L’histoire de la Samaritaine

DécouverteHistoire L’histoire de la Samaritaine

Vous avez sûrement déjà entendu parler de la Samaritaine ! Cette brasserie située sur le Vieux-Port à l’angle de la rue de la République attire le regard à cause de l’architecture atypique de son bâtiment en demi-cercle. La Samaritaine est une des plus anciennes brasseries de Marseille encore en activité. Nous vous proposons aujourd’hui de découvrir son histoire.

D’où vient le nom de la Samaritaine ?

Le terme « samaritaine » fait référence à un personnage de la Bible, une samaritaine une femme originaire de la région de Samarie qui rencontre Jésus près d’une source d’eau et qui accepte de lui donner de l’eau alors même que son peuple, les samaritains, rejettent les Juifs. C’est de cette histoire que vient d’ailleurs l’expression « être un bon samaritain ». La Samaritaine est ainsi nommée car à coté de son emplacement actuel se trouvait une petite rue, où se trouvait une fontaine représentant la Samaritaine. Cette petite rue ainsi que la fontaine ont été détruites avec le percement de la rue Impériale.

Les débuts de la Samaritaine

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, la Samaritaine n’a pas toujours été une brasserie ! Au départ, c’est un grand magasin de lingerie. Ce magasin est créé en 1860 à l’époque d’une grande phase de travaux dans le centre-ville Marseillais. En effet, dès 1840, Marseille obtient différentes aides financières venant de Napoléon III, d’un banquier parisien nommé Pereire ou encore de différents hommes d’affaires Marseillais. La ville décide notamment de créer une très grande artère pour relier le Vieux-Port et le centre-ville historique directement au nouveau port de la Joliette qui est en plein développement à cette époque. Cette rue, c’est la rue Impériale que l’on connaît aujourd’hui sous le nom de “rue de la République” ! Les travaux sont très importants. Pour percer la rue Impériale, il a fallu creuser dans la colline, détruire 935 maisons et supprimer partiellement ou totalement pas moins de 61 rues ! La rue Impériale est inaugurée en 1864. Elle est dotée de part et d’autre de beaux immeubles de style haussmannien et de nombreux magasins y sont installés dont un grand magasin de lingerie : la Samaritaine. 

Le magasin de la Samaritaine inauguré à Marseille n’a rien à voir avec la Samaritaine de Paris qui est aussi un magasin de lingerie ! Les deux magasins portent le même nom mais sont tous les deux indépendants.  Le magasin de lingerie reste ouvert pendant plusieurs années. Cependant, une crise financière s’abat sur l’Europe au début du XXe siècle, la Samaritaine connaît alors des difficultés financières et le magasin est contraint de fermer.

La devanture de la Samaritaine à l’époque du magasin de lingerie. Crédit photo : Facebook Vieux Marseille

La transformation de la Samaritaine en brasserie : une affaire de famille !

La Samaritaine n’a pourtant pas dit son dernier mot et renaît de ses cendres une première fois grâce au rachat des actions du magasin de lingerie par 3 associés en 1910. Ces trois associés possèdent déjà de nombreux cafés à Marseille et décident de transformer le grand magasin en brasserie tout en conservant son nom initial. Parmi ces trois associés se trouve Monsieur Zutta, un italien originaire de la région du Piémont et arrivé à Marseille à l’âge de 16 ans pour trouver du travail et fuir la misère dont est victime l’Italie. Il exerce de nombreux petits boulots : porter des sacs de farine dans les minoteries, docker sur le port, employé dans les huileries de la ville avant d’investir ses économies dans des cafés dans le modeste quartier de Menpenti où sont installés les immigrés italiens. Cela lui permet de racheter la Samaritaine en 1910 avec deux associés. Il en deviendra le seul propriétaire à partir de 1927.

La Samaritaine est ensuite devenue une affaire familiale. Monsieur Zutta y travaille d’abord avec sa femme et sa belle soeur. C’est ensuite son fils, Pierre Zutta, qui prend sa suite à la tête de la brasserie. Celui-ci s’est notamment illustré dans l’action syndicale en tant que président des cafetiers Marseillais. Il a notamment lutté aux côtés de Paul Ricard pour que la vente de pastis soit de nouveau autorisée après la Seconde Guerre Mondiale. Le commerce du pastis avait été interdit sous le régime de Vichy et l’interdiction avait été maintenue après la guerre. Les deux hommes finissent par obtenir gain de cause en 1951. Lorsque Pierre Zutta décède en 1961, c’est son fils Ernest Zutta, âgé de 18 ans, qui reprend la brasserie. Lui aussi très actif dans l’action syndicale, il organise de nombreux évènements dans sa brasserie : des cafés littéraires, des cafés philo, des expositions de peinture… et contribue à faire de la Samaritaine un lieu de passage pour de nombreux artistes.

Crédit photo : Facebook de la Samaritaine

Le lieu de rendez-vous des armateurs Marseillais

Dans la première moitié du XXe siècle, la Samaritaine est LE lieu de rencontre incontournable des différentes compagnies maritimes qui s’installent et prospèrent dans le quartier du Vieux-Port. La compagnie Charles le Borgne, la compagnie Paquet, la compagnie Freyssinet… sont toutes installées autour de la Samaritaine. Leur employés fréquentent régulièrement la brasserie qu’ils soient capitaines, armateurs ou de simples marins et se côtoient à la table de l’établissement et contribuent à faire sa renommée à travers la ville. 

Les grandes compagnies maritimes ont malheureusement toutes disparu à partir des années 1960 mais la Samaritaine continue d’être un lieu de rencontre, d’échange et conserve sa tradition de “melting pot” Marseillais. Après la disparition des grandes compagnies maritimes, ce sont les représentants des autres grandes activités économiques de Marseille qui s’y retrouvent : les hommes d’affaires, les représentants de la chambre de commerce ou encore les élus municipaux apprécient de se rendre à la Samaritaine.

La Samaritaine pendant la Seconde Guerre Mondiale

La Samaritaine aurait pourtant pu disparaître au moment de la Seconde Guerre Mondiale. Depuis novembre 1942, Marseille est occupée par les Allemands. Les oppositions sont fortes entre les résistants Marseillais qui sont nombreux à avoir élu domicile au Panier et les Allemands. Une partie du quartier situé derrière la rive du Vieux-Port sera d’ailleurs dynamitée par les Allemands en février 1943. La Samaritaine reste en place. Depuis la basilique Notre-Dame de la Garde, les soldats du IIIe Reich bombardent régulièrement le Vieux-Port. Un jour de l’année 1945, un obus éclate à quelques mètres de la Samaritaine, au numéro 4 du Quai du Port. Un grand incendie éclate et se propage rapidement dans la brasserie qui est entièrement détruite. La Samaritaine reste fermée pendant plus de deux ans le temps de sa reconstruction mais rouvre en 1948. Après avoir survécu à la crise, l’établissement est sauvé une deuxième fois. Même la guerre et les soldats Allemands ne sont pas parvenus à la mettre à terre.

La Samaritaine aujourd’hui 

La Samaritaine est encore aujourd’hui un lieu de rencontre qui témoigne du cosmopolitisme de la ville. Les Marseillais de toutes les origines et de toutes les classes sociales s’y rendent pour boire un verre ou un café en terrasse. C’est également un lieu de passage pour de nombreux touristes. Il faut dire que sa situation privilégiée sur le Vieux-Port et sa vue sur Notre-Dame de la Garde y sont certainement pour quelque chose ! 

La Samaritaine est ouverte tous les jours (sauf le 25 décembre). Il est possible d’y boire un verre ou bien de s’y restaurer. À la carte de la brasserie figurent notamment trois plats typiquement Marseillais : la bouillabaisse, le loup en croûte de sel et la sôcisse de Marseille !

Crédit photo : Facebook de la Samaritaine
Auteur de l'article :
Emma Antosik
Copyright 2022 Tarpin bien
Attention ! Les commentaires ne sont pas forcément vus par les établissements et événements. Si vous souhaitez réserver ou acheter des billets, faite le directement via les liens proposés ci-dessus ou en contactant l'établissement. Les commentaires sont publics, par conséquent n'écrivez pas de coordonnées personnelles (téléphone, mail, adresse ...).

Envoyer un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Dernières actus

Que faire à Marseille le week-end de Pâques? (du 27 au 01 avril)
En savoir plus
Le Cours Julien élu dans le top 10 des quartiers "les plus cool du monde"
En savoir plus
Salon de la rénovation énergétique vendredi 23 mars : Hôtel du Département Marseille
En savoir plus
Guide Michelin 2024 Marseille Provence
En savoir plus
Que faire à Marseille ce week-end ? (du 20 au 24 mars)
En savoir plus
Tous mobilisés pour nettoyer la région Sud !
En savoir plus
La fascinante histoire du Savon de Marseille
En savoir plus
Que faire à Marseille ce week-end ? (du 13 au 17 mars)
En savoir plus