Préfecture. Ils y présentent le drapeau tricolore, futur emblème de la République sur lequel on peut lire : “la patrie est en danger, le peuple réclame les armes.” Cependant, les autorités dispersent vite la foule et le préfet refuse de rendre les armes. Le lendemain, les révolutionnaires prennent d’assaut l’Hôtel de Ville.
Le roi Alexandre Ier de Yougoslavie, victime d’un attentat décède dans le cabinet du Préfet
En 1934, le roi Alexandre Ier de Yougoslavie effectue un voyage officiel en France. En octobre, il arrive à Marseille. Alors qu’il vient de débarquer au Vieux-Port et qu’il est en train de remonter la Canebière en cortège automobile pour se diriger vers la Préfecture, le roi est victime d’un attentat. Il est tué par les tirs du nationaliste bulgare Vlado Tchernozemski. La fusillade entre le coupable et la police coûte la vie à Louis Barthou, ministre des Affaires étrangères, victime d’une balle perdue. Après l’attentat, les autorités transportent le roi non pas à l’hôpital mais à la préfecture. Le roi décède une heure plus tard dans un canapé du cabinet du Préfet. Vous pouvez d’ailleurs admirer un monument qui rend hommage au roi de Yougoslavie et à Louis Barthou à l’angle de la place de la Préfecture et de la rue de Rome.
La Préfecture est le lieu de réunion des forces alliées pendant la libération de Marseille en 1944
A la fin de l’Occupation de Marseille par les Allemands, les Alliés investissent la préfecture. Des combats entre les forces alliées et le régime nazi font rage dans la ville. La préfecture est bombardée par les Allemands. C’est ensuite depuis le balcon de la Préfecture que le général de Gaulle s’adresse à la foule une fois que Marseille est libérée le 15 septembre 1944.