L’histoire de Marseille est incroyablement riche et de nombreux évènements ont contribué à façonner le paysage, l’image et le fonctionnement de la ville que nous connaissons aujourd’hui. Nous avons décidé de revenir sur 10 de ces grands évènements. Malheureusement, pour éviter de vous pondre un article aux allures d’encyclopédie il a fallu faire un choix et laisser de côté les grands évènements de l’histoire Antique et du Moyen-Age. Cet article sera également divisé en deux parties afin d’éviter de vous perdre en route à cause de sa longueur.
1/ La mainmise de Louis XIV sur Marseille et l’extension de la ville
Les années 1650 voient naître à Marseille un certain nombre de frondes et de rebellions contre le gouvernement et l’autorité royale. Or, pour Louis XIV, l’activité portuaire de Marseille est importante. Il est conscient que Marseille peut rapporter beaucoup au Royaume de France. Le roi décide donc de supprimer les envies ardentes de rébellion des Marseillais. Au début de l’année 1660, 6000 soldats occupent la ville. Marseille finit désarmée et contrôlée. La ville doit se soumettre à l’autorité royale. Une fois la ville contrôlée Louis XIV entreprend une vaste politique d’urbanisme.
Il souhaite conserver la mainmise qu’il vient de récupérer sur la ville. Le 2 mars 1660, Louis XIV se rend pour 5 jours à Marseille avec la ferme intention de supprimer une bonne fois pour toutes l’esprit de rébellion des Marseillais. Il commence par réformer les institutions municipales et place des représentants du commerce à la tête de la ville. Le roi projette également d’établir un nouveau plan d’urbanisme pour la ville.
Il fait notamment construire la citadelle du fort Saint-Nicolas qui fait face au fort Saint-Jean au-dessus de la rive droite du Vieux-Port. Avec la construction de ce fort il y avait bien entendu une volonté de surveiller l’entrée du port mais surtout de surveiller les Marseillais et de supprimer toute rebéllion potentielle.
Dans la même optique, Louis XIV fait construire des murailles tout autour de la ville. Elles permettent ainsi aux autorités de surveiller l’entièreté de la Ville de Marseille. Avec la construction de ces remparts, Louis XIV souhaite également supprimer les anciennes murailles qui date du XIe siècle et à l’intérieur desquelles la ville commence à étouffer. La superficie de la ville passe de 60 à 195 hectares grâce aux nouveaux remparts. ! Le roi réalise ainsi la plus vaste opération d’urbanisme en Provence de l’époque ! C’est ainsi que Marseille se rattache au Royaume de France et cesse d’être un territoire plus ou moins indépendant.
2/ L’arrivée du Grand Saint-Antoine à Marseille et le développement de l’épidémie de Peste
En mai 1720, le navire de commerce du Grand Saint-Antoine arrive à Marseille. Il est en provenance de la Syrie, pays où sévissait la Peste. Sa cargaison se compose notamment d’étoffes de soie et de balles de coton destinées à la vente pour la foire de Beaucaire. A l’époque, les conditions d’accès au port pour les bateaux sont assez strictes. Tous les navires du Proche-Orient qui arrivent en France doivent se procurer une patente “nette”. C’est un certificat stipulant qu’il n’y a aucun risque de contagion. Lors de son voyage Le Grand Saint-Antoine ne récupère que des patentes nettes. Pourtant, son équipage est en proie à une fièvre maligne qui fait neuf décès à bord.
Arrivé à Marseille, le navire est placé en quarantaine à l’île de Pomègues pendant que le capitaine se rend au bureau de santé pour présenter ses patentes. Les marchandises sont entre temps déchargées aux infirmeries du Lazaret d’Arenc. Pour les autorités, la Peste, c’est de l’histoire ancienne. Les mesures sont encore en vigueur mais plus personne ne se sent réellement en danger. Malheureusement, les étoffes des cargaisons du navire sont porteuses de la Yersina Pestis, la bactérie de la Peste.
L’arrivée du Grand Saint-Antoine à Marseille entraîne donc le développement de la deuxième grande épidémie de Peste en France. La Peste ne met pas longtemps à se propager dans la Ville de Marseille. Les médecins diagnostiquent les premiers cas de Peste à la fin du mois de juin. Dans le mois qui suit, l’épidémie gagne tous les quartiers de la ville. La population Marseillaise est complètement décimée. Entre 30 000 et 40 000 cas de Peste sont recensés sur 80 000 à 90 000 habitants. Bien entendu, la Peste n’a pas tardé à gagner la Provence. Elle y fait entre 90 000 et 120 000 victimes sur 400 000 habitants.
La perte de population se compense très rapidement (en trois ou quatres ans seulement) grâce à un boom des naissances et des mariages. En revanche, l’économie de Marseille est durement touchée par l’épidémie. La maladie a entraîné la fermeture du port de Marseille pendant 30 mois. Or, le commerce maritime est l’une des plus grandes sources de revenus de la ville à l’époque. L’épidémie de Peste donne lieu à de nombreuses représentations artistiques (dans la peinture, dans la littérature, en sculpture etc.). C’est un évènement toujours présent aujourd’hui dans la mémoire collective des Marseillais.
3/ La Garde Nationale de Marseille chante les paroles de La Marseillaise pendant la Révolution
La Marseillaise est une chanson composée à Strasbourg par le poète jurassien Rouget de Lisle. Celui-ci écrit les paroles du futur hymne national dans la nuit du 25 au 26 avril 1792. Initialement, ce chant est baptisé Chant de guerre pour l’armée du Rhin. Toutefois, ce sont les soldats Marseillais qui vont populariser ce chant. A l’époque la France est en pleine Révolution. Les chants patriotiques sont scandés à tue-tête. Ils sont des instruments de propagande, de réconfort et de révolte essentiels pour les insurgés et les troupes armées.
Des volontaires de la garde nationale de Marseille alors en route pour aller aider les révolutionnaires parisiens récupèrent le chant. Dans toutes les régions par lesquelles ils sont passés pour se rendre à Paris, les soldats n’ont cessé de scander en chœur les paroles de La Marseillaise. Tant et si bien que même dans les villages les plus reculés des campagnes françaises, la ferveur des soldats Marseillais a provoqué un sentiment de patriotisme et de civisme chez les habitants.
Le 30 juillet 1792, les soldats Marseillais entrent dans Paris. Ils scandent toujours ce chant qu’ils ont rebaptisé Chant de guerre des armées aux frontières. Les Parisiens entendent ce chant pour la première fois. Ils l’ont donc immédiatement associé à Marseille et l’évoquent en parlant d’hymne des Marseillais.
Le 10 août 1792 les soldats Parisiens et Marseillais s’unissent pour faire tomber les Tuileries. Toutes les régions de France, connaissent désormais ce chant. C’est un véritable hymne à la Liberté qui appelle au combat contre la tyrannie des monarques et l’esclavage. C’est donc tout naturellement que La Marseillaise devient l’hymne national par un décret le 14 juillet 1795. Grâce à la ferveur des soldats Marseillais de la Révolution, la mémoire collective de tous les Français associe désormais l’hymne National français à Marseille ! D’ailleurs, vous pouvez visiter un mémorial dédié à la Marseillaise et à son histoire dans le quartier de Belsunce.
4/ La construction du port de la Joliette et le réaménagement du centre-ville
Le XIXe siècle est une période de prospérité et d’expansion pour Marseille. La ville développe son commerce maritime. Or, la calanque du Lacydon où se trouve le Vieux-Port ne suffit plus pour accueillir les bateaux qui arrivent en provenance du monde entier. Le Vieux-Port surchargé peine à accueillir correctement les navires qui sont de plus en plus gros. Le port ne dispose pas des infrastructures nécessaires au chargement, au déchargement et au stockage des marchandises. En 1844, la municipalité de Marseille décide de la création d’un nouveau bassin à côté de la Major.
Ce bassin de 20 hectares a été construit sur une surface gagnée sur la mer. Il ouvre en 1853. La création de ce bassin marque le début d’une période de grands travaux pour doter Marseille d’un véritable port de commerce. Plusieurs bassins portuaires se construisent jusque dans les années 1880 : les bassins du Lazaret, d’Arenc, de Napoléon (futur bassin de la gare maritime) et le bassin Impérial (futur bassin National). La digue du large, une digue de 7 kilomètres de long protège le port.
Le développement du port entraîne également de nombreux changements dans le paysage urbain Marseillais. Maintenant que le port est sur pied, la ville doit se doter de plusieurs infrastructures nécessaires au bon transit des marchandises. Il devient primordial de construire un lieu de stockage pour les marchandises. C’est pour cette raison qu’en octobre 1856, l’Etat cède à la ville de Marseille un terrain de plus de 10 hectares. Sur ce terrain se trouvait jadis l’ancien Lazaret fermé depuis 1849. C’est sur ce terrain que doivent voir le jour les futurs Docks de Marseille. C’est également à cette période qu’est innagurée la gare Saint-Charles.
La construction du port entraîne également une réorganisation complète du centre-ville avec le percement de la rue Impériale (future rue de la République). Elle se construit sur décision de la Ville et sous l’impulsion de Napoléon III pour relier le Vieux-Port et le centre-ville historique de Marseille au nouveau port de la Joliette. Pour percer cette avenue de plus d’un kilomètre de long, il a fallu détruire de nombreux immeubles et des rues du vieux-centre de la ville. Les travaux ont duré plus de deux ans. L’inauguration a lieu le 18 août 1864. La rue Impériale transforme considérablement la dynamique du centre-ville. C’est désormais par cette rue que transitent ouvriers, marins et voyageurs qui se rendent au port de la Joliette.
Notez que la rue Impériale n’est pas la seule action de Napoléon III à Marseille qui a beaucoup oeuvré pour le développement de la ville et a entraîné la construction d’établissements prestigieux comme le Palais du Pharo ou le Palais de la Bourse.
5/ L’inauguration du canal de Marseille et l’arrivée de l’eau potable
C’est l’architecte Franz Mayor de Montricher qui se charge de la construction du canal à partir de 1838. Il faudra une quinzaine d’années de travaux pour construire ce canal de 87 kilomètres et nécessitant la construction de plusieurs aqueducs dont le plus impressionnant est probablement l’aqueduc de Roquefavour qui mesure 400 mètres de long et 83 mètres de haut. Le canal de Marseille prend sa source à Saint-Estève de Janson et charrie l’eau de la Durance jusqu’à Marseille avant de se jeter dans la mer près du Mont Rose dans le massif des calanques.
Avant la construction du canal, la ville de Marseille n’est pas correctement approvisionnée en eau. Par conséquent, de nombreuses épidémies se développent dans la ville (notamment des épidémies de choléra). De plus, la mauvaise irrigation du territoire rendait la culture agricole très difficile. Pendant les périodes de canicule, l’eau se faisait très rare. C’est la raison pour laquelle le maire de l’époque, Maximin-Dominique Consolat suggère la construction du canal de Marseille. C’est ce canal qui permet l’arrivée de l’eau potable à Marseille. En 1869, pour la première fois, tous les quartiers de la ville disposent de l’eau potable.
Le canal de Marseille a permis le développement de l’agriculture et des jardins autour de Marseille. Les cultures sèches comme les vignes que l’on cultivait avant sont rapidement remplacées par des cultures maraîchères et des prairies. Les quartiers de Marseille se spécialisent peu à peu dans un type de culture : les légumes verts aux Caillols et à la Valentine, les primeurs à Saint-Giniez, Bonneveine ou encore Montredon. Les prairies se développent à Saint-Marcel, la Rose et Sainte-Marthe. Elles permettent d’accroître la production de fourrage et ainsi de favoriser l’élevage bovin et la production de lait. Grâce au canal de Marseille, la ville peut, plus aisément vivre de ses propres ressources et devient un territoire agricole important. En quelques années, le canal de Marseille permet d’alimenter une centaine d’usines, 400 fontaines publiques et 2000 bouches d’arrosage. La ville voit sa population tripler suite à la mise en service du canal !
L’arrivée de l’eau à Marseille perçue comme une bénédiction est célébrée par la construction du Palais Longchamp et de sa fontaine monumentale symbole de la fertilité retrouvée de la ville !
J’en apprend tout les jours sur ma ville Marseille. Merci
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super article